En principe, les trois banques locales sont en mesure dès le 25 mars d’instruire des demandes de prêts garantis par l’Etat pour renforcer la trésorerie des entreprises pendant la crise du coronavirus. Mais en l’absence de procédures claires elles sont dans l’incapacité d’agir.
Tahiti, le 24 mars 2020 - La Polynésie est éligible au programme exceptionnel de 300 milliards d’euros de prêts garantis par l’Etat aux entreprises, adopté ce week-end à Paris. Mais faute de procédures claires, les banques locales sont actuellement dans l’incapacité de le mettre en œuvre face aux besoins de trésorerie des entreprises frappées par la crise du coronavirus.
Fondamentalement, c’est une très bonne nouvelle. Mais en Polynésie, elle prend tout le monde de court. Le Parlement a adopté ce dimanche la loi de finances rectificative qui précise les modalités du programme exceptionnel de 300 milliards d’euros (35 800 milliards Fcfp) de prêts garantis par l’Etat aux entreprises, pour faire face à la crise du coronavirus. Un amendement adopté ce week-end étend les effets de cette mesure à la Polynésie française, la Nouvelle-Calédonie et Wallis-et-Futuna. Le texte a été publié au Journal officiel de la République française mardi.
Ce programme vise à garantir aux entreprises un niveau de trésorerie correct pour franchir la période de crise. Il entre en vigueur mercredi avec effet rétroactif au 16 mars et sera actif jusqu’à la fin de l’année 2020. Mais pour l’instant, les modalités de mise en œuvre ici de ce dispositif financier sont frappées du sceau de l’inconnu, tant pour les banques locales, que pour le Pays. “On ne connaît pas les mesures, comment elles vont se mettre en place. On ne sait rien. Rien”, déplorait-on mardi du côté de la présidence. “On n’a d’ailleurs aucune réponse à toutes les questions financières que l’on aborde avec l’Etat.” La demande d’éclaircissement faite par la rédaction auprès du Haut-commissariat est pour l’instant sans suite.
Sur le papier, ce dispositif peut être mis en place par les établissements membres de la Fédération des banques françaises (FBF) dont font partie la banque Socrédo, la banque de Tahiti et la banque de Polynésie.
Pour les entreprises bénéficiaires, le prêt couvert par la garantie de l’État sera accordé à un taux de 0,25%. Il pourra représenter jusqu’à trois mois du chiffre d’affaires et aucun remboursement ne sera exigé la première année. Une fois éligible, l’entreprise emprunteuse pourra choisir le calendrier d’amortissement de son prêt, jusqu’à l’étaler sur une période de cinq ans, en fonction de ses résultats.
Promesses et problème
Une aubaine en temps de crise. D’autant que la garantie de l’Etat est ouverte aux entreprises de toutes tailles, à l’exception des sociétés civiles immobilières (SCI) et des établissements financiers. La hauteur de la garantie apportée par l’État est variable. Elle sera de 90 % pour les entreprises de moins de 5 000 salariés et moins de 1,5 milliard d’euros (178,96 milliards de Fcfp) de chiffre d’affaires. Aucune ne franchit ces seuils au fenua.
Concrètement, en cas de défaillance de la société emprunteuse lors du remboursement de tels prêts, l’Etat se portera garant et assure à la banque prêteuse le recouvrement des sommes prêtées.
Problème : “L’établissement de crédit BPIfrance Financement SA est chargé par l’Etat, sous le contrôle, pour le compte et au nom de l’Etat, d’assurer, à titre gratuit, le suivi des encours des prêts garantis”, souligne aussi la loi de finances rectificative adoptée ce week-end à Paris.
“Le sujet va être de savoir comment on intègre ce fonctionnement ici et par quel biais on se met en relation avec BPIfrance”, nous explique un contact dans le secteur bancaire pour qui il faudra au moins “une dizaine de jours” pour mettre en place cette aide financière de l’Etat, une fois que les procédures seront mises au clair. “C’est à l’Etat de nous dire quelle sera l’antenne ici et s’il y en a une”. La possibilité d’un relai assuré par la Société de Gestion de Fonds de Garantie d'Outre-Mer (Sogefom), qui intervient déjà pour le compte de l’Agence française de développement (AFD) et de l’Etat dans la garantie de prêts en Polynésie, est évoquée. (Màj, le 26 mars : Le directeur général de la Banque publique d’investissement (BPI), M. Nicolas Dufourcq, confirme que la BPI sera l’opérateur de l’Etat dans la zone Pacifique pour garantir les prêts accordés par les banques aux entreprises de Nouvelle-Calédonie, de Polynésie française et de Wallis-et-Futuna).
