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​L’Unsa se fédère en Polynésie


PAPEETE, le 23 octobre 2019 - Les sections polynésiennes apparentées à l’Union nationale des syndicats autonomes (Unsa) ont fondé mercredi lors d’un congrès une fédération polynésienne, Unsa Fenua, dorénavant chargée de les représenter au plan territorial.
 
"Moi ça va, je suis à l’Unsa. Et vous ?" C’est le slogan qu’adopte la fédération interprofessionnelle Unsa de Polynésie. C’est aussi par ces mots que sa toute nouvelle secrétaire générale, Diana Yieng Kow, a clos son allocution, mercredi matin, après avoir été élue à l’unanimité, lors du congrès fondateur organisé à la mairie de Punaauia. Un poste de dirigeant syndical qu’elle occupera statutairement jusqu’en 2022.

Cette même assemblée a voté le statut de l’organisation syndicale et élu les membres qui participeront aux instances dirigeantes de la toute nouvelle fédération interprofessionnelle dénommée Unsa Fenua. L'entité est autonome pour ses actions locales mais garde un lien statutaire avec la confédération nationale. Alain Gergaud et Eric Pedeboscq, deux émissaires, ont d'ailleurs spécialement été dépêchés de France par l’Unsa pour diriger ce congrès fondateur.

Diana Yieng Kow était seule candidate. Son élection n'a pas fait débat. Elle annonce ses intentions dans l'immédiat, à commencer par une action sur le thème de la pénibilité, thématique chère aux personnels navigants commerciaux au sein de l'Unsa. Ce qui devrait conduire la fédération syndicale qu'elle dirige à prendre rapidement position sur la réforme des retraites : "Je veux me mettre au travail dès à présent pour recenser les besoins dans les secteurs que je vais devoir représenter . Je sais que la pénibilité est un dossier très important au sein du bureau. On en a parlé. De même que la réforme des retraites."

Un autre chantier qu’annonce la nouvelle secrétaire générale de la fédération syndicale interprofessionnelle qui conduit à une plus forte représentativité dans le secteur privé. L’Unsa compte aujourd’hui près de 2000 adhérents répartis dans une vingtaine de sections syndicales affiliées, en Polynésie française, dont 12 dans le seul secteur de l’éducation et ses 1600 adhérents.

L'autre vertu de la fédération interprofessionnelle Unsa Fenua est celle de créer du lien, comme l'explique Alain Gergaud dans un environnement syndical qui se trouvait jusqu'à présent partitionné en syndicats de métier. "Aujourd’hui les syndicats travaillent les uns à côté des autres. Ils travaillent en « silo », chacun dans son domaine. On va les faire travailler en réseau, pour créer de la dynamique, du lien, monter en compétence. Avec l’Union territoriale nous allons aborder les enjeux en comprenant les problématiques des uns et des autres, pour synthétiser et avoir une position Unsa au niveau de la collectivité », assure le cadre national du syndicat.

L’Unsa Fenua se glisse dans le paysage syndical polynésien, où il tentera d’exister aux côtés des cinq entités déjà en place : CSTP/FO, CSIP, A Ti’a i Mua, O Oe To Oe Rima et Otahi. Mais avec près de 2 000 adhérents, c’est une organisation qui a l'ambition de compter, comme l'indique Diana Yieng Kow : "Nous voulons donner une autre image du syndicalisme : être une force de proposition. Je pense que des idées on en a."

Diana Yieng Kow.
Diana Yieng Kow.
Le bureau de la fédération Unsa Fenua
 
Secrétaire générale : Diana Yieng Kow (Unsa – Stip AEP)
Secrétaire général adjoint : Eddy Teagai (Unsa Justice – UFAP)
Secrétaire général adjoint : Vaiatua Manutahi (Unsa territoriaux)
Secrétaire général adjoint : Bertrand Courtade (Unsa – Usaf)
Trésorier : Temarama Varney (SE Unsa)
Trésorier adjoint Paola Varney (Unsa territoriaux)
Assesseure : Karine Johnston (Unsa Justice – UFAP)
Le siège social de l’Union territoriale Unsa Polynésie est au 77, rue du Pasteur Octave Moreau à Fariipiti, Papeete.

