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Moruroa e tatou veut sortir du cas par cas sur l'indemnisation du nucléaire


Tahiti, le 25 avril 2021 - Plus de 200 personnes ont répondu présentes à l'appel de l'association Moruroa e tatou et de l'église protestante ma'ohi samedi à Arue. L'occasion pour les anciens travailleurs de Moruroa e tatou de raconter leurs expériences, principalement de la maladie, depuis la fin des essais nucléaires, et pour l'association et l'Eglise de demander un changement du processus d'indemnisation via la Loi Morin vers une "réparation globale" et non plus au cas par cas.
 
L'association Moruroa e tatou et l'église protestante Ma'ohi ont réussi à rassembler plus de 200 anciens travailleurs de Moruroa samedi dernier à Arue, venus pour certains accompagnés des membres de leur famille. Beaucoup ont pris le micro et ont exprimé les moments douloureux par lesquels ils étaient passés. Un ancien travailleur de Moruroa a raconté que sa femme et lui ont eu neuf enfants, mais qu'un seul a survécu avec beaucoup de problèmes physiques. "Notre ainé est décédé alors qu'il n'avait que deux semaines. Ensuite les fausses couches se sont succédé jusqu'à notre huitième enfant". Cécile dont le mari a travaillé à Moruroa a raconté que sa fille, alors âgée de 5 ans, avait une tumeur à l'estomac et en est morte. Mélanie, quant à elle, affirme que sa fille a commencé à marcher à 10 mois "puis qu'a ses 1 an, elle ne marchait plus (...). Aujourd'hui elle a 38 ans, deux cancers, un à la thyroïde et l'autre au cervelet".
 
Après plus de 7 heures, le vice-président de l'association Moruroa e tatou et pasteur Mitema Tapati s'est dit attristé par ces témoignages. "Encore aujourd'hui, notre peuple doit faire face à tous ces cancers dûs aux essais nucléaires". Il considère que la loi Morin devrait être modifiée. "Quand il y a un accident et qu'il y a un mort, la famille de la victime est aidée. Ou encore, un retraité qui meurt, sa femme touche une pension de réversion. Alors qu'une personne qui meurt des suites d'un cancer dû aux essais nucléaires, la famille ne perçoit rien".

La table ronde : "Un coup de com'"

Le président de l'association Moruroa e tatou, Hirohiti Tefaarere, assure que cette journée, quoique "fastidieuse", était "nécessaire". Il espère qu'à travers ces témoignages : "le peuple tout entier se reconnaitra (...). Même ceux qui ont soutenu la  présence française et la présence nucléaire". L'association Moruroa e tatou et l'église protestante ma'ohi considèrent que la reconnaissance du fait colonial et du fait nucléaire "ne doivent pas s'arrêter là". "Elles doivent aller au-delà de la réparation de tous les préjudices", affirme Hiro Tefaarere.
 
Les militants demandent d'abord "une réparation globale". "Il faut arrêter de calculer victimes par victimes, car dans 100 ans on sera toujours au même stade." Mais ils espèrent également le remboursement par l'Etat de toutes les dépenses prises en charge par la CPS pour les soins prodigués aux malades suite aux essais nucléaires au fenua."C'est plus de 70 milliards de Fcfp. Il va falloir mettre en place un calendrier, car l'Etat n'a pas les moyens de tout avancer d'un coup. Ensuite, il y a la prise en charge par l'Etat de la santé publique, car le Pays n'a pas les moyens financiers, technologiques et humains d'assumer cette mission fondamentale".
 
Le président de Moruroa e tatou a réaffirmé que son association ne se rendra pas à Paris à la fin du mois de juin. "La table ronde de haut niveau, pour moi c'est du pipeau. Les tables ronde on en a eu plusieurs (...). Pour moi c'est un coup de com' de Macron et de Fritch car il se savent plus quoi faire".
 
Pour le 2 juillet prochain, comme l'an dernier, une marche va être organisée avec un groupe qui partira de la mairie de Papeete et un second du stade Bambridge. Le point de rendez-vous sera donné à la stèle, en bas de l'avenue Pouvana'a.

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Dimanche 25 Avril 2021 à 20:24 | Lu 1156 fois