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​Tony Géros : "Mon discours est un discours d'humilité"


Tahiti, le 18 mars 2023 – Le vice-président du Tavini, Antony Géros, a appelé samedi au congrès à l'unité du parti après la "période un peu difficile" de l'annonce de la candidature de Moetai Brotherson à la présidence. Le numéro deux du parti indépendantiste insiste même sur l'importance de "capitaliser sur la jeunesse montante" au Tavini et sur toute l'opportunité politique que représente un candidat comme Moetai Brotherson.
 
Vous avez insisté vous-aussi dans votre discours sur un appel à l'union au sein du Tavini, pourquoi exactement ?
 
"C'est consécutif à la petite période un peu difficile que nous avons traversée lorsque monsieur Moetai a annoncé spontanément sa candidature. Ça a créé l'émoi dans le parti parce que du coup le clivage Tony-Moetai a commencé à se faire ressentir. Et il a fallu éteindre tout cela. Dans le cadre de mon allocution, j'ai bien expliqué à l'ensemble de tous les militants du Tavini qu'il faut se regrouper derrière l'union, parce que c'est comme cela qu'on va gagner. C'est avec l'union et la force de l'union qu'on pourra vaincre. (…)"
 
Ce choix de Moetai Brotherson n'est plus contesté et ne fait plus débat ?
 
"Il a fait débat, mais il n'est plus contesté parce que la moindre petite contestation peut faire renaître ce clivage qu'on redoute au sein du Tavini huiraatira. Et c'est tellement bête, car on est en passe de gagner ces élections. Et si c'est pour des petites broutilles comme ça qu'on va se rediviser, ce n'est pas bon. Je pense qu'un des deux devait faire le pas. Et je pense que j'ai été celui qui a fait le pas."
 
Il reste des différences d'appréciation entre vous, notamment sur la TVA sociale que Moetai Brotheron veut supprimer et que vous voulez conserver ?
 
"Il faut laisser ces propos à la jeunesse d'une personne qui va prendre le Pays en main. J'ai apporté mes propos par rapport à l'expérience, au vécu. Oui, on veut supprimer la TVA sociale. Mais cela fait quand même 9 milliards, la TVA sociale. Et la raison d'existence de la TVA sociale, c'est de sous-tendre le déficit de régimes sociaux. À savoir la caisse de retraite et puis l'assurance maladie. On a un déficit de 9 milliards Fcfp annuel, donc on ne peut pas venir juste faire un effet d'annonce en disant : je vais retirer la TVA sociale. (…)"
 
On a senti dans votre discours qu'il y a un mélange des générations en cours au Tavini et que le parti est en train d'évoluer avec une conception de la politique un peu différente ?
 
"C'est exactement ça. En fait, il ne faut pas considérer cette jeunesse montante comme des gens qui font de l'ombre aux aînés qui sont déjà là depuis des lustres. Mais par contre, il faut capitaliser sur cette jeunesse montante et c'est pour cela que je disais dans mon discours qu'au-delà de la dissension qu'il y a eu au départ lorsqu'il a fait son effet d'annonce, on peut reconnaitre quand même que Moetai, même s'il n'est pas tout à fait comme nous dans notre manière de faire de la politique, quand même il fédère. Beaucoup de personnes qui ne sont pas au Tavini apprécient sa façon de parler, ses idées… Et rien que ça, ça nous donne le petit plus qui nous manque. Une fois, il m'a dit j'ai 30 000 followers. Je lui ai dit : oui mais je ne les vois pas. Par contre, moi, je n'ai pas 30 000 folowers, mais quand je fais mes réunions ils sont là. Et voilà la différence qu'il y a entre cette approche qu'ils ont ces jeunes et puis nous qui avons l'habitude de mobiliser les foules dans nos réunions comme c'est le cas aujourd'hui."
 
Pourquoi avoir rappelé aux têtes de liste la "philosophie" du Tavini sur l'indépendance ?
 
"C'est très important, mais on s'éparpille quant à la définition des termes qu'on utilise. On parle d'émancipation, de souveraineté, d'indépendance et on arrive plus vraiment à comprendre. Quand on parle de souveraineté, on nous dit : vous n'êtes plus indépendants. Quand on parle d'indépendance, on nous dit : vous n'êtes plus souverainistes. Je pense qu'il faut parler le langage de vérité et je l'ai dit dans mon discours, on ne recherche pas un positionnement souverain exclusif pour dire maintenant on est chez nous tout le monde dehors. Non, surtout pas. Ce qu'on recherche c'est d'abord de retrouver notre dignité légitime de peuple premier de ce Pays, avec tous les attributs qui sont reconnus aux peuples souverains (…).
 
Vous avez préparé le successeur d'Oscar Temaru ?
 
"Je ne parlerais pas de successeur, je parlerais de relève. On va essayer de préparer la relève. Je pense qu'on est le seul parti aujourd'hui, sans le dire, qui présente une suite de jeunes qui pourraient être considérés comme la future relève au niveau du Tavini. On ne peut pas succéder à un leader. C'est comme le metua. Pouvanaa est parti. Il y a eu beaucoup de gens qui ont essayé d'émerger après. Et ils ne sont pas arrivés. Il faut reconnaître au niveau d'Oscar que c'est un leader. C'est devenu une icône. Et quand il disparaitra, malheureusement on n'aura que nos yeux pour pleurer. Mais par contre le Tavini sera toujours présent."
 

Rédigé par Vaite Urarii-Pambrun et Antoine Samoyeau le Samedi 18 Mars 2023 à 19:21 | Lu 2114 fois