Tahiti, le 1er octobre 2020 - Deux ans après le rachat de la scierie de Papara, la mise en route de sa nouvelle ligne de scie lui permet de produire dix fois plus de volume et surtout, de gagner en qualité. Assez en tout cas pour sérieusement concurrencer le bois d'import, vendu au même prix.
Impossible de s'entendre face au ronflement continu des machines. Depuis que la scierie de Papara a reçu sa ligne de scie, ça se voit et ça s'entend. Arrivée au début du confinement, la nouvelle déligneuse n'a pas pris sa vitesse de croisière qu'elle engloutit déjà 20m3 de pins des Caraïbes par jour. "On est encore en rodage mais on produit dix fois plus qu'avant" assure Emmanuel Gabriel, le gérant. Des volumes assez important pour revoir ses objectifs de production à la hausse : soit 8 000 m3, contre 1 500 l'année dernière.
Mais avec son nouveau joujou, la société gagne surtout en qualité. Equipé de lames de scie, il offre un degré de précision qui impose un entretien sérieux. L'investissement dans un atelier d'affûtage pour la maintenance s'est donc imposé. "Ils sont indissociables, sans quoi on ne s'en sort pas" indique Fred Bloy, responsable de l'atelier. "Le nerf de la guerre c'est l'affûtage" abonde Emmanuel Gabriel. "Parce que le pin de Caraïbes est particulièrement solide."
Une solidité qui donne du fil à retordre à la machine. Il faut compter en moyenne trois heures de travail sur chaque lame pour éviter les bosses ou les creux, susceptibles de la faire dévier et causer des irrégularités. Des heures de "planage" et de "tensionnage" potentiellement réduites à néant en l'espace de 30 secondes. "Il suffit d'un clou… On a eu un peu de casse au début" confie Fred. Sollicité pour son expertise, l'affûteur est arrivé en juillet. Aux commandes de l'atelier, il forme activement à l'affûtage.
Impossible de s'entendre face au ronflement continu des machines. Depuis que la scierie de Papara a reçu sa ligne de scie, ça se voit et ça s'entend. Arrivée au début du confinement, la nouvelle déligneuse n'a pas pris sa vitesse de croisière qu'elle engloutit déjà 20m3 de pins des Caraïbes par jour. "On est encore en rodage mais on produit dix fois plus qu'avant" assure Emmanuel Gabriel, le gérant. Des volumes assez important pour revoir ses objectifs de production à la hausse : soit 8 000 m3, contre 1 500 l'année dernière.
Mais avec son nouveau joujou, la société gagne surtout en qualité. Equipé de lames de scie, il offre un degré de précision qui impose un entretien sérieux. L'investissement dans un atelier d'affûtage pour la maintenance s'est donc imposé. "Ils sont indissociables, sans quoi on ne s'en sort pas" indique Fred Bloy, responsable de l'atelier. "Le nerf de la guerre c'est l'affûtage" abonde Emmanuel Gabriel. "Parce que le pin de Caraïbes est particulièrement solide."
Une solidité qui donne du fil à retordre à la machine. Il faut compter en moyenne trois heures de travail sur chaque lame pour éviter les bosses ou les creux, susceptibles de la faire dévier et causer des irrégularités. Des heures de "planage" et de "tensionnage" potentiellement réduites à néant en l'espace de 30 secondes. "Il suffit d'un clou… On a eu un peu de casse au début" confie Fred. Sollicité pour son expertise, l'affûteur est arrivé en juillet. Aux commandes de l'atelier, il forme activement à l'affûtage.
300 millions d'investissement
Du bûcheronnage au bardage des tuiles, le patron de Tahiti tuile - également associé à Fenua Wood - compte aujourd'hui 70 employés contre une dizaine à ses débuts. Et de nouveaux recrutements sont dans les tuyaux. « Il y a le potentiel pour créer à termes 300 emplois » estime le gérant. La scierie pourtant revient de loin. Le business est en liquidation judiciaire lorsque Tahiti Tuile met une option de rachat en 2018. Encouragé par deux arrêtés du Pays permettant l'utilisation du pin des Caraïbes en construction, il fait alors le pari d'un "développement sociétal et environnemental durable" de la filière bois. "Sinon j'aurais continué à prendre mes commandes de bois comme tout le monde en Nouvelle-Zélande, ou aux États-Unis."
