Tahiti, le 18 juin 2024 - Après Bora Bora, ce sont les archipels des Australes, des Marquises et des Tuamotu-Gambier qui souffrent sévèrement de l’absence de médecins généralistes. Pour les agents de santé restant sur place, la situation est difficilement tenable.
Le docteur Philippe Biarez, ancien directeur de l’hôpital de Moorea et directeur de la santé, a adressé un courrier le 13 juin dernier au ministre de la Santé, Cédric Mercadal, pour l’alerter de “la situation critique de l’effectif médical dans les archipels” et sur “la mise en œuvre de mesures urgentes d’amélioration de l’attractivité”.
Après les questionnements sur la pérennité des soins sur l’île de Bora Bora, ce sont d’autres communes qui sont la tête sous l’eau au niveau des soins et de leur qualité dans certains archipels.
Ainsi, le directeur de la santé “alerte et sollicite” l’aide du ministre “concernant la situation très préoccupante de l’effectif médical dans les archipels éloignés des Australes, Marquises et Tuamotu-Gambier”.
Et la liste des préoccupations est effectivement assez longue. Sur les 21 postes de médecins généralistes dans ces archipels, neuf ne sont pas pourvus. Pour ces neuf postes, seuls deux recrutements sont prévus. L’archipel des Australes est le plus touché par cette pénurie de médecins puisque seul un médecin généraliste est présent alors que cinq sont nécessaires. Un manque criant d’infirmiers en soins généraux se fait aussi croissant dans ces archipels.
Le directeur de la santé explique au ministre que “les options normales de renfort” ont été épuisées par le seul médecin itinérant “dont le planning est déjà fixé jusque fin juillet 2024” et que “les options alternatives de renfort par les médecins en poste dans les autres subdivisions sont devenues très limitées, ces autres subdivisions étant également en difficultés médicales”.
Pour combattre ces situations critiques, trois actions sont proposées, hélas de façon insuffisante. Un appel à vacations médicales à la semaine a été lancé ; une campagne de recrutement de médecins en CDD et une procédure de recrutement en circuit interne sont aussi dans les tuyaux.
Une situation “prévisible”
De la part d’un directeur que l’on prédit en interne sur le départ, les mots ne sont pas tendres envers le ministère de la Santé. Philippe Biarez décrit dans son courrier une situation “prévisible”, résultant “des mêmes facteurs négatifs à l’origine de la crise en cours au centre médical de Bora Bora et dans les dispensaires de Tahiti”.
Pour le docteur Biarez, les facteurs négatifs à l’origine de cette crise sont identifiés. Augmentation exponentielle de la fréquence et de la gravité des pathologies chroniques, mauvaises conditions de travail générales et faible attractivité de la Polynésie française en termes de rémunération, d’avantages en nature et de formation.
Cette situation, la Direction de la santé l’a fait connaître au ministre de la Santé dès le dernier trimestre 2023, puis le 17 février 2024 avec à la clé 17 mesures pour facilité les recrutements alors que l’administration, sous l’impulsion de Vannina Crolas, avait au contraire durci ses conditions.
Pour déverrouiller la situation, Philippe Biarez demande, en concertation avec la ministre de la Fonction publique, “la diminution du délai de recrutement à deux semaines via une procédure simplifiée, la revalorisation des indemnités d’astreintes pour tous les professionnels de santé de la Direction de la santé et la création d’une indemnité spéciale de sujétion pour tous les postes critiques isolés”.
Les dossiers continuent de s’accumuler sur le bureau de Cédric Mercadal qui doit soigner désormais tout un système de santé à l’agonie.
Le docteur Philippe Biarez, ancien directeur de l’hôpital de Moorea et directeur de la santé, a adressé un courrier le 13 juin dernier au ministre de la Santé, Cédric Mercadal, pour l’alerter de “la situation critique de l’effectif médical dans les archipels” et sur “la mise en œuvre de mesures urgentes d’amélioration de l’attractivité”.
Après les questionnements sur la pérennité des soins sur l’île de Bora Bora, ce sont d’autres communes qui sont la tête sous l’eau au niveau des soins et de leur qualité dans certains archipels.
Ainsi, le directeur de la santé “alerte et sollicite” l’aide du ministre “concernant la situation très préoccupante de l’effectif médical dans les archipels éloignés des Australes, Marquises et Tuamotu-Gambier”.
