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Assises: "Les diaboliques de l’Auberge Rouge"


Assises: "Les diaboliques de l’Auberge Rouge"
Lors des prochaines assises du tribunal de Papeete, l’affaire dite « des diaboliques» va enfin être jugée. Ainsi du 4 au 15 juin, c’est une famille entière qui se tiendra à la barre, accusée du meurtre de deux retraités, un en mars 2008 et l’autre en avril 2009. Retour sur les faits.

C’est en avril 2009 que débute l’affaire. A la suite d’un incendie dans un appartement à Punaauia, les autorités découvrent le corps de Maurice Meheut, 77 ans, la tête fracassée par de multiples coups. Le compte en banque de la victime a été vidé. Suspectées suite à l’enquête diligentée par la gendarmerie de Papeete, les sœurs Romana et Meherio Aurentz et leur amie Vaiata Zahn sont interpellées, une semaine après la découverte du corps. Maurice Méheut les avait connues alors qu’il résidait dans une pension de Famille à Vairao, tenue par les parents Aurentz.

C’est en continuant leurs investigations que les gendarmes vont s’interroger sur de possibles victimes supplémentaires. C’est ainsi que le cas du colonel Gérard Legris attire leur attention, ses économies ayant également disparu. Décédé le 4 mars 2008, ami proche de Maurice Méheut, il résidait également dans la pension de famille. Son corps est exhumé en janvier 2010 afin de réaliser une autopsie qui révèlera une forte présence de médicaments et de neuroleptiques confirmant alors le meurtre. L’une des jeunes femmes avouera d’ailleurs par la suite avoir étouffé le vieil homme avec un oreiller.

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La famille de Gérard Legris avait interpellé les autorités à la mort de ce dernier. Trois mois après le décès de son père, Jean-Marc Legris avait été étonné d’apprendre que les comptes de son père avaient été vidés. « Ayant fait des recherches auprès des banques, nous avons découvert que les comptes avaient été vidés en moins d'un an. Et comme par hasard, c'est au moment où il n'y avait plus rien à prendre que notre Père nous quittait......! » Explique-t-il à Tahiti-Infos.

Deux retraits ont même été réalisés après la mort de son père. Dès lors, aucun doute ne subsiste pour Jean-Marc Legris, son père a bien été assassiné. Il décide donc d’agir et porte plainte pour "abus de faiblesse et spoliation contre X" auprès de la gendarmerie et du procureur de la République. Il fait part de ses soupçons. Il faudra attendre le second meurtre pour que l’affaire soit prise au sérieux, au grand désespoir de la famille Legris qui durant un an s’est sentie abandonnée par la justice.

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Jean-Marc Legris, qui réside actuellement en métropole, a raconté l’histoire de son père et les derniers instants qu’il a vécu à Tahiti-Infos, selon des éléments qu’il lui a été possible de recueillir :

Le Colonel Gérard Legris est né le 06 mai 1921 à Montauban, dans le Tarn et Garonne. Cet officier de l'air, cadre navigant, a fait ses classes au Prytanée Militaire (La Flèche-Valence), puis à l’Ecole Spéciale Militaire de SAINT-CYR Aix en Provence (Promotion Charles de Foucauld 1941-1942) . Il a été élève Officier de l'Ecole de l'Air (Salon de Provence) de 1945 à 1946. Il a participé à la seconde guerre mondiale, à la guerre d’Indochine et à la guerre d’Algérie.

Lors de sa carrière militaire il aura reçu de nombreuses décorations : Commandeur de l'Ordre National du Mérite, Officier de la Légion d'Honneur ,Croix de guerre avec palmes et étoile d'argent des TOE (Théâtre d'Opérations Extérieures) , Croix de la Valeur militaire avec étoiles de bronze et de vermeil, Croix du Combattant, Médaille d'Outre mer et des Médailles commémoratives (2ème Guerre mondiale - Indochine - Algérie).

