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​Homicide involontaire : deux ans de sursis pour la gérante du Lagoonarium


Tahiti, le 1er février 2022 – Déjà renvoyé à deux reprises, le procès pour homicide involontaire de la gérante de l'ancien Lagoonarium de Moorea et de la SARL en qualité de personne morale s'est tenu mardi devant le tribunal correctionnel. La prévenue, poursuivie après le décès d'une sexagénaire par noyade le 21 novembre 2018 sur le parcours aquatique installé aux abords du motu Ahi, a été condamnée à deux ans de prison avec sursis. Le tribunal correctionnel a également condamné la SARL à une amende de dix millions de Fcfp.
 
Un peu plus de deux ans après le décès par noyade d'une touriste savoyarde de 67 ans au lagoonarium de Moorea, le procès de la gérante de la structure, Carole Rey, s'est déroulé en son absence mardi, devant le tribunal correctionnel. Déjà condamnée après une attaque de requin sur un enfant sur le même site, la prévenue n'a pas pu se présenter devant la justice en raison, notamment, de "crises d'angoisses". C'est donc son fils qui l'a représentée à la barre du tribunal.
 
Il était reproché à la gérante du Lagoonarium – structure démantelée en mai dernier après plus de dix ans d'occupation illégale d'un motu appartenant au Pays – d'avoir involontairement causé la mort d'une sexagénaire qui s'était noyée alors qu'elle suivait le parcours aquatique composé de 55 bouées, et balisé en surface par une corde. Lors de leur enquête, les gendarmes avaient en effet relevé de nombreux manquements imputables à la SARL Lagoonarium : les deux employés présents sur le site lors du drame n'étaient pas titulaires du certificat obligatoire pour la conduite d'une embarcation de transport touristique. Ces derniers n'avaient aucun diplôme pour exercer une activité lucrative en milieu aquatique. Ils n'avaient, de surcroît, pas indiqué au couple de touristes – la victime et son compagnon - qu'il fallait porter des gilets de sauvetage.
 
"Relâchement"
 
A la barre du tribunal mardi, le fils de Carole Rey a retracé l'histoire du Lagoonarium, une "entreprise familiale" installée en 1997 qui a fini par générer un chiffre d'affaires annuel de 17 millions de Fcfp. Sous le feu des questions du président du tribunal, le trentenaire a concédé un "relâchement". "C'est vrai que l'on aurait dû mettre plus de personnel" a-t-il ainsi fini par déclarer. En défense pour la famille de la victime, Me Bennouar a déploré l'absence de la principale prévenue en dénonçant l'illégalité dans laquelle le Lagoonarium a pu prospérer durant autant d'années.
 
Outre l'occupation illégale du domaine public et le "maintien d'une activité aquatique à risque", le procureur de la République est quant à lui longuement revenu lors de ses réquisitions sur la "somme de négligences coupables" qui ont, selon lui, concouru au décès de la victime. Il a requis deux ans de sursis contre Carole Rey et une amende de 8 millions de Fcfp à l'encontre de la SARL Lagoonarium. Une analyse évidemment peu goûtée par le conseil de la gérante du Lagoonarium, Me Gilles Jourdainne, qui a plaidé en faveur d'une relaxe de sa cliente. "Cette société est aujourd'hui vilipendée mais c'est aberrant d'avoir laissé cette activité prospérer pendant vingt ans. On a laissé faire". Sur les faits d'homicide involontaire, l'avocat a par ailleurs assuré qu'il n'y avait pas de lien de causalité entre la noyade et les éventuels manquements relevés par les enquêteurs.
 
Après en avoir délibéré, le tribunal correctionnel a condamné Carole Rey à deux ans de prison avec sursis et la SARL à une amende de dix millions de Fcfp.

Rédigé par Garance Colbert le Mercredi 2 Février 2022 à 11:26 | Lu 3544 fois