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JO : la Water Patrol passe à l’action


Dans la zone d’impact, les binômes n’ont pas le droit à l’erreur (Crédit : AFP/Ed Sloane).
Dans la zone d’impact, les binômes n’ont pas le droit à l’erreur (Crédit : AFP/Ed Sloane).
Tahiti, le 31 juillet 2024 – Si les athlètes sont les stars de l’événement, les épreuves de surf des Jeux olympiques de Paris 2024 mettent aussi en lumière le talent de sauveteurs locaux hors du commun. Considérés comme des anges gardiens, ils sont notamment chargés d’assurer la sécurité des surfeurs au plus près de la “mâchoire” de Teahupo’o. Deux membres de l’équipe, Taaroa-arii Natua et Puatea Ellis, se confient sur leur expérience olympique.
 
Tandis que la Polynésie a les yeux rivés sur les deux athlètes locaux toujours en lice, Vahine Fierro et Kauli Vaast, les épreuves de surf des Jeux olympiques de Paris 2024 mettent aussi en lumière le talent de sauveteurs hors du commun : la Water Patrol. À Teahupo’o, l’équipe dirigée par Moana David est rodée, fidèle au rendez-vous annuel de la World Surf League (WSL). Pour les JO, ils sont 27 professionnels engagés, avec deux mécaniciens pour s’assurer que la vingtaine de jet-skis soit toujours opérationnelle.

Arsène Harehoe et Taaroa-arii Natua ont secouru Kauli Vaast, en huitièmes de finale (Crédit : ISA/Tim Mckenna).
Arsène Harehoe et Taaroa-arii Natua ont secouru Kauli Vaast, en huitièmes de finale (Crédit : ISA/Tim Mckenna).

Taaroa, grabbeur dans la zone d’impact


Dix d’entre eux sont assignés à la zone d’impact, la plus risquée, là où les vagues déferlent. Chaque binôme n’a que quelques secondes pour secourir le surfeur projeté sur le récif avant de repartir aussitôt, afin de lui faire perdre le moins de temps possible, tout en lui épargnant des blessures plus ou moins graves.
 
Une mission que Taaroa-arii Natua, 39 ans, exerce depuis plusieurs années en tant que grabbeur, positionné à l’arrière du jet-ski pour réceptionner l’athlète. “On a fait beaucoup de surveillance en début de compétition, et ce n’est qu’à partir du troisième jour qu’on est vraiment passés à l’action ! C’était la journée qu’on attendait avec des vagues de belle taille, en sachant qu’on est là pour ça. C’était l’occasion de nous exprimer à notre façon”, nous a-t-il confié, mercredi, tandis que la compétition était à l’arrêt, faute de conditions favorables.
 
Avec son pilote, Arsène Harehoe, qui fait partie des légendes de l’équipe, ils sont intervenus à plusieurs reprises, toutes nations confondues. “Pour l’instant, le sauvetage qui m’a le plus marqué, c’est celui de Kauli, après sa dernière vague qui lui a permis de se qualifier. On a eu un peu de mal à repartir à cause des remous, mais heureusement, nous avions un chauffeur très expérimenté. On a nos habitudes et nos repères.” Aux premières loges de cet événement unique, Taaroa-arii Natua a “hâte que la compétition reprenne”.
 

Puatea Ellis et son passager, le surfeur brésilien Gabriel Medina (Crédit : ISA/Pablo Franco).
Puatea Ellis et son passager, le surfeur brésilien Gabriel Medina (Crédit : ISA/Pablo Franco).

Puatea, taxi-driver des surfeurs


La Water Patrol ne compte que deux femmes, dont Puatea Ellis, 42 ans, qui réalise un rêve en tant que maître-nageuse et sauveteuse de profession. “C’est une fierté et une chance inouïe de pouvoir être dans cette team, au cœur de la compétition. Je suis passionnée de surf, donc dès qu’on a annoncé que les épreuves olympiques seraient chez nous, je me suis demandé comment je pouvais y contribuer. Comme pour un athlète, les JO, c’est le Graal, et je ne me voyais pas suivre la compétition à la maison”, reconnaît-elle.
 
Assignée au poste de “taxi-driver pour le post-heat”, elle a pour rôle de récupérer les surfeurs après leur série pour les ramener à terre pour les interviews. “C’est difficile quand on s’occupe des perdants, mais ça fait partie du sport. L’environnement reste très jovial, au plus près des athlètes qu’on admire, qu’ils soient locaux ou étrangers.”
 
S’assurer que les bateaux accrédités et leurs passagers soient en sécurité fait aussi partie des missions de la Water Patrol, de même que les caméramen aquatiques. Les jours de compétition, l’équipe se met d’ailleurs à l’eau dès 5 heures du matin pour surveiller les athlètes venus s’entraîner et amener tous les officiels à leurs postes. “On est un groupe soudé. On fait toujours une prière avant chaque départ, c’est très important. À Teahupo’o, tout est question d’énergie, de mana. On n’y va pas pour les lunettes de soleil !”, remarque Puatea Ellis.
 
Si la peur fait partie de leur quotidien à Teahupo’o, selon les deux collègues, une bonne préparation physique et mentale permet de la dompter. Avoir peur permet aussi de maintenir un certain niveau de vigilance. “On se prépare toujours au pire pour essayer de limiter les dégâts.”
 

La troisième journée de compétition n’a pas été de tout repos pour la Water Patrol olympique (Crédit : ISA/Beatriz Ryder).
La troisième journée de compétition n’a pas été de tout repos pour la Water Patrol olympique (Crédit : ISA/Beatriz Ryder).

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Mercredi 31 Juillet 2024 à 17:59 | Lu 3615 fois