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​Dengue 2 : la Polynésie prépare son entrée en saison chaude


​Dengue 2 : la Polynésie prépare son entrée en saison chaude
PAPEETE, le 27 septembre 2019 - L’épidémie de dengue 2 a fait au moins 1005 victimes en Polynésie au cours des cinq derniers mois et pourrait s’intensifier dans les semaines à venir avec l’entrée en saison des pluies. Le nettoyage des gîtes larvaires est une mesure efficace pour éviter la prolifération des moustiques, vecteurs de cette maladie.
 
"La vraie lutte, c’est le dé-gîtage" : c’est en résumé le message de prévention qu’a souhaité relayer la Direction de la Santé, vendredi,  en invitant tout un chacun à faire le nécessaire chez soi. Au moins 1011 personnes atteintes par le virus de la dengue de type 2 ont été identifiées en Polynésie française après la découverte du premier cas importé de Nouvelle-Calédonie en février, dont 1005 cas avérés depuis le 10 avril dernier, date d’entrée de la collectivité en phase épidémique.

A Tahiti, la plupart des communes sont touchées. L'île de Bora-Bora est en phase d’épidémie, tout comme Huahine et Raiatea. Des foyers infectieux sont identifiés à Moorea dans les communes d’Afareaitu, de Haapiti et de Paopao. Aux Marquises, Nuku Hiva est en phase d’épidémie. 

L’entrée prochaine de la région en saison des pluies, laisse craindre une accélération du phénomène en lien avec le risque de prolifération des moustiques, seuls vecteurs du virus de la dengue. "En effet, on sait qu’en saison des pluies, il y a un peu plus de moustiques (…) et donc plus de possibilités de cas de dengue 2. C’est la raison pour laquelle les mesures de prévention consistent principalement à lutter contre leur prolifération", a mis en garde Jacques Raynal.

Concrètement, tout ce qui peut contenir de l’eau douce accessible aux moustiques pendant plus d’une semaine est un potentiel gîte à moustiques qu’il est important de ne pas laisser en place.

L’usage de répulsif à moustiques ou de moustiquaires peut en outre s’avérer utile pour se préserver des piqûres, et du risque de contamination.

​Eviter la phase "critique"

Depuis cinq mois, les autorités d’hygiène et de santé publique s’attachent à contenir l’épidémie "pour éviter que les structures de soins ne soient submergées", rationalise le ministre de la Santé et que la collectivité ne s’achemine vers une phase "critique" de l’épidémie. Dans une telle situation, parvenu à la limite de ses capacités de soins et d'intervention avec autour de 200 nouveaux cas par semaine (contre 120 en moyenne à fin septembre), la collectivité se trouverait contrainte d'en appeler à l'aide internationale, et en premier lieu à celle de l'Etat français.

Depuis avril, des mesures particulières visant à contenir la propagation du virus sont systématiquement opérées dans les secteurs soupçonnés d’être à risque.  Il s’agit d’un traitement insecticide ciblé, complété par une opération d’éradication des gîtes larvaires et d’une sensibilisation des riverains.

Le produit insecticide pulvérisé est de la deltaméthrine. Les pulvérisations sont faites dans un périmètre de 100 mètres autour du lieu de résidence des malades identifiés. Le mélange pesticide est utilisé à une dilution permettant un épandage de 1 gramme par hectare. Il est mortel pour les insectes pendant que les fines particules de pulvérisation sont en suspension dans l’air et durant les deux heures de sa rémanence.

La dengue 2 n’avait pas circulé depuis près de 20 ans en Polynésie française. "Une grande épidémie nous a touché de 1994 à 2000. Elle a infecté la plupart des gens", a rappelé Jacques Raynal vendredi matin. "En conséquence, toutes les personnes qui ont moins de 20 ans sont susceptibles d’avoir cette dengue 2, de même que toutes les personnes fragilisées ou arrivées sur le territoire depuis lors." Ce bassin à risque représente "45 à 50 %" de la population polynésienne, selon la Direction de la Santé.  

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Vendredi 27 Septembre 2019 à 14:39 | Lu 5401 fois