Dans l’absolu “la commercialisation d’un produit refinancé par la métropole, on sait faire”, explique notre source. “Il nous faut juste des précisions.”
De son côté, Evelyne Brichet, la déléguée locale de la Fédération des banques françaises est restée laconique mardi : “les banques de la place sont très attentives à la mise en œuvre de ce dispositif de soutien.”
Défauts de trésorerie en vue
En attendant, même s’il aurait préféré que l’Etat clarifie dans l’immédiat les aides de solidarité promises pour soutenir l’économie, pour le président de la Confédération des Petites et Moyennes Entreprises de Polynésie française (CPME-PF), Christophe Plée, l’heure est grave et le temps compte : “Nous avons beaucoup d’entreprises qui n’ont pas la trésorerie aujourd’hui pour régler massivement les congés payés de leurs salariés en confinement. C’est une vraie problématique. Comment font-elles ? Croyez-moi, c’est un casse-tête. Il y a aussi une autre question, quid des loyers ? Le commerçant qui paye 400 000 Fcfp par mois et qui n’a plus aucun chiffre d’affaires en face, comment fait-il pour payer ? Ça va aller pour ce mois-ci, mais le mois prochain si les mesures de confinement sont encore en vigueur, là, ça promet d’être compliqué.” Le message est le même sur le fond du côté de Patrick Bagur au Medef-Polynésie.
Les entreprises polynésiennes sont confrontées depuis bientôt un mois aux effets délétères sur leurs activités des mesures successives prises par l’Etat et le Pays pour faire obstacle localement à la propagation du coronavirus Covid-19. Lundi, le vice-président du Pays a présenté le contenu du plan de sauvegarde de l’économie. Des mesures pour maintenir l’économie à flot en temps de confinement général dont le coût mensuel est estimé à 10 milliards de Fcfp. Il mobilise toute la trésorerie du Pays en attendant que l’Etat se prononce clairement sur son concours. Pour le Pays aussi le temps est compté.
Fondamentalement, c’est une très bonne nouvelle. Mais en Polynésie, elle prend tout le monde de court. Le Parlement a adopté ce dimanche la loi de finances rectificative qui précise les modalités du programme exceptionnel de 300 milliards d’euros (35 800 milliards Fcfp) de prêts garantis par l’Etat aux entreprises, pour faire face à la crise du coronavirus. Un amendement adopté ce week-end étend les effets de cette mesure à la Polynésie française, la Nouvelle-Calédonie et Wallis-et-Futuna. Le texte a été publié au Journal officiel de la République française mardi.
Ce programme vise à garantir aux entreprises un niveau de trésorerie correct pour franchir la période de crise. Il entre en vigueur mercredi avec effet rétroactif au 16 mars et sera actif jusqu’à la fin de l’année 2020. Mais pour l’instant, les modalités de mise en œuvre ici de ce dispositif financier sont frappées du sceau de l’inconnu, tant pour les banques locales, que pour le Pays. “On ne connaît pas les mesures, comment elles vont se mettre en place. On ne sait rien. Rien”, déplorait-on mardi du côté de la présidence. “On n’a d’ailleurs aucune réponse à toutes les questions financières que l’on aborde avec l’Etat.” La demande d’éclaircissement faite par la rédaction auprès du Haut-commissariat est pour l’instant sans suite.
Sur le papier, ce dispositif peut être mis en place par les établissements membres de la Fédération des banques françaises (FBF) dont font partie la banque Socrédo, la banque de Tahiti et la banque de Polynésie.
Pour les entreprises bénéficiaires, le prêt couvert par la garantie de l’État sera accordé à un taux de 0,25%. Il pourra représenter jusqu’à trois mois du chiffre d’affaires et aucun remboursement ne sera exigé la première année. Une fois éligible, l’entreprise emprunteuse pourra choisir le calendrier d’amortissement de son prêt, jusqu’à l’étaler sur une période de cinq ans, en fonction de ses résultats.
