Tahiti le 18 novembre 2020 - Les tāvana délégués de Taha'a ont fait appel de la décision du tribunal administratif les obligeant à proclamer "élus" leurs adversaires politiques. Tous connaissent pourtant les nouvelles dispositions du CGCT, mais ne veulent pas respecter la loi parce qu'ils estiment avoir "la majorité". Du côté de la minorité où l'on dénonce un "comportement honteux", pas question de se laisser faire.
Le 20 juillet dernier, le haut-commissaire avait déféré quatre tāvana délégués de Tahaa devant le tribunal administratif pour non-respect du Code général des collectivités territoriales (CGCT) relatif à l'élection des maires délégués. Une disposition du CGCT de 2016 portée par la sénatrice Lana Tetuanui précise en effet que "le maire délégué est désigné par le conseil municipal parmi les conseillers élus sur la liste ayant recueilli le plus de suffrages dans la section correspondante". Une disposition qui n'a pas été respectée par nombre de tāvana majoritaires dans leur commune, comme à Tumaraa, Huahine, Taiarapu-Est, Hitiaa o te ra et Taha'a.
A Tahaa les élections de Jocelyne Bou Kan San à Tapuamu, de Maima Bennet à Ruutia, de Mariano Terorohauepa à Vaitoare et de Pierre Manea à Iripau ont été annulées. Pascal Tamaehu à Tapuamu, Tevahiarii Teraiarue à Ruutia, Teumere Atger-Hoi à Vaitoare et Martial Teroroiria à Iripau ont été proclamé "élus". Mais les tāvana délégués déchus ont tous fait appel de cette décision.
Le 20 juillet dernier, le haut-commissaire avait déféré quatre tāvana délégués de Tahaa devant le tribunal administratif pour non-respect du Code général des collectivités territoriales (CGCT) relatif à l'élection des maires délégués. Une disposition du CGCT de 2016 portée par la sénatrice Lana Tetuanui précise en effet que "le maire délégué est désigné par le conseil municipal parmi les conseillers élus sur la liste ayant recueilli le plus de suffrages dans la section correspondante". Une disposition qui n'a pas été respectée par nombre de tāvana majoritaires dans leur commune, comme à Tumaraa, Huahine, Taiarapu-Est, Hitiaa o te ra et Taha'a.
A Tahaa les élections de Jocelyne Bou Kan San à Tapuamu, de Maima Bennet à Ruutia, de Mariano Terorohauepa à Vaitoare et de Pierre Manea à Iripau ont été annulées. Pascal Tamaehu à Tapuamu, Tevahiarii Teraiarue à Ruutia, Teumere Atger-Hoi à Vaitoare et Martial Teroroiria à Iripau ont été proclamé "élus". Mais les tāvana délégués déchus ont tous fait appel de cette décision.
"Je ne veux pas être dictateur"
L'élue Tapura à l'assemblée et tāvana de Tahaa, Patricia Amaru, se défausse de toute responsabilité sur cette question en affirmant que ses élus "sont libres de faire ce qu'ils veulent" et qu'elle doit "respecter" leur décision. "Je ne veux pas être dictateur en leur disant : non il ne faut pas faire appel. Ils sont libres (...). Sinon après cela va me retomber dessus". Elle insiste, assurant qu'elle n'a pas à s'immiscer dans ce dossier. Même si l'un des quatre élus déchus assure avoir le soutien "total" de sa tāvana... Patricia Amaru affirme d'ailleurs tout de même que la décision du tribunal "la perturbe". "Car on vote à bulletin secret et qu'ils font partie de la majorité ". Pour elle, la loi n'est pas claire : "lorsque j'ai demandé qui sont les candidats, ils ont levé leur doigt et je n'allais pas leur dire de ne pas se présenter. C'est la loi aussi. Et je fais quoi ? Ben on passe au vote".
"On est au courant de la loi mais ... nous avons la majorité "
Contactés, les tāvana délégués actuels n'ont pas tous été prolixes, notamment Jocelyne Bou Kan San et Maima Bennet. La première a affirmé : "ça reste confidentiel et cela me regarde et pas toi" avant de raccrocher. La seconde confirme avoir fait appel. Et elle a fait d'abord mine de ne pas connaître la loi sur les maires délégués, avant de couper court elle aussi à la discussion : "Pourquoi cela vous concerne ? Je n'ai pas à vous répondre de toute façon. Si on veut faire appel c'est notre droit".
