Tahiti, le 3 février 2022 – Deux mois après sa mise en service annoncée, le système de climatisation à l'eau de mer des profondeurs (Swac) du centre hospitalier de Taaone ne fonctionne pas. Le lancement du fleuron de l'innovation technologique polynésien est perturbé par un problème d'encrassage des conduites au niveau du réseau secondaire et du local technique de l'ouvrage. Un problème technique et de responsabilité contractuelle qui n'amuse pas beaucoup en haut lieu, même si le discours du Pays se veut rassurant : “C'est normal d'essuyer un peu les plâtres lorsqu'on est précurseur dans une telle innovation technologique”.
Installé à grand renfort de communication courant 2021, loué encore très récemment par le ministre des Outre-mer à Paris pour le bond technologique qu'il représente en termes d'énergies renouvelables, le système de climatisation à l'eau de mer des profondeurs (Swac) du centre hospitalier de Taaone ne fait plus beaucoup parler de lui au fenua depuis son lancement en décembre dernier. Et pour cause, l'information commence à circuler avec chaque fois les mêmes commentaires gênés, le Swac de l'hôpital est en panne depuis son lancement. Ou plutôt, la mise en service de l'ouvrage s'est heurtée à un aléa technique des plus complexes à résoudre sur un système à la technologie aussi inédite.
Tuyaux encrassés
Troisième et plus grand Swac installé en Polynésie française, après ceux de l'Intercontinental de Bora Bora et du Brando de Tetiaroa, l'ouvrage de l'hôpital de Taaone fonctionne sur un système relativement simple à entendre. Des pompes, raccordées à un réseau principal de tuyauterie de 3,8 km de long installée à 900 mètres de profondeur sous la mer, viennent puiser de l'eau de mer froide à environ 5°C pour venir refroidir le vaste système de climatisation du centre hospitalier de Taaone. Et comme l'expliquait en novembre dernier, au journal Le Monde, l'ingénieur de la société Airaro, assistante à maîtrise d'ouvrage du projet, David Wary : “Le Swac permet, à très faible consommation énergétique, de mettre en contact thermique l’eau de mer froide et l’eau douce du réseau de climatisation, au travers d’un millefeuille de plaques en titane”. Concrètement, un énorme échangeur installé dans un local technique entre la mer et l'hôpital vient mettre en contact l'eau de mer froide du réseau principal à l'eau douce du réseau secondaire alimentant la climatisation.
Plusieurs réunions techniques ont déjà eu lieu depuis la mise en service du Swac et la découverte du problème. Si le réseau principal de captation de l'eau de mer des profondeurs fonctionne a priori parfaitement, c'est au niveau du réseau secondaire que le problème a été identifié. Une question d'encrassage de la tuyauterie qui s'est répercutée sur l'échangeur et sa technologie de pointe. Selon nos informations, si le nettoyage du réseau secondaire ne pose pas de difficultés particulières, celui du réseau de l'échangeur situé au niveau du local technique est beaucoup plus complexe. Et un double enjeu de “process technique” et de “responsabilité contractuelle” pose problème. La construction du “réseau secondaire” et la partie “process” au niveau de l'échangeur faisant partie de deux lots différents du marché, confiées à deux sociétés différentes. “C'est presque davantage problématique contractuellement que techniquement”, confie une source proche du dossier. S'ajoute une donnée financière qui fait tout l'intérêt de cette innovation : en attendant la réparation du Swac, l'hôpital est amputé chaque mois des 40 millions de Fcfp d'économies réalisables sur sa facture d'électricité.
“Normal d'essuyer les plâtres”
Le moins que l'on puisse dire reste que ce retard à l'allumage n'amuse pas beaucoup les différentes parties prenantes du projet. Outre l'énorme exposition médiatique autour de la construction d'un ouvrage annoncé depuis les années 2000, le coût total de l'opération a été chiffré par les autorités à 3,6 milliards de Fcfp, dont 44% en fonds propres du Pays et le reste en prêts et subventions d'État, via notamment l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) et l’Agence française de développement (AFD).
