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En attendant Tahiti Air Charter, les hélicos assurent le relais


Tahiti, le 24 juin 2021 - Les Marquisiens attendront encore un peu. A défaut d'avoir obtenu les dernières autorisations de l'aviation civile, Tahiti Air Charter ne pourra pas commencer son programme de vol le 1er juillet comme prévu par la délégation de service public. En attendant son lancement effectif, c'est Tahiti Nui Helicopters qui assurera l'intérim… mais pas avant la mi-juillet, sauf miracle. 

L'incertitude était fondée. Toujours en attente des autorisations de l’aviation civile de l’État sur les procédures d’exploitation, Tahiti Air Charter ne pourra pas démarrer son programme de vol le 1er juillet, comme prévu par la délégation de service public (DSP) qu'elle a remporté pour la desserte inter-îles des Marquises (Ua Pou et Ua Huka). Si des réponses sont attendues aujourd'hui, le dossier "très technique" nécessitera par ailleurs "une expertise de l'échelon central de la DGAC" indique le haussariat, avec une attention toute particulière sur les "risques identifiés" et sur les "mesures compensatoires", l'objectif de l'Etat étant de "s’assurer qu’elles sont adaptées et suffisantes".

Dans ce contexte, c'est la société Tahiti Nui Helicopters qui serait pressentie pour prendre la relève derrière Zimex Aviation, le prestataire suisse d'Air Tahiti qui assurait l'intérim depuis le 1er février. Si la possibilité de prolonger le contrat de la compagnie suisse a bien été évoquée, elle a été écartée pour des raisons de coûts. “Trop cher”, résume simplement le ministre des Transports, Jean-Christophe Bouissou, indiquant des discussions engagées avec Tahiti Air Charter et la filiale d'Air Tahiti Nui, qui assure au passage les évasans aux Marquises. “On s'est entretenu avec Tahiti Nui Helicopters parce qu'on ne va pas laisser la population en situation de ne pas pouvoir se mouvoir”, indique le ministre des Transports.

Trouver un pilote d'hélico
 
Le responsable politique s'est d'ailleurs rendu aux Marquises pour rassurer les maires de la Codim (Communauté de communes des îles Marquises) sur la continuité du service. “C'est un dossier qui avance bien”, assure le ministre, précisant que la compagnie d'hélicoptères doit encore “mettre en place les effectifs et les conditions d'exploitation pour pouvoir le faire”. L'intérim prendrait la forme d'un contrat de sous-traitance pour le compte du délégataire de service public “et selon les tarifs qui ont été fixés dans le cahier des charges de la DSP”, a souligné Jean-Christophe Bouissou jeudi matin en marge de l’examen du 3e collectif budgétaire du Pays à l'assemblée. Mais le temps d'évaluer l'impact au niveau du personnel et notamment de trouver un commercial et un pilote supplémentaire, qui soit vacciné, mais aussi de lui trouver une place sur un vol entre Tahiti et les Marquises (quasi complet sur le mois de juillet), il est fort probable que la société ne démarre pas avant la mi-juillet.

Cessna 208 Grand Caravan
 
Reste donc à savoir qui pourrait assurer la continuité de la desserte entre le 1er et le 10, voire le 15 juillet. Déjà sur place, la compagnie d'hélicoptères a débuté ses vols inter-îles dans l'archipel à la demande. Exerçant ici en dehors du cadre de la délégation de service public, elle ne pourra pas s'aligner sur les tarifs fixés dans le cahier des charges de la DSP pour un résident : soit 5 949 Fcfp l'aller simple Ua Huka-Nuku Hiva avec bagage en soute de 10 kilos et 7 726 Fcfp pour un vol Ua Pou-Nuku Hiva.

Sur ces dix à quinze jours de battement, ce sont donc les tarifs classiques tels qu'ils apparaissent sur le site internet de la compagnie d'hélicoptères qui seront appliqués : soit 19 500 Fcfp l'aller simple Taiohae - Ua Pou et 26 000 Fcfp Taiohae - Ua Huka. Les hélicoptères assurant déjà les évasan, ils ne devraient pouvoir assurer que quelques vols, principalement le matin entre 6h30 et 8 heures et en fin de journée entre 16h30 et 18 heures. A moins d'effectuer ces vols au détriment des évacuations sanitaires. Notons également que les appareils de la compagnie ne comptent que cinq places, contre huit pour le Cessna 208 Grand Caravan de Tahiti Air Charter. Ce qui implique d'augmenter la fréquence des vols. Enfin, la question de la durée du contrat de prestation avec Tahiti Nui Helicopters se pose. Difficile en effet de convaincre un pilote de s'engager sur un mois.
 

L'État ne "précipitera pas l'instruction du dossier" pour des "motifs de calendrier"

En attendant Tahiti Air Charter, les hélicos assurent le relais
Sollicité par la rédaction de Tahiti infos, le haussariat rappelle que l'État est “exclusivement compétent sur les questions de sécurité du transport aérien”, tandis que les “autorisations d’exploitation commerciale relèvent du Pays”. S’agissant de la desserte des Marquises, il précise que le dossier relatif à “l’étude de sécurité” a été déposé au SEAC (Service d'État de l'aviation civile) le vendredi 11 juin et qu'il fait “depuis plusieurs jours l’objet d’un premier niveau d’analyse” dans le but de pouvoir le transmettre à la DGAC (direction générale de l'aviation civile) “le plus rapidement possible”. Le service de l'État analyse plus spécifiquement les “risques identifiés” et “les mesures compensatoires", l'objectif de l'État étant de “s’assurer qu’elles sont adaptées et suffisantes”.
“Dossier très technique”, il nécessitera par ailleurs “une expertise de l'échelon central de la DGAC”. Si l’État se dit “tout à fait conscient des enjeux de calendrier”, il précise qu'il n’est “pas possible de précipiter l’instruction du dossier pour ce seul motif”. Notamment parce que la “détermination de la sécurité du transport aérien implique une responsabilité importante à la charge de l’État”.
Enfin, outre l’analyse du dossier technique, “au regard de la complexité des manœuvres aéronautiques sur certains aéroports des Marquises”, le haussariat précise “qu'il y aura une vérification en vol de la maîtrise par les pilotes de la gestion de la machine avant la mise en œuvre de l'exploitation”.
Enfin et “conformément à la demande du Pays”, le haut-commissariat annonce l'organisation “très rapidement” d'une réunion de travail en visioconférence avec le Pays et la DGAC à Paris, “pour faire un point sur ce dossier important pour les Marquises”. Et renvoie gentiment la balle dans le camp du Pays sur les “conditions dans lesquelles sera organisée la continuité du service après le 1er juillet” : des “prérogatives du Pays”.
 

Rédigé par Esther Cunéo le Jeudi 24 Juin 2021 à 18:24 | Lu 2124 fois