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​Macron interpellé pour la dépollution de Moruroa


Tahiti, le 16 janvier 2020 - A trois mois de la visite officielle du chef de l'Etat en Polynésie française, le député Moetai Brotherson a annoncé jeudi être sur le point d'adresser un courrier au président de la République pour réitérer la demande de dépollution de Moruroa faite en octobre dernier au Premier ministre et toujours sans réponse.

Le député souverainiste Moetai Brotherson a déclaré jeudi, en marge d’une conférence de presse du Tavini Huiraatira, qu’il allait faire une “relance” de la demande de dépollution de Moruroa adressée en octobre dernier au Premier ministre et aux ministres de la Défense, de la Santé et de l’Environnement du gouvernement Philippe. Cette fois-ci, le président de la République “fera partie des destinataires”, a-t-il assuré. “C'est un courrier adressé en tant que député au gouvernement. C'est un processus normal d'interpellation. A ce jour, je n'ai pas de réponse. Je vais donc faire une relance. Puisque je pars ce soir à Paris, je la porterai en main propre. Cette fois-ci, le président de la République fera partie des destinataires. Il vient chercher ses tifaifai au mois d'avril.”

Emmanuel Macron est attendu en Polynésie française pour une visite officielle début avril, avec un programme que l’on sait déjà centré sur des questions environnementales. Cette visite présidentielle sera notamment marquée par l'organisation du Sommet France-Océanie couplé avec le One Planet Summit. La séquence internationale sera consacrée aux problématiques du changement climatique et devrait réunir plusieurs chefs d'Etat et de gouvernement du Pacifique.

“Que tout ça soit retiré”

Dans le courrier que lui destine Moetai Brotherson, le député affilié Gauche démocrate et républicaine au palais Bourbon, interpelle le chef de l’Etat pour que “soit mis en route à tout le moins une étude ; mais s'ils en ont les moyens techniques déjà, la dépollution de Moruroa et Fangataufa. (…) A Moruroa, suite à la période des tirs souterrains, il y a des puits de plusieurs centaines de mètres de profondeur et des déchets radioactifs. Il y a le fameux, l'infâme, banc Colette, avec du plutonium dans le lagon, sous le sable. Je demandé à ce que tout ça soit retiré (...) de Polynésie.”

Le 8 octobre dernier, c’est devant la quatrième commission de l’ONU chargée des questions de décolonisation que Moetai Brotherson s’était manifesté. Il avait annoncé avoir officiellement soumis le jour-même une demande au Premier ministre, aux ministres de la Défense, de la Santé et de l’Environnement, visant à ce que tous les déchets nucléaires et la pollution afférente soient retirés de Moruroa et traités de manière adéquate. Après avoir indiqué qu’il anticipait une réponse négative, affirmant que la France n’a ni l’argent ni la technologie pour y parvenir, il s’était demandé pourquoi le plus important investissement français en Polynésie française était le système Telsite 2, d’un coût de 12 milliards de Fcfp, juste pour surveiller les failles de Moruroa.

La France a effectué 147 essais souterrains à Moruroa et Fangataufa jusqu’au 27 janvier 1996. Ces explosions ont été réalisées au pied de forages profonds de 600 à 900 mètres, dans le socle basaltique de ces atolls. L’intégralité des résidus de plutonium produits par ces expérimentations nucléaires, d’une puissance de 5 à 150 kilotonnes équivalent TNT, demeure aujourd'hui concentré au fond de ces puits. Les estimations les plus sévères font état d’une masse résiduelle de déchets radioactif proche de 500 kg de plutonium toujours enfouie.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 16 Janvier 2020 à 13:50 | Lu 4686 fois