Dans ce dossier, le Pays veut pourtant tenir un discours rassurant, mettant ces aléas de lancement en balance avec l'enjeu d'innovation d'un projet d'une telle ampleur : “C'est normal d'essuyer un peu les plâtres lorsqu'on est précurseur dans une telle innovation technologique”. Le Pays qui, s'il a refusé de réceptionner les ouvrages du marché du Swac sans réserve, semble vouloir rester relativement clément sur d'éventuelles pénalités liées aux délais de mises en service. L'important, garder la tête froide.
Installé à grand renfort de communication courant 2021, loué encore très récemment par le ministre des Outre-mer à Paris pour le bond technologique qu'il représente en termes d'énergies renouvelables, le système de climatisation à l'eau de mer des profondeurs (Swac) du centre hospitalier de Taaone ne fait plus beaucoup parler de lui au fenua depuis son lancement en décembre dernier. Et pour cause, l'information commence à circuler avec chaque fois les mêmes commentaires gênés, le Swac de l'hôpital est en panne depuis son lancement. Ou plutôt, la mise en service de l'ouvrage s'est heurtée à un aléa technique des plus complexes à résoudre sur un système à la technologie aussi inédite.
Tuyaux encrassés
Troisième et plus grand Swac installé en Polynésie française, après ceux de l'Intercontinental de Bora Bora et du Brando de Tetiaroa, l'ouvrage de l'hôpital de Taaone fonctionne sur un système relativement simple à entendre. Des pompes, raccordées à un réseau principal de tuyauterie de 3,8 km de long installée à 900 mètres de profondeur sous la mer, viennent puiser de l'eau de mer froide à environ 5°C pour venir refroidir le vaste système de climatisation du centre hospitalier de Taaone. Et comme l'expliquait en novembre dernier, au journal Le Monde, l'ingénieur de la société Airaro, assistante à maîtrise d'ouvrage du projet, David Wary : “Le Swac permet, à très faible consommation énergétique, de mettre en contact thermique l’eau de mer froide et l’eau douce du réseau de climatisation, au travers d’un millefeuille de plaques en titane”. Concrètement, un énorme échangeur installé dans un local technique entre la mer et l'hôpital vient mettre en contact l'eau de mer froide du réseau principal à l'eau douce du réseau secondaire alimentant la climatisation.
Plusieurs réunions techniques ont déjà eu lieu depuis la mise en service du Swac et la découverte du problème. Si le réseau principal de captation de l'eau de mer des profondeurs fonctionne a priori parfaitement, c'est au niveau du réseau secondaire que le problème a été identifié. Une question d'encrassage de la tuyauterie qui s'est répercutée sur l'échangeur et sa technologie de pointe. Selon nos informations, si le nettoyage du réseau secondaire ne pose pas de difficultés particulières, celui du réseau de l'échangeur situé au niveau du local technique est beaucoup plus complexe. Et un double enjeu de “process technique” et de “responsabilité contractuelle” pose problème. La construction du “réseau secondaire” et la partie “process” au niveau de l'échangeur faisant partie de deux lots différents du marché, confiées à deux sociétés différentes. “C'est presque davantage problématique contractuellement que techniquement”, confie une source proche du dossier. S'ajoute une donnée financière qui fait tout l'intérêt de cette innovation : en attendant la réparation du Swac, l'hôpital est amputé chaque mois des 40 millions de Fcfp d'économies réalisables sur sa facture d'électricité.
“Normal d'essuyer les plâtres”
Le moins que l'on puisse dire reste que ce retard à l'allumage n'amuse pas beaucoup les différentes parties prenantes du projet. Outre l'énorme exposition médiatique autour de la construction d'un ouvrage annoncé depuis les années 2000, le coût total de l'opération a été chiffré par les autorités à 3,6 milliards de Fcfp, dont 44% en fonds propres du Pays et le reste en prêts et subventions d'État, via notamment l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) et l’Agence française de développement (AFD).
Dans ce dossier, le Pays veut pourtant tenir un discours rassurant, mettant ces aléas de lancement en balance avec l'enjeu d'innovation d'un projet d'une telle ampleur : “C'est normal d'essuyer un peu les plâtres lorsqu'on est précurseur dans une telle innovation technologique”. Le Pays qui, s'il a refusé de réceptionner les ouvrages du marché du Swac sans réserve, semble vouloir rester relativement clément sur d'éventuelles pénalités liées aux délais de mises en service. L'important, garder la tête froide.