Tahiti Infos

​La filariose de retour à Moorea


Tahiti, le 18 août 2024 – La maladie infectieuse avait pourtant déserté les Îles du-Vent selon les dernières enquêtes sanitaires de 2022. La filariose est de retour à Moorea. Une situation dont l'ampleur reste à définir mais qui est prise très aux sérieux par les élus locaux.  
 
Selon nos informations, la mairie de Moorea aurait été alertée au début du mois d'août d'une recrudescence de la filariose par le médecin chef de l'hôpital d'Afareaitu, Francis Spaak. Absente pourtant des Îles du Vent lors des dernières enquêtes sanitaires de 2022, le retour de la maladie surprend. Et si la commune ne communique pas encore sur la problématique, c'est qu'elle attend que les autorités sanitaires jouent leur rôle. Les communes n'étant qu'un support terrain en matière de politique de santé publique, l'Agence de régulation de l'action sanitaire et sociale (Arass) devrait d'ailleurs très prochainement prendre les devants.
 
Car si pour le moment la situation n'est pas alarmante, le problème serait, quant à lui, pris très au sérieux par les élus de Moorea. En effet, la commune serait déjà en pleine réflexion quant à la mise en place d'une importante campagne POD (Prise observée direct) de Notézine et de Zentel sur l'ensemble de l'île, avec notamment en priorité les espaces scolaires et à grande fréquentation (Quai de Vaiare, centres commerciaux, etc.). L'objectif étant de traiter l'ensemble de la population simultanément par souci d'efficacité. Pour rappel, la population de Moorea compte environ 18 000 habitants, donc autant de médicaments à prévoir pour ce type de campagne. Et au vu de la proximité et de la densité des échanges avec l'île de Tahiti, l'ensemble de l'archipel est sur ses gardes.
 
Prévenir plutôt que guérir
 
Pour rappel, la filariose est une maladie provoquée par un ver parasite, le Wuchereria bancrofti. Il est transmis par le moustique sous la forme larvaire et transite dans le sang pour gagner les voies lymphatiques et atteindre en 4 à 6 mois sa forme adulte. Ces mêmes filaires, mâles et femelles, s'accouplent et donnent naissance à des microfilaires qui circulent également dans le sang, donc facilement ingérés par les moustiques et transmis à d'autres individus. Les premières manifestations de la maladie se caractérisent par de la fièvre et des douleurs musculaires, ainsi que de l'orchite (infection des testicules) chez les hommes. Parmi les manifestations tardives, si l'apparition chronique de ganglions, d'hydrocèle, de chyles dans les urines ou de varices lymphatiques sont récurrentes, l'éléphantiasis demeure la plus sévère.  
 
En cas de symptômes, l'Arass invite les individus à contacter au plus vite leur médecin traitant afin d'établir un diagnostic. Une prise de sang permettra de confirmer la présence de microfilaires ou le contact avec le parasite. Une prise en charge tardive de la maladie peut entraîner des lymphœdèmes nécessitant des soins continus tout au long de la vie d'un individu contaminé. Les services de Santé rappellent que la prévention reste la meilleure défense contre ce genre de maladie infectieuse. À commencer par une surveillance assidue et la suppression de tout gîte à moustique à son domicile.

Rédigé par Wendy Cowan le Dimanche 18 Août 2024 à 18:21 | Lu 1947 fois