Deux ans plus tard, le groupe a investi 300 millions de Fcfp et maîtrise désormais toute la chaîne de production. Plus récemment, "l'incitation à l’utilisation du bois local dans les constructions publiques" inscrite au plan de relance économique traduit, selon le gérant, une "vraie volonté politique" de passer à la vitesse supérieure.
Reste à trouver des débouchés. L'accès à la commande publique est loin d'être stable et trop peu de marchés publics donnent la priorité au bois local. Soutenu par la Direction de l'agriculture, le groupe approvisionne malgré tout quelques chantiers, comme celui des hôtels Thalasso et du Moana à Bora Bora, ou du Fare pote'e de Vaitupa.
Aujourd'hui, il vise surtout les distributeurs. "La seule place qu'on veut prendre, c'est celle des exportateurs étrangers." Les bois de Nouvelle-Zélande et d'Amérique du Nord occupent ainsi 90 à 95% des rayons. Une aberration alors que nos surfaces boisées couvrent près 200 000 hectares, dont 2 000 hectares de pins des Caraïbes arrivés à maturité.
Deux ans plus tard, le groupe a investi 300 millions de Fcfp et maîtrise désormais toute la chaîne de production. Plus récemment, "l'incitation à l’utilisation du bois local dans les constructions publiques" inscrite au plan de relance économique traduit, selon le gérant, une "vraie volonté politique" de passer à la vitesse supérieure.
Reste à trouver des débouchés. L'accès à la commande publique est loin d'être stable et trop peu de marchés publics donnent la priorité au bois local. Soutenu par la Direction de l'agriculture, le groupe approvisionne malgré tout quelques chantiers, comme celui des hôtels Thalasso et du Moana à Bora Bora, ou du Fare pote'e de Vaitupa.
Aujourd'hui, il vise surtout les distributeurs. "La seule place qu'on veut prendre, c'est celle des exportateurs étrangers." Les bois de Nouvelle-Zélande et d'Amérique du Nord occupent ainsi 90 à 95% des rayons. Une aberration alors que nos surfaces boisées couvrent près 200 000 hectares, dont 2 000 hectares de pins des Caraïbes arrivés à maturité.
60 à 65% du tronc est valorisé
Outre sa disponibilité en abondance, le Pinus présente – après finition et traitement sous vide à l'autoclave –, un bois particulièrement résistant aux agressions extérieures (champignons, insectes, humidité, etc.) aux cyclones ou à la charge. Ce qui lui permet de prétendre à une classe 4 (sur 5) : un bois qui ne craint pas l'eau douce. Une fois stabilisé, il est imputrescible. De qualité équivalente, voire supérieure au bois importé, le Pinus est aussi vendu au même prix. Un argument environnemental de taille vu les ambitions du Pays pour réduire son empreinte carbone. "On pense pouvoir représenter un tiers des importations annuelles de bois au maximum de la production" estime le gérant. Preuve "qu'il y a de la place pour tout le monde".
L'acquisition d'un deuxième autoclave financée par la Direction de l'agriculture, devrait permettre à l'entreprise d'aller encore plus vite dans le traitement des volumes. En parallèle, le groupe valorise ses chutes de bois. La sciure et les copeaux sont revendus aux agriculteurs ou aux clubs équestres pour leur paillage et leurs espaces verts. Quant aux pièces les moins nobles elles sont emboîtées en palette. Ainsi 60 à 65% du tronc est valorisé.
D'autres projets ont également vu le jour comme celui de produire des composteurs : environ 200 unités par mois pour le compte de Fenua ma. Et puisqu'il s'agit de ne rien gaspiller, une unité de cogénération pour la combustion des résidus est à l'étude afin d'obtenir un meilleur rendement énergétique. Gourmande en électricité, la scierie de Papara reçoit tous les mois une facture salée de 700 000 francs.
L'acquisition d'un deuxième autoclave financée par la Direction de l'agriculture, devrait permettre à l'entreprise d'aller encore plus vite dans le traitement des volumes. En parallèle, le groupe valorise ses chutes de bois. La sciure et les copeaux sont revendus aux agriculteurs ou aux clubs équestres pour leur paillage et leurs espaces verts. Quant aux pièces les moins nobles elles sont emboîtées en palette. Ainsi 60 à 65% du tronc est valorisé.
