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​Un soutien, peu importe l’odeur


Tahiti le 5 juin 2024. Conférence de presse hier des représentants du Tavini tout juste rentrés de Bakou en Azerbaïdjan.
 

Satisfaits de leurs rencontres multiples et variées, dont on ne saura d’ailleurs rien au bout d’une heure de micros tendus, les indépendantistes ont tenu à endosser les habits des trois singes, Mizaru, Kikazaru et Iwazaru, ceux de la sagesse qui servent à se protéger des influences néfastes, et cultiver son soi intérieur. La déclinaison présentée hier, et pratiquée en Azerbaïdjan, relevait pourtant plus de l’aveuglement délibéré : On se bouche les oreilles, on ferme les yeux, on met sa main devant sa bouche, et tout ira bien, pourvu que cela serve les intérêts du parti.

C’est d’ailleurs ainsi que le secrétaire général du Tavini a présenté les choses. « Il (le gouvernement d’Azerbaïdjan déguisé en ONG) nous tend la main, prêt à aider pour que notre pays accède à l’indépendance », expliquait Vito Maamaatuaiahutapu. « Ce n’est pas nous qui les soutenons, c’est eux qui nous soutiennent (…) Nous sommes conscients de ce qu’il se passe dans le monde, mais nous avons besoin de leur soutien. »

Quant à la mise en place de mesures liberticides contre les médias et la communauté homosexuelle, la guerre déclarée contre l’Arménie et les quasi 200 opposants politiques enfermés, ça ne semble pas déranger les indépendantistes en quête de soutien à l’ONU dans leur démarche.

​Opportunisme et marionnette

Le Tavini a en effet entamé des discussions poussées avec une ONG, Groupe Initiative Bakou, opportunément créée par le gouvernement d’Azerbaïdjan au lendemain des déclarations de la France, condamnant le régime de Ilham Aliyev et son annexion du Haut-Karabakh, province arménienne.

Ce GIB, qu’Ilham Aliyev avouait lui-même avoir créé dans une interview publiée sur X (twitter, ndr) le 4 avril dernier, se concentre exclusivement sur les indépendantistes kanaks, corses, guyanais, guadeloupéens, polynésiens et martiniquais. L’Azerbaïdjan qui s’est bâti à 90% sur sa production d’hydrocarbure ne fait que mettre de l’huile sur le feu et tente d’y craquer l’allumette en représailles à la France.

Et la marionnette Tavini fait mine de regarder ailleurs sans voir les intentions du marionnettiste. Un soutien à la forte odeur d’essence que la délégation bleue feint de ne pas sentir en se bouchant le nez, après avoir fermé les oreilles, la bouche et les yeux.

Cette nouvelle escapade dans cet état totalitaire devait être hier le sujet d’une discussion plus tard dans l’après-midi en comité de majorité.

Aux frais de l’ONG, Groupe d'initiative de Bakou, les huit membres du Tavini ont ainsi visité le centre culturel Haydar Aliyev, le parlement d’Azerbaïdjan où ils ont rencontré le premier vice-président de l’assemblée nationale, Ali Huseynli et participé à une conférence sur le « droit à la décolonisation de la Polynésie française ». Le lendemain, des réunions avec des membres du bureau de la Cop 29 et une rencontre avec le directeur exécutif d’Azpromo ont occupé la délégation, sans que l’on ne sache à quoi. Enfin, la dernière journée était tournée vers les sports, la culture et les médias, là encore sans autre forme de mandat, sans but, ni conclusion.

Seuls subsistent les comptes-rendus qu’en ont fait les médias sur place. Problème, les propos rapportés seraient, soit faux, soit mal traduits, selon Vito Maamaatuaiahutapu.


 

​L’Etat « vigilant » face aux ingérences


Quelques heures avant la conférence de presse, à Paris, la sénatrice Lana Tetuanui interpellait l’Etat en séance de questions orales au Palais du Luxembourg, justement sur la question de l’ingérence de Bakou dans les affaires française. « L’Azerbaïdjan a fait le choix de provoquer une crise sans précédent dans les relations bilatérales avec la France », a commenté le ministre délégué chargé du commerce extérieur et de l'attractivité de France, Frank Riester. « Nous avons relevé avec préoccupation l’invitation par le parlement d’Azerbaïdjan de certains responsables indépendantistes de Polynésie française le 30 mai. Nous continuerons à dénoncer ces pratiques, à agir le plus largement possible contre toutes les ingérences étrangères pour bâtir une sorte de bouclier démocratique contre ces ingérences », a-t-il conclut.

Des propos pas entièrement satisfaisant pour la sénatrice qui relancera : « Je vous rappelle que plus de 75% de la population polynésienne tient à rester dans la République française. Le silence de Paris nous interpelle. Nous attendons des actes forts de l’Etat pour prévenir de toutes manipulations dans notre territoire tant convoité et ne jamais vivre ce que nos voisins calédoniens vivent actuellement. »

Rédigé par Bertrand PREVOST le Mercredi 5 Juin 2024 à 17:32 | Lu 4463 fois