Et la liste des préoccupations est effectivement assez longue. Sur les 21 postes de médecins généralistes dans ces archipels, neuf ne sont pas pourvus. Pour ces neuf postes, seuls deux recrutements sont prévus. L’archipel des Australes est le plus touché par cette pénurie de médecins puisque seul un médecin généraliste est présent alors que cinq sont nécessaires. Un manque criant d’infirmiers en soins généraux se fait aussi croissant dans ces archipels.
Le directeur de la santé explique au ministre que “les options normales de renfort” ont été épuisées par le seul médecin itinérant “dont le planning est déjà fixé jusque fin juillet 2024” et que “les options alternatives de renfort par les médecins en poste dans les autres subdivisions sont devenues très limitées, ces autres subdivisions étant également en difficultés médicales”.
Pour combattre ces situations critiques, trois actions sont proposées, hélas de façon insuffisante. Un appel à vacations médicales à la semaine a été lancé ; une campagne de recrutement de médecins en CDD et une procédure de recrutement en circuit interne sont aussi dans les tuyaux.
Une situation “prévisible”
De la part d’un directeur que l’on prédit en interne sur le départ, les mots ne sont pas tendres envers le ministère de la Santé. Philippe Biarez décrit dans son courrier une situation “prévisible”, résultant “des mêmes facteurs négatifs à l’origine de la crise en cours au centre médical de Bora Bora et dans les dispensaires de Tahiti”.
Pour le docteur Biarez, les facteurs négatifs à l’origine de cette crise sont identifiés. Augmentation exponentielle de la fréquence et de la gravité des pathologies chroniques, mauvaises conditions de travail générales et faible attractivité de la Polynésie française en termes de rémunération, d’avantages en nature et de formation.
Cette situation, la Direction de la santé l’a fait connaître au ministre de la Santé dès le dernier trimestre 2023, puis le 17 février 2024 avec à la clé 17 mesures pour facilité les recrutements alors que l’administration, sous l’impulsion de Vannina Crolas, avait au contraire durci ses conditions.
Pour déverrouiller la situation, Philippe Biarez demande, en concertation avec la ministre de la Fonction publique, “la diminution du délai de recrutement à deux semaines via une procédure simplifiée, la revalorisation des indemnités d’astreintes pour tous les professionnels de santé de la Direction de la santé et la création d’une indemnité spéciale de sujétion pour tous les postes critiques isolés”.
Les dossiers continuent de s’accumuler sur le bureau de Cédric Mercadal qui doit soigner désormais tout un système de santé à l’agonie.
Une situation ubuesque à Rangiroa
Le dispensaire de Rangiroa est en manque d’un auxiliaire de santé et c’est tout naturellement qu’une candidate a été retenue il y a peu pour un poste en CDD d’un an. Problème pour cette dernière, après avoir démissionné de ses deux emplois, sans préavis afin d’être disponible le plus rapidement possible, et malgré une promesse d’embauche reçue de la main du Directeur de la santé, elle n’est toujours pas employée.
La promesse d’embauche permettait au nouvel agent de débuter dès le 21 mai mais la lourdeur des procédures a ralenti le processus et mi-juin, elle n’avait toujours pas pris ses fonctions.
L’agent recruté a toujours une promesse d’embauche dans la main, mais se retrouve sans emploi, et donc sans salaire depuis un mois, avec trois enfants à nourrir.
À Ahe, l’emploi local moins fort que la paperasserie
Les Tuamotu manquent aussi d’agents. À Ahe, la CSTP-FO a récemment pris position pour une agente qui, après avoir effectué ses trois années en tant qu’agent non-titulaire en tant qu’aide médicotechnique, pensait pouvoir intégrer la fonction publique à l’aide de son inscription à la liste d’aptitudes.
Mais cette liste d’aptitudes a disparu lors de la dernière directive du ministère de la Fonction publique et cette jeune femme, mère d’un petit garçon et enceinte d’un deuxième enfant, originaire de Ahe, dont le conjoint est lui aussi de Ahe, ne pourra reprendre le poste. “C’est donc un agent compétent, investi, natif du Fenua et qui a suivi des formations payées par le Pays qui est privé de l’exercice de son métier au service de la population des îles éloignées”, déplore la CSTP-FO qui joue actuellement sur la préférence à l’emploi local pour demander une intervention de Vannina Crolas et de Cédric Mercadal afin de reconduire le contrat de l’agent non titulaire, voire de la titulariser sur liste d’aptitudes.