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​Un syndicat pour le chanvre au fenua


De gauche à droite : Jeffrey Matohi vice président pour les Marquises, Edouard Legeay secrétaire adjoint, Philipe Cathelain-Tauotaha président du Syndicat polynésien du chanvre
De gauche à droite : Jeffrey Matohi vice président pour les Marquises, Edouard Legeay secrétaire adjoint, Philipe Cathelain-Tauotaha président du Syndicat polynésien du chanvre
Tahiti le 06 janvier 2022 –  Officialisé le 31 décembre, le Syndicat polynésien du chanvre veut mettre en place un cadre juridique pour légaliser la plante et ses dérivés, mais également développer la filière pour pouvoir exporter ce produit local qui a "une bonne réputation". "Ce syndicat est bénéfique, car il va structurer la filière et va promouvoir le développement de cette filière", affirme le président du syndicat Philippe Cathelain-Tauotaha.
 
Une toute nouvelle association a vu le jour le 31 décembre dernier, sous l'appellation de Syndicat polynésien du chanvre. Comme son nom l'indique, l'association s'occupera de mettre en place un cadre juridique afin de développer la filière du chanvre au fenua. Pour y arriver, elle travaillera avec les pouvoirs publics et la justice pour que le chanvre, ainsi que les produits qui en découlent, deviennent légaux. Le Syndicat du chanvre a décidé de rassembler et de travailler "avec tous les acteurs et les porteurs de projets économiques et sociaux" tels que les artisans, agriculteurs, apiculteurs ou encore commerçants, indique Philippe Cathelain-Tauotaha.
 
La création de cette association fait suite à une demande de plus en plus grandissante des acteurs locaux et s'inscrit également "dans la continuité des actions officielles du Pays" tel que le Cap 2025 où le cannabis faisait partie du plan de relance du Pays, ou encore le courrier du président Édouard Fritch envoyé au président de la République pour "ouvrir la possibilité de la culture de cannabis à usage thérapeutique" au fenua.

​Une réforme dans six mois

"Il y a un travail à faire au niveau de nos textes (…) ils sont obsolètes", regrette le président du Syndicat polynésien du chanvre. Il souligne d'ailleurs que les "textes sont en cours de réforme et devrait aboutir dans les six mois à venir". C'est une des raisons pour lesquelles ce syndicat a été créé pour "accompagner le Pays dans ce projet de réforme", explique Philippe Cathelain-Tauotaha. "On n'a pas encore connaissance de ce qui va se passer, mais on peut déjà se baser sur ce qui se passe en France". Il affirme que dans trois mois, ils iront rencontrer le ministre de la Santé pour faire un point notamment sur la légalisation : "Ce sera encadré, à mon avis ce sera sous le contrôle du Pays. Si on suit les conventions internationales, le Pays devrait créer un organisme de contrôle rattaché au ministère de la Santé. Cet organisme public sera chargé de définir les besoins de production pour le Pays ou encore la gestion de la production". Le président du syndicat Polynésien du chanvre propose d'ailleurs que cela soit fait sous forme d'appel d'offres. "Les gros comme les petits producteurs pourront se présenter. On peut imaginer par exemple des coopératives communales par île (…). Je suis favorable à un marché ouvert pour tous".

​"Défendre les Polynésiens et la filière polynésienne"

Le discours du président de l'association est clair "l'exportation est l'objectif du syndicat". Il affirme ne pas juste vouloir "une légalisation pour le marché local. Cela ne sera pas bénéfique à la population. Alors que si on ouvre l'exportation, (…) le Pays va gagner et la population aussi". Mais pour Philippe Cathelain-Tauotaha, la "colonne vertébrale" du syndicat, "c'est de défendre les Polynésiens et la filière polynésienne. On va rester prudent sur les investissements étrangers. On connait la plus-value que cela a généré en Amérique, autant se réserver cette marge pour la richesse de notre Pays". Mais il est conscient que "on n'a pas le pouvoir d'interdire l'implantation d'une société américaine. Mais si elle vient ici pour dominer le marché local, là on ne sera pas d'accord". Surtout que le cannabis de la Polynésie a selon lui "une bonne réputation" et pour la garder, "nous allons défendre un protocole de culture qui soit le plus bio possible et pas énergivore non plus".
 
Le Syndicat Polynésien du chanvre va lui se concentrer sur les actions économiques et des relations avec les porteurs de projet. Les privés et les particuliers n'ont pas été oubliés. "Ils seront orientés vers l'association Tahiti Herb Culture qui est en phase de créer un Cannabis social club", indique le président du syndicat.
 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Jeudi 6 Janvier 2022 à 18:00 | Lu 3488 fois