Les deux projets de câble sous-marin passent de chaque côté de la faille des Tonga. Moana à gauche, Hawaiki à droite.
PAPEETE, le 2 mai 2016 - La compétition dure depuis plusieurs années entre les projets de câbles sous-marins Moana et Hawaiki, qui veulent relier la Nouvelle-Zélande aux États-Unis avec des extensions possibles jusqu'à nos îles du Pacifique Sud. La ligne d'arrivée est aujourd'hui en vue, alors que chaque projet doit présenter ses financements.
Elles sont encore deux entreprises à se disputer la construction du futur câble transpacifique, dans le sens Australie-Nouvelle-Zélande/Hawaii-États-Unis. Chacun inclut de possibles prolongations jusqu'en Polynésie française… Leurs projets se nomment Moana (porté par l'opérateur samoan Bluesky) et Hawaiki (porté par l'entreprise néo-zélandaise Hawaiki Submarine Cable). Mais les deux acteurs ne pourront pas tous les deux mener leur projet à terme : il n'y a la place que pour un seul câble, et le premier qui en commencera la construction condamnera l'autre entreprise à abandonner ses ambitions…
Il faut dire qu'avec l'augmentation régulière des débits qui transitent par les câbles sous-marins du Pacifique, la région est mûre pour un nouveau projet d'envergure. Rien que la liaison Nouvelle-Zélande/États-Unis est déjà suffisamment utilisée pour justifier une nouvelle infrastructure, en plus des besoins de nombreuses îles du Pacifique Sud sur le chemin, qui cherchent soit à se connecter à une fibre, soit à sécuriser à moindre coût leur câble existant.
Il faut donc se dépêcher, ce qui explique que les porteurs du projet Hawaiki aient annoncé en mars avoir rassemblé les fonds nécessaires et commandé le câble à TE SubCom. Leurs concurrents, eux, avaient déjà annoncé en décembre avoir signé avec Alcatel un contrat pour la construction de Moana, et négocier avec la Nouvelle-Zélande et plusiuers états du Pacifique une prolongation jusqu'à la Polynésie… Les deux câbles sont prévus pour être livrés en 2018.
Pour faire le point sur ces deux projets et leur éventuel impact sur la Polynésie, nous avons pu contacter les deux p-dg concernés. Ils nous présentent des différentes philosophies derrières leurs câbles.
Elles sont encore deux entreprises à se disputer la construction du futur câble transpacifique, dans le sens Australie-Nouvelle-Zélande/Hawaii-États-Unis. Chacun inclut de possibles prolongations jusqu'en Polynésie française… Leurs projets se nomment Moana (porté par l'opérateur samoan Bluesky) et Hawaiki (porté par l'entreprise néo-zélandaise Hawaiki Submarine Cable). Mais les deux acteurs ne pourront pas tous les deux mener leur projet à terme : il n'y a la place que pour un seul câble, et le premier qui en commencera la construction condamnera l'autre entreprise à abandonner ses ambitions…
Il faut dire qu'avec l'augmentation régulière des débits qui transitent par les câbles sous-marins du Pacifique, la région est mûre pour un nouveau projet d'envergure. Rien que la liaison Nouvelle-Zélande/États-Unis est déjà suffisamment utilisée pour justifier une nouvelle infrastructure, en plus des besoins de nombreuses îles du Pacifique Sud sur le chemin, qui cherchent soit à se connecter à une fibre, soit à sécuriser à moindre coût leur câble existant.
Il faut donc se dépêcher, ce qui explique que les porteurs du projet Hawaiki aient annoncé en mars avoir rassemblé les fonds nécessaires et commandé le câble à TE SubCom. Leurs concurrents, eux, avaient déjà annoncé en décembre avoir signé avec Alcatel un contrat pour la construction de Moana, et négocier avec la Nouvelle-Zélande et plusiuers états du Pacifique une prolongation jusqu'à la Polynésie… Les deux câbles sont prévus pour être livrés en 2018.
Pour faire le point sur ces deux projets et leur éventuel impact sur la Polynésie, nous avons pu contacter les deux p-dg concernés. Ils nous présentent des différentes philosophies derrières leurs câbles.
Adolfo Montenegro, p-dg de Bluesky Pacific Group (accompagné de Maui Sanford, en charge du "business development" de Moana Communications)
Qu'est-ce que le Bluesky Pacifique Group ?
Nous sommes opérateur aux Samoa, Samoa Américaines, les îles Cook et en Nouvelle-Zélande. Nous sommes également un opérateur de câbles sous-marins aux Samoa et Samoa Américaines.
Nous avons commencé à travailler sur le câble Moana il y a un an à peu près, et l'idée est de connecter la Nouvelle-Zélande à Hawaii, avec une autre branche vers les Samoa et les Samoa Américaines, ainsi que les îles Cook et potentiellement jusqu'à Tahiti. Nous avons déjà un accord signé avec une compagnie américaine à Hawaii qui possède un câble arrivant à Los Angeles, pour éviter de construire cette portion.
La Polynésie française veut et a besoin d'un câble de secours, donc ce que nous disons c'est qu'il y a une opportunité, maintenant, pour la Polynésie française d'économiser de l'argent en utilisant les connectivités que nous prévoyons entre les îles, en particulier aux îles Cook.