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Une fois à la retraite, il a vécut plus de 30 ans dans le Pacifique. Il a choisit au départ le Vanuatu (ex Nouvelles-Hébrides), puis a finalement décidé de s'installer à Tahiti qu'il adoptera définitivement. Il retournait tous les ans en métropole pour voir sa famille et y passer les vacances. Malgré la distance il a maintenu des liens très étroits, indéfectibles et faits de grande complicité avec ses deux fils, et cela jusqu'à la fin. Il n'a jamais eu de chez lui et préférait vivre libre, donc il logeait dans divers hôtels.

Ayant l'habitude d'aller visiter, à Vairao, dans une pension tenue par toute une famille, un de ses vieux amis, Marc BASTARD, il se dit que cela serait une bonne idée de s'y installer, trouvant toute cette famille fort sympathique et très dévouée. Il a déménagé ses affaires vers la pension en Juillet 2006. Un peu moins d’un an plus tard, en février 2007, les choses ont pris un autre tour. Ainsi selon Jean-Marc Legris, c’est à cette période qu’on aurait commencé à lui faire ingurgiter des médicaments sans qu'il ne s'en rende compte, pour l'affaiblir.

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Dès la fin Février 2007, une des auxiliaires de la pension se serait présentée à la banque en l'absence du colonel et sans qu'il ne le sache, avec une carte d'identité périmée lui appartenant. Pourtant le colonel avait en sa possession une nouvelle carte à jour puisque l'ancienne avait curieusement été dérobée et fait l'objet d'une plainte quelque temps plus tôt. L’auxiliaire aurait réussi à ouvrir un compte et obtenir une procuration ainsi qu'une carte de retrait d'espèces, que les filles auraient utilisé à tour de rôle jusqu'à plusieurs fois par jour, et ce pendant un an!. Elles vont ainsi mener grand train entre l'ouverture d'un magasin de vêtements, l'achat de deux grosses berlines et des voyages aux Etats-Unis.

« Notre Père n'ayant rien remarqué, ses relevés étant falsifiés, il aurait fini par constater quelques anomalies », explique Jean-Marc Legris. La veille de sa mort il en aurait parlé à un de ses amis, un Amiral à la retraite vivant dans le coin, lui disant vouloir savoir de quoi il retournait et qu'il faudrait vérifier auprès de sa banque. « Malheureusement pour lui, cela se serait passé en présence de son auxiliaire de vie qui se serait alors proposée de s'y rendre pour lui » ajoute- Jean-Marc Legris et de rajouter « En plus d'avoir crevé les pneus de sa voiture, on lui aurait fait ingurgiter le soir même une quantité anormalement importante d'un cocktail potentiellement létal de médicaments. Et dans cette même nuit du 03 au 04 mars 2008, les 2 sœurs et une de leurs amies auraient été vues habillées de noir et cagoulées. Elles auraient dit à ces personnes, qui s'étonnaient de leurs tenues, qu'elles allaient juste faire peur à Mr.Legris »

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C’est donc le lendemain que le corps sans vie du colonel Legris sera découvert. Le médecin ayant conclu à une mort naturelle, l'enterrement a eu lieu deux jours plus tard. « Il faut savoir que, présentes lors de l'inhumation de notre Père, elles auraient proposé leurs services à d'autres retraités amis de notre Père, en disant que maintenant, il y avait une chambre de libre, l'un d'entre eux étant aussi un ancien combattant amputé d'un bras et d'une jambe , et qui a combattu en Indochine dans le même avion que notre Père!. Heureusement pour lui, il a décliné l'invitation, mais Maurice Méheut se serait quant à lui fait piéger, et un an va s'écouler sans que cette famille ne soit inquiétée, malgré notre plainte et les preuves de la spoliation que nous avons fourni dès le début! » S’indigne Jean-Marc Legris

Cette famille meurtrie attend avec impatience ce procès qui lui permettra de faire toute la lumière sur la mort de son père et de pouvoir enfin faire leur deuil, plus de quatre ans après.

le Mardi 29 Mai 2012 à 11:18 | Lu 3813 fois