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​Le cri d’alarme des agents des affaires sociales


Tahiti, le 7 février 2020 – Quelques agents de la DSFE ont tenu une conférence de presse vendredi matin aux côtés des responsables de la CSTP-FO et A Ti’a i Mua pour expliquer les raisons de leur nouveau préavis de grève et « tirer la sonnette d’alarme » sur leurs conditions de travail.
 
Au lendemain du dépôt d’un second préavis de grève en quatre mois à la Direction des solidarités, de la famille et de l’égalité (DSFE, ex-affaires sociales), les représentants de la CSTP-FO et de A Ti’a i Mua, Patrick Galenon et Yves Laugrost, ainsi que plusieurs travailleurs sociaux ont tenu une conférence de presse vendredi matin. Au siège de la CSTP-FO, immeuble Farnham à Papeete, les agents présents ont pris tour à tour la parole, tant pour expliquer les raisons de cette nouvelle grogne sociale que pour dépeindre une véritable situation de détresse professionnelle à la DSFE.
 
« Après quatre réunions avec un représentant de la ministre, on avait accepté de lever notre dernier préavis », explique Titaina de l’antenne de Taiarapu. « Mais depuis il n’y a eu aucune avancée ». Une nouvelle fois, les agents mettent principalement en avant le manque de moyens humains et matériels pour faire face à l’activité de la DSFE, avec une moyenne de « 60 dossiers par travailleurs sociaux », la prise en charge des ressortissants du RGS depuis 2019 « qui représente désormais 60% de l’activité d’accueil des agents » ou encore l’impossibilité de mettre en place convenablement le dispositif d’aidants feti’i créé récemment par le gouvernement par manque d’agents disponibles. « Monter un dossier prend du temps. Il faut une enquête. Une visite à domicile… », explique une agent.
 
« On a un audit de la DMRA de 2017 qui disait déjà qu’il manquait 80 postes. Et aujourd’hui, on a en plus 10 postes vacants en filière socio-éducative et 5 postes administratifs vacants », explique Claudine Laugrost, représentante syndicale A Ti’a i Mua à la DSFE. « Aux Australes, il y a un agent pour tout l’archipel ». Autre motif de révolte des agents de la DSFE, la création par le gouvernement d’une « délégation à la délinquance juvénile » pour laquelle plusieurs agents des affaires sociales ont été débauchés. « On nous pique des postes, alors qu’on en manque », explique une autre fonctionnaire de la DSFE présente lors de la conférence de presse. « On nous dit que cette délégation va nous enlever des missions, c’est faux. Puisque cette délégation ne pourra s’occuper que de 300 dossiers sur nos 1 300 suivis socio-judiciaires. »

« Tirer la sonnette d’alarme »

Autre message martelé par ces agents de la DSFE, leurs conditions de travail se dégradent alors qu’ils subissent durement les changements de la société polynésienne. « L’ice, on est en plein dedans. On a des signalements des établissements scolaires, des médecins… On a des demandes d’aides parce que le conjoint est incarcéré… » Claudine Laugrost rapporte de son côté l’agression récente d’un travailleur social, étranglé par un usager. « Les familles sont à cran. Nous n’avons pas le temps de traiter toutes les demandes. » L’agent de la Presqu’île, Titaina, affirme faire face à une « précarisation grandissante » et à « des familles de plus en plus en difficulté »« C’est la sonnette d’alarme qu’on vient tirer », explique-t-elle. « Ce n’est pas en enlevant des moyens que ça va aller mieux ».
 
Une première rencontre entre l’intersyndicale CSTP-FO et A Ti’a i Mua et la ministre des Solidarités Isabelle Sachet s'est tenue vendredi après-midi. Plusieurs points du préavis ont été abordés, mais sans issue satisfaisante pour l'intersyndicale qui demande désormais à rencontrer le président Edouard Fritch.

Rédigé par Antoine Samoyeau le Vendredi 7 Février 2020 à 14:50 | Lu 4815 fois