D'autres projets ont également vu le jour comme celui de produire des composteurs : environ 200 unités par mois pour le compte de Fenua ma. Et puisqu'il s'agit de ne rien gaspiller, une unité de cogénération pour la combustion des résidus est à l'étude afin d'obtenir un meilleur rendement énergétique. Gourmande en électricité, la scierie de Papara reçoit tous les mois une facture salée de 700 000 francs.
Pinus caribea : au delà de la qualité, une forte valeur sociale
Si sa qualité ne fait plus de doute, le Pinus caribea peine à se défaire d'une mauvaise réputation. "L'idée répandue voulait que le bois poussant à flanc de montagne, présentait une dissymétrie des fibres" raconte Mathieu Ambert, architecte spécialisé dans l'intégration environnementale des constructions. Après vérification par les botanistes du Cirad, le diagnostic sera finalement beaucoup moins sévère. Au contraire, la qualité du bois incriminé est "comparable à celle des résineux Nord-américains ou de Nouvelle-Zélande", voire "supérieure pour les bois issus des meilleures parcelles". Les arbres se caractérisent notamment par une "croissance rapide, une grande plasticité et une bonne résistance aux incendies" peut-on lire dans le rapport Pin de Polynésie française.
Mais selon l'architecte, le Pinus souffre surtout d'un classement tardif en résistance mécanique. "Pour permettre son utilisation dans les marchés publics, il fallait le normaliser, faire des essais." Ironiquement, le programme de reboisement lancé dans les années 70 sur de vastes étendues de fougères avait justement vocation à mettre en place une filière d'exploitation destinée à la production.
Il faudra attendre 2018 pour que le cadre réglementaire soit adopté, donnant au Cirad le feu vert pour réaliser des analyses afin d’établir de manière officielle deux classes de résistance mécanique : C24 et C18. "C'est une gamme de haute résistance, en réalité le Pinus pourrait atteindre des classements supérieurs comme la classe C30. Très peu de bois y arrivent, notre Pin y arrive parfois" précise l'architecte.
Au-delà de ses qualités intrinsèques, c'est sur le contexte que le Pinus se démarque vraiment assure le spécialiste. "À qualité égale ou légèrement supérieure au bois d'importation, le bois local présente un avantage environnemental et sociétal majeur, c'est un travail qui est durable, ce bois d'œuvre ne disparaîtra jamais, argumente Mathieu Ambert. Il y aura toujours des bûcherons, c'est un travail qui ne demande pas beaucoup de formation et qui est donc accessible. Ça met aussi en valeur les randonnées, là où il y a des bûcherons, il y a des chemins."
Mais selon l'architecte, le Pinus souffre surtout d'un classement tardif en résistance mécanique. "Pour permettre son utilisation dans les marchés publics, il fallait le normaliser, faire des essais." Ironiquement, le programme de reboisement lancé dans les années 70 sur de vastes étendues de fougères avait justement vocation à mettre en place une filière d'exploitation destinée à la production.
Il faudra attendre 2018 pour que le cadre réglementaire soit adopté, donnant au Cirad le feu vert pour réaliser des analyses afin d’établir de manière officielle deux classes de résistance mécanique : C24 et C18. "C'est une gamme de haute résistance, en réalité le Pinus pourrait atteindre des classements supérieurs comme la classe C30. Très peu de bois y arrivent, notre Pin y arrive parfois" précise l'architecte.
Au-delà de ses qualités intrinsèques, c'est sur le contexte que le Pinus se démarque vraiment assure le spécialiste. "À qualité égale ou légèrement supérieure au bois d'importation, le bois local présente un avantage environnemental et sociétal majeur, c'est un travail qui est durable, ce bois d'œuvre ne disparaîtra jamais, argumente Mathieu Ambert. Il y aura toujours des bûcherons, c'est un travail qui ne demande pas beaucoup de formation et qui est donc accessible. Ça met aussi en valeur les randonnées, là où il y a des bûcherons, il y a des chemins."