
“En journée, grâce au surplus d’énergie solaire, l’eau est en mode pompage de Titaaviri 1, en bas, vers Titaaviri 2, en haut, pour créer du stockage. La nuit, on n’a plus de surplus solaire, donc on repasse en mode turbinage”, explique Rebecca Wong Fat-Derval, responsable projets hydroélectriques (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 15 janvier 2025 – Transformer le surplus d’énergie solaire en hydroélectricité pour limiter le gaspillage et le recours aux batteries, c’est le projet porté par Marama Nui avec “Baby STEP”, une station de transfert d’énergie par pompage qui viendra s’ajouter aux installations existantes dans la vallée de Titaaviri, en 2026. Si ce démonstrateur est concluant, deux plus grands projets pourraient suivre : “Mama STEP” et “Big Mama STEP”.
Les stations de transfert d’énergie par pompage (STEP) ont fait leurs preuves à travers le monde pour solutionner le gaspillage d’énergie pendant les heures creuses et l’intermittence de certaines productions électriques, comme le solaire. “On a été interrogé depuis 20 ou 30 ans sur le sujet par nos différents dirigeants, et jusqu’à présent, on n’avait jamais répondu pour une raison simple : en Polynésie, on n’avait pas d’énergie abondante potentiellement gaspillée. Depuis quelques années, on sent qu’avec le solaire, le sujet est en train d’arriver sur la table, en particulier le week-end”, analyse Yann Wolff, directeur général de Marama Nui.
Les stations de transfert d’énergie par pompage (STEP) ont fait leurs preuves à travers le monde pour solutionner le gaspillage d’énergie pendant les heures creuses et l’intermittence de certaines productions électriques, comme le solaire. “On a été interrogé depuis 20 ou 30 ans sur le sujet par nos différents dirigeants, et jusqu’à présent, on n’avait jamais répondu pour une raison simple : en Polynésie, on n’avait pas d’énergie abondante potentiellement gaspillée. Depuis quelques années, on sent qu’avec le solaire, le sujet est en train d’arriver sur la table, en particulier le week-end”, analyse Yann Wolff, directeur général de Marama Nui.
Une première “Baby STEP” en 2026
Un tiers de l’équipe est mobilisé sur le sujet avec une approche novatrice. “Étant donné que le foncier est un enjeu majeur en Polynésie, on ne va pas faire comme nos camarades européens, néo-zélandais ou américains en allant créer une STEP dans une vallée vierge. On part sur une utilisation de l’existant, en mariant une station de pompage avec une de nos turbines”, poursuit le responsable.
Baptisé “Baby STEP”, ce premier projet endossera le rôle de démonstrateur dans la vallée de Titaaviri, à Papeari, dont les barrages et centrales répartis sur deux niveaux totalisent 11 % de la production de Marama Nui. “On souhaite intégrer la Baby STEP à ces aménagements. En journée, grâce au surplus d’énergie solaire, l’eau est en mode pompage de Titaaviri 1, en bas, vers Titaaviri 2, en haut, pour créer du stockage. La nuit, on n’a plus de surplus solaire, donc on repasse en mode turbinage”, explique Rebecca Wong Fat-Derval, responsable projets hydroélectriques.
La mise en œuvre de ce projet passera par la construction d’un nouveau bâtiment pour accueillir la station de pompage et la pose de 400 mètres de conduite forcée supplémentaires, enterrés sous la piste. “On a très peu d’impact sur l’environnement, car on ne crée pas de nouveaux aménagements en rivière”, précise l’ingénieure. Par précaution, un suivi de la biologie de la rivière a tout de même été lancé. Dix emplois à temps plein sont prévus pour la réalisation des travaux, dont le coup d’envoi devrait être donné en avril 2026 pour une mise en service estimée en fin d’année.
Quels atouts ?
Ce projet-pilote représente un investissement de 350 millions de francs. Il a reçu un financement de l’ordre de 70 % du Fonds de transition énergétique (FTE), tandis qu’une demande de défiscalisation est en cours. À son niveau, Marama Nui prévoit d’investir sur fonds propres à hauteur de 18 %.
D’un point de vue technique, cette future première née des stations de pompage affichera un débit pompé de 1 m3/seconde. “On est parti sur des hypothèses de puissance solaire absorbée de 2,33 GWh par an, pour restituer 1,75 GWh en hydroélectricité. On suppose qu’on aura un rendement de 75 %, dans la moyenne des STEP. Même si ce n’est que 1 % de la production hydroélectrique, ce sont quand même 420 000 litres de gasoil économisés par an et l’équivalent de 517 foyers supplémentaires alimentés par de l’énergie propre”, souligne Rebecca Wong Fat-Derval.
Au-delà de l’optimisation de l’hydroélectricité en lien avec le développement du photovoltaïsme – marqué par l’inauguration de trois fermes solaires au sud de Tahiti en 2024, et d’autres à venir avec la seconde tranche de l’appel à projets du Pays –, la STEP se positionne comme une alternative complémentaire au stockage chimique des batteries, avec un stockage mécanique “sous forme d’eau”.
Dupliquer à plus grande échelle
Inédite en Polynésie française et dans le Pacifique, cette nouvelle technologie portée localement par Marama Nui s’inscrit dans une démarche ambitieuse, en lien avec l’objectif affiché par le territoire de tendre vers 75 % d’énergies renouvelables à l’horizon 2030. “Ce projet est pensé en sachant qu’il y en aura d’autres de plus grande taille par la suite”, souligne Hinatea Duchemin, en tant que cheffe d’exploitation. “Si ça fonctionne bien, on va se lancer dans un programme”, confirme Yann Wolff. “On va lancer une deuxième étude cette année sur Mama STEP, quatre fois plus grande, à Papeno’o. Et à terme, on a Big Mama STEP, encore plus importante, quelque part entre Vai’iha et Faatautia, d’ici cinq ou dix ans, quand on aura bien validé le concept et que le solaire sera aussi passé à une plus grande échelle.”
Si les turbines de Marama Nui présentent l’avantage d’être conçues à l’identique – permettant de dupliquer relativement facilement les ajouts de STEP –, l’équipe devra préalablement se familiariser avec le système de pompage. En commençant par “Baby STEP” : trouver la pompe idéale fait partie des principaux enjeux techniques dans les prochaines semaines.