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​Taravao-Arue, l’impossible trajet


Tahiti, le 19 février 2024 - Après un premier éboulement en juillet 2023, puis un deuxième survenu ce 25 janvier 2024, la route au niveau du PK 43 à Hitia’a est fermée depuis presqu’un mois maintenant. Pour les commerçants de la Presqu’île, entre autres, cette situation compromet le bon fonctionnement des livraisons et des ouvertures de boutiques au nord de l’île. Une situation “usante” pour Sarah Bourgeon, cogérante de la chocolaterie Couleur Cacao située à Taravao, qui a vu sa deuxième boutique de Arue fermer il y a plus de trois semaines.
 
C’est un coup dur pour la chocolaterie de Taravao, Couleur Cacao, qui célèbre ce mois-ci son 15e anniversaire. “On va entamer la quatrième semaine de fermeture de la boutique de Arue, au Tahiti By Pearl Resort, dit Sarah Bourgeon, cogérante de la chocolaterie, suivi d’un rire amer. “En ce mois de février, pour notre 15e anniversaire, le Nouvel an chinois et la Saint-Valentin, on avait tout un plan de communication, ça a un peu tout gâché ”, glisse cette chocolatière au sujet de la fermeture de cette route.
 
Et pour cause, la maison-mère de cette chocolaterie étant située à Taravao, le trajet jusqu’à sa boutique de Arue en contournant l’éboulement par Punaauia puis Papeete était devenu très chronophage, voire trop : “On fabrique tout à Taravao, nos collègues partent tous les jours de Taravao avec des camions frigorifiques pour livrer le rayon frais de Arue. On a essayé de maintenir ces livraisons après l’éboulement, mais on passait 5 heures minimum par jour dans les bouchons, quand tout se passait bien.”
 
Toute la chaîne est impactée
 
Il devient alors dur de maintenir l’ouverture de la boutique de Arue à 6 heures, car cela implique l’ouverture de l’atelier de nuit. “Ça voudrait dire que tout le monde doit commencer plus tôt à Taravao.” Sarah Bourgeon, qui sait pertinemment qu’elle souffrira dans tous les cas d’un manque à gagner à cause des frais d’essence, de déplacements et de personnel, décide alors de fermer sa boutique de Arue, le temps que la situation s’améliore.
 
Heureusement pour l’entreprise, Couleur Cacao dispose également d’un service de livraison qui a permis d’honorer certaines des commandes de la boutique de Arue. “Mais ça n’a rien à voir avec une ouverture classique, je ne récupère pas ce que je gagne habituellement”, ajoute Sarah Bourgeon.
 
Comme elle, plusieurs travailleurs sont contraints d’adapter leur trajet en conséquence pour aller travailler, et si ce n’est pas possible, de trouver des solutions pour garder leur emploi. Et ce n’est pas chose aisée pour l’artisane chocolatière, alors en surcharge d’employés suite à la fermeture de sa deuxième boutique. Elle explique avoir trouvé des solutions temporaires pour garder ses employés “en faisant des rotations de jours de vacances, vu que le chômage technique n’existe pas”.
 
Pas de nouvelles
 
Pour les commerçants qui, comme Sarah Bourgeon, dépendent de la réouverture de cette route pour aller travailler, le temps peut vite paraître long. Surtout quand ils n’ont pas de nouvelles sur l’état d’avancement des travaux. “On a très peu de nouvelles sur la réouverture de la route. On a reçu une enquête en ligne, des questionnaires qui concernent employés et employeurs qu’on a remplis, mais toujours rien.”
 
Pour cette commerçante qui s’apprête à faire son bilan du mois de février, espoir et ras-le-bol s’entremêlent. “On espère que ça va rouvrir vite. On a les fêtes de Pâques qui approchent, je me vois mal faire Pâques avec ma deuxième boutique fermée.” En espérant que cette année, les œufs de Pâques ne passent pas la fête dans le coffre d’un camion frigorifique coincé dans les bouchons.

Rédigé par Tom Larcher le Mardi 20 Février 2024 à 03:00 | Lu 5159 fois