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Qui veut aller travailler à la base-vie de Moruroa ?


La base de vie actuelle sur l'atoll de Moruroa. Seuls 30 militaires y vivent actuellement. Dans quelques mois un petit village de 250 personnes va s'installer.
La base de vie actuelle sur l'atoll de Moruroa. Seuls 30 militaires y vivent actuellement. Dans quelques mois un petit village de 250 personnes va s'installer.
PAPEETE, le 2 décembre 2014. Le groupe français Sodexo a décroché, en octobre dernier, le marché de maîtrise d'œuvre de la future base de vie qui va être construite à Moruroa pour accueillir ceux qui travailleront à la rénovation du réseau de surveillance Telsite. Sodexo va installer cette base et la faire tourner pendant trois ans. C'est-à-dire la durée estimée des gros travaux de maintenance que le ministère de la Défense a lancé sur l'atoll de Moruroa. Ces lourds travaux (plus de 6 milliards de Fcfp au total) vont permettre de restaurer et moderniser le système de surveillance radiologique et géomécanique de l'atoll, mis en place en 1980 (voir en encadré ci-dessous). Si le calendrier de programmation est respecté, à partir du mois de mai 2015, pas moins de 250 personnes travailleront en permanence sur l'atoll au lieu des 30 militaires qui se relaient sur place actuellement.

C'est pourquoi une nouvelle base de vie avec logements, bureaux, cuisine, stockage doit être installée et qu'il faudra du personnel pour faire fonctionner cette logistique. En octobre dernier, l'un des premiers marchés que l'armée a attribués, est allé à Sodexo. Le groupe devra construire cette base de vie et de la faire fonctionner. En début d'année 2015, des modules préfabriqués (environ 150) -proposés par une PME bretonne- seront ainsi acheminés vers Moruroa pour y être assemblés et devenir cette nouvelle base de vie de 3 000 m2 de superficie.
Cinq mois plus tard, la base de vie sera prête à fonctionner et à fournir l'hébergement, la restauration, l'approvisionnement, la maintenance, le nettoyage mais aussi des animations et loisirs à tous les agents qui viendront travailler à la rénovation du système de surveillance Telsite. Le groupe Sodexo a dû répondre favorablement à plusieurs exigences pour remporter ce marché d'environ 30 millions d'euros (3,5 milliards de Fcfp) : passer par des entreprises locales pour le fret maritime ou aérien, de même que pour la fourniture du linge. Les approvisionnements en consommables devront, par ailleurs, être conclus avec des sociétés polynésiennes.

Plus de 75% du personnel qui fera fonctionner la base vie sera recruté localement. Il y a quelques mois le Sefi a donc eu des échanges à ce sujet avec le groupe Sodexo. "On nous a annoncé qu'une trentaine de postes pour cette base vie seraient ouverts localement. Il s'agira à la fois de postes administratifs mais aussi de personnes pour la restauration, le nettoyage, les boutiques. Mais, pour l'instant la campagne de recrutement n'est pas ouverte" explique Paul Natier, le directeur du Sefi (Service de l'emploi, de la formation et de l'insertion).
Ce ne sera pas avant le début de l'année 2015. Toutefois, les profils de postes décrits ne réclamant pas d'expertise particulière, le Sefi pourra répondre favorablement à cette demande nouvelle ou fournir des salles de recrutement au groupe Sodexo pour organiser des entretiens d'embauche, comme cela a été fait il y a quelques mois au moment du recrutement pour l'hôtel The Brando.

En raison de la spécificité du site de travail, "classé défense", "les personnes devront montrer patte blanche, ne pas avoir de casier judiciaire, accepter d'être contrôlées par la DSP" précise encore Paul Natier. Sodexo a prévu, en raison de l'isolement du site, que les personnes recrutées puissent bénéficier d'un rythme de travail particulier avec alternance de deux mois sur place avec deux semaines de repos à Tahiti. En revanche, "nous n'avons encore aucune idée des salaires proposés" poursuit le directeur du Sefi.


Une des failles repérées à Moruroa, dans la zone Camélia : il s'y produit un glissement de terrain très lent mais important en volume, selon l'analyse faite de la situation par l'association Moruroa e tatou.
Une des failles repérées à Moruroa, dans la zone Camélia : il s'y produit un glissement de terrain très lent mais important en volume, selon l'analyse faite de la situation par l'association Moruroa e tatou.
Telsite : un réseau de surveillance à rénover

Le dispositif Telsite est un système de surveillance géo-mécanique de l'atoll de Moruroa mis en place dès 1980. En raison des 137 tirs souterrains réalisés pour les essais nucléaires sur l'atoll (entre 1975 et 1996), des failles, des mouvements de terrain, ont été décelés. Même si la Défense insiste toujours sur l'absence de risque depuis la fin des tirs, le ministère a néanmoins décidé d'engager de lourds travaux de rénovation de ce système de mesure.
Car, un effondrement massif à Moruroa (c'est l'hypothèse la plus pessimiste) pourrait provoquer une vague de deux à cinq mètres de haut sur la base vie de l'atoll, et, à peine dix minutes plus tard, un train de vagues allant jusqu'à deux mètres de haut sur l'atoll voisin de Tureia. Telsite sert donc à surveiller ces mouvements de terrain de façon à prévenir à l'avance les populations pour les mettre à l'abri.

Rédigé par Mireille Loubet le Mardi 2 Décembre 2014 à 17:00 | Lu 7169 fois