Mariano Terorohauepa et Pierre Manea sont eux aussi au courant de cette disposition du CGCT, mais se défendent : "On ne peut pas accepter la décision du tribunal. Je ne comprends pas du tout cette loi électorale. Nous faisons partie de la majorité, alors on devrait diriger ces communes", insiste Mariano Terorohauepa. Quant à Pierre Manea, il affirme tout simplement : "c'est comme ça, c'est la politique. On attend la décision de France". Mariano Terorohauepa assure même que cette loi ne concerne pas la Polynésie : "cette loi n'est pas à nous mais aux Français. Il ne faut pas dire que cette loi appartient à Lana (Tetuanui, NDLR). Ce n'est pas à elle, c'est une loi française qui a été donnée dans les mains de Lana".
Mariano Terorohauepa et Pierre Manea sont eux aussi au courant de cette disposition du CGCT, mais se défendent : "On ne peut pas accepter la décision du tribunal. Je ne comprends pas du tout cette loi électorale. Nous faisons partie de la majorité, alors on devrait diriger ces communes", insiste Mariano Terorohauepa. Quant à Pierre Manea, il affirme tout simplement : "c'est comme ça, c'est la politique. On attend la décision de France". Mariano Terorohauepa assure même que cette loi ne concerne pas la Polynésie : "cette loi n'est pas à nous mais aux Français. Il ne faut pas dire que cette loi appartient à Lana (Tetuanui, NDLR). Ce n'est pas à elle, c'est une loi française qui a été donnée dans les mains de Lana".
"Ils sont de mauvaise foi"
De son côté, l'élue Tavini à l'assemblée qui devait être proclamée tāvana déléguée à Vaitoare, Teumere Atger-Hoi, demande que ses adversaires politiques respectent la loi et la décision du tribunal. Elle a l'intention lors du prochain conseil municipal, prévu le 2 décembre prochain, de mettre ce point à l'ordre du jour. "On va se faire entendre et interpeller notre tāvana sur ce sujet". Elle regrette que le vote des électeurs n'ait pas été respecté et que ses adversaires s'accrochent à ce siège qui ne leur revient pas. "Ils auraient pu être professionnels, ils sont de mauvaise foi". "Il y a eu beaucoup de problèmes avec les maires délégués en 2014. Et la sénatrice a eu la très bonne idée de faire voter cet article", conclut même l'élue de l'opposition.
Tevahiarii Teraiarue, tāvana déléguée non élu : "C'est une politique honteuse"
"La population a décidé de nous mettre sur ces sièges, les autres devraient respecter la démocratie et arrêter de faire les durs. Ils ont fait appel, cela fait mal car ils sont en train de convoiter ce siège et en oublie même le peuple. Cela signifie qu'ils ont soif de pouvoir. S'ils veulent être dignes il faut qu'ils nous ramènent nos sièges, surtout qu'on ne les a pas volés. En plus leur comportement est honteux, c'est une politique honteuse qu'ils ont menée ici à Taha'a et la population le sait (...). Le 20 de ce mois, ça fera un mois que nous attendons mais ils ont fait appel, on n'aura toujours pas nos sièges. On ira peut-être rencontrer notre tāvana, ou on va se réunir entre nous. Et pourquoi pas ramener cela devant la population et faire une pétition. Mais on ne va pas se laisser faire. On va faire en sorte qu'ils nous ramènent nos sièges. Et même notre tāvana ne nous respecte pas en nous faisant vivre cela. Le prochain conseil municipal va être agité".
Patricia Amaru, tāvana de Taha'a : "La décision du tribunal me perturbe"
"Ils sont libres car après cela va me retomber dessus. Lorsque j'ai demandé qui sont les candidats ils ont levé leur doigt et je ne vais pas leur dire, non ne vous présentez pas, ça c'est la loi aussi. Et je fais quoi, ben on passe au vote. Mais si au moins c'est du direct ça irait, et le tribunal nous a demandé de les proclamer tāvana, mais il n'y a rien qui nous le dit, à défaut s'il n'y a pas ça on prend ça. Pour l'appel c'est beaucoup plus profond, ils ont trouvé autre chose. La décision du tribunal me perturbe un peu aussi, on vote à bulletin secret et ces personnes font partie de la majorité (...). Ce n'est pas moi qui fait appel. C'est leur décision et je la respecte. Je ne veux pas être dictateur en disant non il ne faut pas le faire, ils sont libres".