Tahiti Infos

​Les armateurs et le Pays s'accordent pour éviter la flambée du fret


Tahiti, le 25 août 2022 – La commission d'examen des tarifs maritimes interinsulaires s'est réunie jeudi matin pour rendre un avis “unanime”, côté Pays comme armateurs, sur une hausse des tarifs réglementés du fret maritime entre “3,5 et 6%” en fonction de l'effort que pourra faire le Pays sur le prix du carburant et sa prise en charge du fret PPN.
 
De l'avis des armateurs comme du gouvernement, c'est ce qu'on appelle un “bon deal”. La commission d'examen des tarifs maritimes interinsulaires (CETMI) s'est réunie jeudi matin dans les locaux de la Direction polynésienne des affaires maritimes (Dpam) à Fare Ute. L'objectif était de rendre un avis –consultatif– sur la révision des tarifs réglementés du fret maritime interinsulaire. Une réunion de quelques heures, à l'issue de laquelle un avis “unanime” a été voté pour finalement éviter une flambée des tarifs du fret. Le dernier mot reviendra néanmoins au gouvernement. Le conseil des ministres fixera en effet dans les prochaines semaines la hausse du fret maritime pour les îles, en vue d'une application au 1er octobre.
 
Le scénario idéal : +3,47%
 
Comme révélé lundi par Tahiti Infos, la commission devait nécessairement se réunir après l'augmentation de +20 Fcfp du gazole intervenue le 1er juillet dernier pour les goélettes desservant les îles éloignées. La réévaluation des tarifs du fret maritime intervient en effet dès lors que l'indice de variation des prix du secteur dépasse les 2% d'augmentation. Selon les armateurs, cet indice a atteint précisément +8,21% avec l'effet cumulé de la dernière hausse du carburant, de l'augmentation du coût de la vie et de la hausse des charges de personnel. Pour autant, les armateurs sont arrivés jeudi matin à la commission en ayant bien conscience de la difficulté pour les îles d'imposer 8 à 9% d'augmentation sur le coût du fret… “Ce sont nos clients, nos partenaires. Nous n'avons aucune envie de les mettre en difficulté”, explique le président de la confédération des armateurs, Philippe Wong.
 
Ce sont donc les armateurs eux-mêmes qui ont fait une proposition au gouvernement à l'entame de la réunion. Celle de réduire fortement le niveau de l'augmentation des tarifs du fret, en contrepartie d'un effort du gouvernement sur leurs tarifs du carburant. Une autre variable d'ajustement a également été évoquée, celle du tarif –également réglementé– du fret des PPN, des matériaux de construction ou encore du carburant envoyé dans les îles “pris en charge par le Pays”. Un tarif différent du prix du fret “grand public”. C'est ce principe qui a fait l'objet d'un avis unanime de la commission, mais avec différentes options possibles. “Annoncer un taux maintenant, c'est difficile”, explique le vice-président en charge du secteur, Jean-Christophe Bouissou. La hausse minimale convenue est en effet de +3,47%, mais dans l'optique d'une baisse du carburant de -20 Fcfp. En fonction des différentes options à retenir, cette augmentation des tarifs du fret serait contenue entre “3,5 à 6%”, affirme le vice-président.
 
Parmi les scénarios envisagés, celui d'une baisse du carburant de -15 Fcfp par exemple, ou encore celui d'un effort supérieur sur le fret PPN pris en charge par le Pays par rapport au fret “grand public”… Tout le problème étant que, dans un sens comme dans l'autre, c'est au Pays qu'il reviendra de trouver la compensation dans les finances publiques d'une baisse du prix du carburant ou d'un effort sur le fret PPN qu'il prend en charge. À titre d'exemple, la hausse minimale évoquée à +3,47% devra être compensée à la fois par le Fonds de régulation des prix des hydrocarbures, mais également en dépense de 86 millions de Fcfp supplémentaire par le Pays sur le fret PPN. “On le sait, si on augmente notre participation, ça fera un taux moins fort pour le public”, explicite Jean-Christophe Bouissou. Un paramètre est également surveillé comme le lait sur le feu et désormais ouvertement espéré par le Pays : la possibilité d'une baisse des cours du pétrole. Un petit miracle, qui réglerait énormément de problème pour le gouvernement.
 
Symbiose
 
Reste donc que le vice-président s'est dit jeudi midi “satisfait” d'avoir entendu des armateurs venir d'eux-mêmes proposer des solutions pour éviter d'accentuer l'inflation dans les îles. Et les armateurs se sont dit eux-aussi rassurés d'avoir trouvé une “oreille attentive et ouverte” du côté du Pays. Confirmation de cette symbiose dans deux à trois semaines en conseil des ministres.
 

Jean-Christophe Bouissou, vice-président : “Au gouvernement de trancher”

Comment s'est déroulée cette réunion de la CETMI ?

“Les négociations se sont déroulées de manière très cordiale. D'abord, il y a eu une bonne préparation de la part des armateurs et de nous-même. Surtout, nous avons discuté à fond des sujets. C'est au gouvernement, maintenant, de trancher sur les propositions faîtes.”
 
Dans le détail des comptes qui ont pu vous être présentés, la situation des armateurs est véritablement difficile financièrement ?

“C'est vrai que le carburant a beaucoup augmenté et qu'il y a une répercussion sur le fret. Maintenant, il reste à voir ce que l'on peut ajuster, quels sont les efforts que le Pays peut réaliser. Dans les discussions qu'on a eues, on varie entre 3,5% et 6%. Ce qui veut bien dire que le gouvernement doit regarder en fonction des options : celle du carburant notamment, celle du taux qui devra être appliqué et la part que prendra le Pays en fonction du fret 'pris en charge' qui représente 25% du chiffre d'affaires sur ces armements.”
 
Le gouvernement pourrait choisir de compenser en baissant les prix du carburant pour les armateurs ?

“C'est une proposition que je viendrai faire sur la table du conseil des ministres.”
 
Quel avis a été précisément rendu aujourd'hui ?

“C'est une position qui a été votée à l'unanimité, en fonction des paramètres et des options proposées. Une option à 3,47% au niveau du taux. Quelle sera la position au niveau du grand public ? Ce sera une décision du gouvernement et je ne peux pas m'avancer aujourd'hui. Et puis, s'il y a un effort consacré au niveau du carburant, tout dépendra de cet effort. Sans cet effort, l'augmentation pourra varier au maximum jusqu'à 5 à 6%.”
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Jeudi 25 Août 2022 à 21:18 | Lu 1396 fois