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​Le Tavini propose de modifier la loi du Pays sur l'obligation vaccinale


Tahiti, le 11 octobre 2021 – Le représentant Tavini Richard Tuheiava annonce qu'il déposera mercredi une proposition de loi du Pays modifiant la réglementation sur l'obligation vaccinale, notamment pour prendre en considération "les personnes qui auraient été infectées par le Covid et qui ne peuvent pas se faire vacciner".
 
Vous avez rencontré jeudi dernier les collectifs opposés à la loi du Pays sur l'obligation vaccinale. Qu'est-ce qui anime ces collectifs aujourd'hui ? Quelles sont leurs revendications ?
 
"Je crois que c'est le principe même de l'obligation de se vacciner. Plutôt que la vaccination contre le Covid en tant que tel. Les déclarations ont été très claires à ce sujet. Il n'est pas acceptable pour ces manifestants, et j'avoue souscrire d'une certaine façon à cet avis, de poser un principe d'une obligation vaccinale à partir d'un traitement vaccinal en phase expérimentale. C'est le principe même de précaution qui est soulevé."
 
Aujourd'hui, vous allez déposer une proposition de loi du Pays pour modifier cette loi du Pays sur l'obligation vaccinale ?
 
"Tout à fait. J'en ai annoncé les principaux points jeudi, qui auraient pu faire l'objet d'amendements lors du vote du texte le 20 août dernier. Sauf que le délai qui nous avait été imparti entre la communication aux élus et l'examen en séance plénière était très bref, trois jours. Ce n'était donc pas concevable. Maintenant, nous souhaitons faire ce dépôt de proposition de loi du Pays avant l'échéance du 23 octobre (date d'entrée en application de la loi du Pays, NDLR) qui créé tant de crispations dans l'esprit d'une partie de la population, celle qui manifeste, pour tenter de modifier les points les plus gênants juridiquement, éthiquement et politiquement aussi."
 
Quels sont les points que vous proposez de modifier ?
 
"Le point qui nous paraît peut être le plus important, c'est la définition du schéma vaccinal complet. Ça nous paraît quelque chose d'arbitraire et ça n'intègre pas les personnes qui auraient été infectées par le Covid et qui ne peuvent pas se faire vacciner. Ensuite, on a oublié de parler de ceux qui sont vraiment allergiques aux excipients présents dans le vaccin Pfizer ou Janssen. Et il peut y en avoir. Puis, l'autre point important, c'est de faire reconnaître la qualité de patients à toutes les personnes vaccinées. C'est à dire qu'elles bénéficient du droit au secret médical, au consentement libre et préalable avant de se faire vacciner. Voilà un peu l'esprit de ce texte que nous venons déposer cette semaine avec le groupe Tavini, du moins avec le soutien des élus qui ont voté contre la loi du Pays du 20 août dernier. Nous espérons avoir un examen du Cesec avant le 23 octobre…"
 
Au Tavini, une partie du groupe avait voté pour cette loi du Pays sur l'obligation vaccinale et une autre partie contre. Est-ce que, politiquement, vous vous entendez aujourd'hui au sein du groupe indépendantiste sur cette question ?
 
"C'est la majorité du groupe qui a voté contre. Nous avons laissé uniquement la liberté à deux personnes qui ont vraiment voté 'pour' parce que c'est leur cœur de métier. Cette élue qui a pris la parole, je la respecte, c'est une amie. Mais ça ne nous pose pas de problème politique. Notre groupe est soudé sur cette question de l'obligation vaccinale, à la marge de cette prise de position isolée au sein du groupe Tavini. On va donc déposer cette proposition de loi du Pays. Je pense que ce sera cosigné par ceux qui ont voté contre. À tout le moins, ce sera cosigné par le président du groupe Tony Géros et moi-même. Et ce sera surtout la possibilité pour le président Édouard Fritch et la majorité de rectifier le tir."
 
Votre principale proposition vise donc à prendre en compte le statut des personnes immunisées naturellement ?
 
"Oui, absolument."
 
Même malgré les prise de position de l'OMS, relayées par le ministre de la Santé, Jacques Raynal, qui expliquent qu'on doute encore de l'efficacité de cette immunité naturelle avec des personnes qui ont eu le Covid et qui peuvent encore être contagieuses ?
 
"Oui, je pense que c'est vraiment important d'avoir plus de recul sur cette question que la seule position du ministre Jacques Raynal. Quand on regarde les positions relayées par la Haute autorité de santé, qui prescrit deux à trois mois d'attente avant de vacciner une personne infectée, cela prouve bien quand même la dangerosité de vacciner quelqu'un qui vient tout juste d'être infecté. Après, c'est une décision qui est politique, prise sur la base d'éléments scientifiques portés à notre connaissance. On n'est plus dans la santé. On ne vote pas la science à l'assemblée. On vote des décisions qui tiennent compte des sensibilités des uns et des autres dans notre population."
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Lundi 11 Octobre 2021 à 18:31 | Lu 2766 fois