Une action en justice en guise de collier de fleurs

Les deux délégués Unsa dépêchés de l’Hexagone par l’organisation syndicale ont été accueillis d’une manière très particulière, dimanche soir à leur descente d’avion. Un huissier attendait Alain Gergaud, secrétaire national Unsa et Eric Pedeboscq, le conseiller spécial du secrétaire général de l’organisation syndicale, Alain Escure, en vue de leur notifier une assignation en justice pour une audience en référé programmée le lendemain matin, 8 h 30 à Papeete.
L’ancien secrétaire général de l’Union territoriale Unsa de Polynésie française, Maxime Derock, s’est en effet pourvu en justice, dans le cadre d’une procédure civile en urgence, afin d’interdire la tenue du congrès fondateur prévu le 23 octobre, à Punaauia. Congrès à l’occasion duquel il devait fatalement être démis de sa fonction syndicale.
L’affaire a été audiencée mardi. La demande a été rejetée. "M. Derock était le représentant de l’interprofessionnelle locale depuis 2002, explique Me Robin Quinquis. On a démontré qu’il n’y avait plus eu aucune réunion de cette instance depuis 2012. Nous avons aujourd’hui une décision de justice qui nous a permis de tenir l’assemblée."
Lors de ce congrès fondateur, l’ancienne fédération Unsa de Polynésie a été dissoute. Une décision que peut toujours contester en justice le secrétaire général débarqué. "Nous sommes confiants sur la stratégie que nous avons adoptée", assure Diana Yieng Kow.

"La synthèse de tous les syndicats Unsa de Polynésie"

Alain Gergaud, secrétaire national de l'Unsa.
Alain Gergaud, secrétaire national de l'Unsa.
Quel est l’enjeu de ce congrès aujourd’hui pour l’Unsa ?
On réactive l’Union territoriale Unsa Polynésie française. Cette instance est un rassemblement des syndicats Unsa présents dans la collectivité : Unsa Education, Unsa Justice, Unsa Développement durable, ministère de l’Intérieur, Air Tahiti, Air Tahiti Nui, Air France, etc. Toutes les sections Unsa de Polynésie sont présentes ou représentées ici. On compte à peu près 2000 adhérents en Polynésie française.
Pourquoi réactiver l’Union territoriale ? Il faut savoir que tous les adhérents de l’Unsa sont dans des syndicats professionnels. Ils y défendent leurs conditions de travail, leur promotion, leur pouvoir d’achat… L’Union territoriale a plus vocation à se manifester sur des dossiers sociétaux qui vont s’intéresser à la politique de l’emploi, au système de retraites, à la politique familiale, au développement économique du territoire, etc. On est plus sur des dossiers transversaux.
 
Qu’est-ce qui motive cette réactivation, au plan national ?
 Cela fait un peu plus de quatre ans que cette entité n’avait plus aucune activité. L’ancien secrétaire général ne réunissait plus les instances. Le secrétariat national a repris la main. Nous avons organisé cette assemblée générale aujourd’hui, avec les copains et copines du territoire. On va y parler de l’actualité sociale, modifier les statuts et élire une nouvelle équipe.
 
Qu’est-ce qui caractérise l’Unsa Fena dans l’offre syndicale en Polynésie ?
On se différencie dans la mesure où nous sommes une union de syndicats autonomes. Nous considérons que ce sont les syndicats qui décident de leurs moyens d’action. Cela ne vient pas d’une confédération. Les syndicats sont indépendants, autonomes, et ce sont les adhérents qui définissent eux-mêmes les moyens d’action.
L’Union territoriale accompagnera les syndicats dans leurs actions mais elle ne décidera jamais à leur place. Dans ce sens, c’est une cellule de réflexion. C’est aussi une instance qui sera représentée par sa secrétaire générale. Elle sera l’interlocutrice des autres organisations syndicales, des organisations patronales, du gouvernement, de la Direction du Travail. Elle a vocation à être la synthèse de tous les syndicats Unsa de Polynésie et à être leur porte-parole. Chaque entité continuera à défendre les intérêts des salariés sur le terrain. L’Union territoriale a plus vocation à sortir de cet aspect catégoriel pour aborder des questions sociétales.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mercredi 23 Octobre 2019 à 15:20 | Lu 2311 fois