Promesses et problème
Une aubaine en temps de crise. D’autant que la garantie de l’Etat est ouverte aux entreprises de toutes tailles, à l’exception des sociétés civiles immobilières (SCI) et des établissements financiers. La hauteur de la garantie apportée par l’État est variable. Elle sera de 90 % pour les entreprises de moins de 5 000 salariés et moins de 1,5 milliard d’euros (178,96 milliards de Fcfp) de chiffre d’affaires. Aucune ne franchit ces seuils au fenua.
Concrètement, en cas de défaillance de la société emprunteuse lors du remboursement de tels prêts, l’Etat se portera garant et assure à la banque prêteuse le recouvrement des sommes prêtées.
Problème : “L’établissement de crédit BPIfrance Financement SA est chargé par l’Etat, sous le contrôle, pour le compte et au nom de l’Etat, d’assurer, à titre gratuit, le suivi des encours des prêts garantis”, souligne aussi la loi de finances rectificative adoptée ce week-end à Paris.
“Le sujet va être de savoir comment on intègre ce fonctionnement ici et par quel biais on se met en relation avec BPIfrance”, nous explique un contact dans le secteur bancaire pour qui il faudra au moins “une dizaine de jours” pour mettre en place cette aide financière de l’Etat, une fois que les procédures seront mises au clair. “C’est à l’Etat de nous dire quelle sera l’antenne ici et s’il y en a une”. La possibilité d’un relai assuré par la Société de Gestion de Fonds de Garantie d'Outre-Mer (Sogefom), qui intervient déjà pour le compte de l’Agence française de développement (AFD) et de l’Etat dans la garantie de prêts en Polynésie, est évoquée. (Màj, le 26 mars : Le directeur général de la Banque publique d’investissement (BPI), M. Nicolas Dufourcq, confirme que la BPI sera l’opérateur de l’Etat dans la zone Pacifique pour garantir les prêts accordés par les banques aux entreprises de Nouvelle-Calédonie, de Polynésie française et de Wallis-et-Futuna).
Dans l’absolu “la commercialisation d’un produit refinancé par la métropole, on sait faire”, explique notre source. “Il nous faut juste des précisions.”
De son côté, Evelyne Brichet, la déléguée locale de la Fédération des banques françaises est restée laconique mardi : “les banques de la place sont très attentives à la mise en œuvre de ce dispositif de soutien.”
Défauts de trésorerie en vue
En attendant, même s’il aurait préféré que l’Etat clarifie dans l’immédiat les aides de solidarité promises pour soutenir l’économie, pour le président de la Confédération des Petites et Moyennes Entreprises de Polynésie française (CPME-PF), Christophe Plée, l’heure est grave et le temps compte : “Nous avons beaucoup d’entreprises qui n’ont pas la trésorerie aujourd’hui pour régler massivement les congés payés de leurs salariés en confinement. C’est une vraie problématique. Comment font-elles ? Croyez-moi, c’est un casse-tête. Il y a aussi une autre question, quid des loyers ? Le commerçant qui paye 400 000 Fcfp par mois et qui n’a plus aucun chiffre d’affaires en face, comment fait-il pour payer ? Ça va aller pour ce mois-ci, mais le mois prochain si les mesures de confinement sont encore en vigueur, là, ça promet d’être compliqué.” Le message est le même sur le fond du côté de Patrick Bagur au Medef-Polynésie.
Les entreprises polynésiennes sont confrontées depuis bientôt un mois aux effets délétères sur leurs activités des mesures successives prises par l’Etat et le Pays pour faire obstacle localement à la propagation du coronavirus Covid-19. Lundi, le vice-président du Pays a présenté le contenu du plan de sauvegarde de l’économie. Des mesures pour maintenir l’économie à flot en temps de confinement général dont le coût mensuel est estimé à 10 milliards de Fcfp. Il mobilise toute la trésorerie du Pays en attendant que l’Etat se prononce clairement sur son concours. Pour le Pays aussi le temps est compté.