“On est concurrents, mais nous sommes d’abord des confrères. (…) La vraie concurrence, c’est la fabrication extérieure”, soulignent les représentants du Setep (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 10 septembre 2024 – Avec une douzaine d’entreprises adhérentes, le syndicat des ennoblisseurs textiles de Polynésie française (Setep) milite pour inverser la tendance face aux importations, afin de “défendre l’emploi local”. Ses membres entrevoient plusieurs pistes de mesures, tout en travaillant à l’élaboration d’une charte globale, qu’ils souhaitent présenter au nouveau ministre de l’Économie.
Créé en 2019 par six sociétés adhérentes, le syndicat des ennoblisseurs textiles de Polynésie française (Setep) réunit aujourd’hui une douzaine de petites et grandes entreprises de Tahiti, avec une adhésion en cours aux Marquises. Ce collectif représente une cinquantaine de salariés et un chiffre d’affaires annuel autour de 500 à 600 millions de francs.
Créé en 2019 par six sociétés adhérentes, le syndicat des ennoblisseurs textiles de Polynésie française (Setep) réunit aujourd’hui une douzaine de petites et grandes entreprises de Tahiti, avec une adhésion en cours aux Marquises. Ce collectif représente une cinquantaine de salariés et un chiffre d’affaires annuel autour de 500 à 600 millions de francs.
Inverser la tendance
La rentrée scolaire et ses 80% de tee-shirts d’uniforme importés ont mis en lumière la raison d’être de ce syndicat, qui milite pour inverser la tendance, en faveur de la production locale. “Notre grand cheval de bataille pour défendre l’emploi local, c’est de recentrer la production en Polynésie française. Ça peut coûter un peu plus cher, mais à côté de ça, l’argent reste sur le territoire et fait vivre des familles”, remarque Éric Alga, président du Setep et directeur général de Bylie, à la Presqu’île, qui envisage de mener une campagne d’information auprès des établissements du second degré.
Mais les enjeux de la filière dépassent le cadre scolaire. “Il faudrait aussi montrer l’exemple lorsqu’il s’agit de fonds publics : on peut imaginer un avis d’appel d’offres localisé, en mettant un critère de points conséquent sur le fait que ce soit vraiment réalisé localement, comme dans d’autres métiers”, suggère-t-il, déplorant l’absence de taxe de développement local (TDL), tandis qu’une loi du Pays de 2016 exonère tous les entrants textiles au Fenua.
“C’est un combat de tous les jours depuis plusieurs années, et une fierté de dire que dans ma boutique, tout est fait localement, à l’exception de quelques articles, comme les lunettes. Pour rééquilibrer la balance, si on pouvait taxer ceux qui importent et détaxer ceux qui produisent localement, ça encouragerait peut-être à aller dans le bon sens”, ajoute Bertrand Meriot, gérant de Varua Crewz et Kokai, à la fois imprimeur textile et propriétaire d’une marque.
Le syndicat rassemble une douzaine de petites et grandes entreprises, soit une cinquantaine de salariés.
Une charte dès 2025
Drapeaux, broderies, transferts, pour répondre à la demande, les entreprises investissent dans des machines coûteuses à la pointe de la technologie, ne cessant d’élargir leur panel de produits et de supports. Les efforts passent aussi par un fonctionnement plus autonome des sites de production : plusieurs sont déjà équipés d’une toiture de panneaux solaires, tandis que le recyclage des eaux tend à se développer.
Au-delà des labels obtenus à titre individuel, le Setep travaille à l’élaboration d’une charte, qui devrait aboutir en janvier 2025. “L’idée, c’est que les adhérents s’engagent au-delà du fait de fabriquer au Fenua, avec un cahier des charges qui soit aussi environnemental, économique et social, en adéquation avec ce qu’on pense être bénéfique pour notre île. Ce cadre sera aussi la garantie pour nos clients de se dire qu’ils travaillent avec des sociétés responsables à tous les niveaux”, soulignent Christophe Chabry et Véronique Rulfo, respectivement directeur général et responsable QHSE de STP-Multipress, à Punaauia.
Pour Nadia Yonker, responsable communication de l’entreprise, “l’enjeu, c’est aussi de faire connaître ces métiers locaux, qui ne sont pas très connus du grand public, alors que ça nous concerne tous au quotidien, professionnels comme particuliers, de l’affiche publicitaire à la gourde en passant par le cahier”.
Dans les prochaines semaines, le syndicat prévoit de rencontrer Warren Dexter, nouveau ministre de l’Économie, pour le sensibiliser aux enjeux de la filière. “On est concurrents, mais nous sommes d’abord des confrères. On s’entraide en cas de panne ou de rupture de stock. La vraie concurrence, c’est la fabrication extérieure”, concluent les représentants.