Le gouvernement polynésien parle d'un projet avec les néo-zélandais et les pays du Pacifique sud…
Nous faisons partie de ce projet, en complément. Le concept qui circule pour le moment est que Tahiti pourrait montrer la voie en se connectant aux Samoa, et potentiellement rassembler tous ces autres pays en chemin. Et dans ce scénario, nous sommes un fournisseur pour le câble sous-marin. Nous pourrions alors lui permettre d'avoir une connexion des Samoa vers la Nouvelle-Zélande ou Hawaii.
Pourquoi assurez-vous que votre projet serait meilleur pour les îles du Pacifique que celui de Hawaiki ?
Ce qu'il se passe c'est que nous avons un point de vue différent. Nous pensons qu'il faut utiliser la Nouvelle-Zélande pour nous aider à nous connecter, parce qu'il y a beaucoup de gens là-bas pour remplir le câble. Pour la portion de câble entre Tahiti et les Cook, nous ne nous voyons que comme des facilitateurs. Je pense que les autres opérateurs se voient comme des générateurs de revenus. Mais Tahiti va utiliser ce câble comme un backup, c'est difficile à justifier économiquement, il faut que ce soit peu onéreux, donc si quelqu'un essaie de faire de l'argent avec ça, ça ne va pas marcher facilement. Nous avons vu ça immédiatement, parce que nous sommes opérateurs aux îles Cook, donc nous voyons une opportunité pour Tahiti de se connecter, et profiter du fait que les Cook aussi ont besoin de se connecter et peuvent participer au prix du câble. D'autres entités aussi pourraient subventionner ce câble, chacun amène une petite partie.
L'autre opérateur regarde le projet en entier et parle de 300 millions de dollars… Je ne sais pas. Nous, nous regardons chaque portion du projet et expliquons que nous pouvons le construire à prix coûtant. Je pense que personne d'autre ne peut vous proposer de le construire à prix coûtant. Nous, notre idée est de relier ensuite tout le monde à Hawaii et à la Nouvelle-Zélande où il y a de la demande pour remplir le câble.
Hawaiki aussi veut répondre à cette demande, et assure avoir les financements et lancé la construction du câble. Y aurait-il de la place pour un deuxième projet comme Moana ?
Et bien, c'est là que nous en sommes. Nous posons la question, 'avez-vous les financements, pouvez-vous nous les montrer ?' Et s'ils le font, franchement nous nous arrêterons. C'est la raison pour laquelle nous demandons. Mais maintenant, ils ne répondent pas, donc nous n'avons aucune preuve que c'est vrai. Du coup il faut que nous poursuivions. Parce que si nous arrêtons, ça ne se fera jamais.
Mais s'ils construisent leur câble, notre projet est bien plus difficile. Il faudra faire de nouvelles études pour voir si deux câbles peuvent survivre. Au final c'est un business, donc quelqu'un doit payer la facture. S'il n'y a pas assez de demande pour le justifier, il faut s'arrêter.
Donc nos îles ne pourraient plus profiter de votre projet ?
Pas du tout. Ce que nous avons fait, et je pense que c'est une bonne chose, c'est de séparer les deux projets. Si Moana ne se fait pas, nous pouvons relier les îles, Tahiti, Cook, Samoa… aux Fidji. Ce n'est pas optimal, puisqu'il se connecte à Southern Cross, mais c'est un plan B. Donc une connexion entre Tahiti et les îles Cook fournira quoi qu'il arrive une ligne de secours, que ce soit Moana ou Hawaiki qui est construit.
Vous êtes donc en contact avec l'OPT et le gouvernement. Lors de la conférence de la PITA au CESC, le ministre de l'Économie Numérique semblait est très opposé aux projets se connectant aux Fidji, dans l'idée de devenir le hub du Pacific Sud. Ce serait détrimental à votre projet ?
Au contraire, c'est bon pour nous, car ça signifie que les chances de Moana augmentent. Il y aurait plus de soutien pour un projet alternatif, ce qui fait du sens. Si nous allons tous à Fidji, c'est le point unique de défaillance. Si quelque chose cloche aux Fidji, tout le monde perd sa connexion. Mais si nous avons les Fidji ET Samoa, ça fait deux options pour tout le monde dans le Pacifique !
Vous savez, quand nous allons en Nouvelle-Zélande, les clients nous demandent pourquoi notre câble est logique. C'est parce que nos coûts sont bien plus faibles, nous n'essayons pas de faire le câble parfait et le plus cher. Nous essayons de créer la solution la plus adaptée, et donc si le coût est plus faible, c'est plus facile à financer. Et c'est ce que les îles veulent pour un câble de secours : pas cher mais fiable.
Nous sommes opérateur aux Samoa, Samoa Américaines, les îles Cook et en Nouvelle-Zélande. Nous sommes également un opérateur de câbles sous-marins aux Samoa et Samoa Américaines.
Nous avons commencé à travailler sur le câble Moana il y a un an à peu près, et l'idée est de connecter la Nouvelle-Zélande à Hawaii, avec une autre branche vers les Samoa et les Samoa Américaines, ainsi que les îles Cook et potentiellement jusqu'à Tahiti. Nous avons déjà un accord signé avec une compagnie américaine à Hawaii qui possède un câble arrivant à Los Angeles, pour éviter de construire cette portion.
La Polynésie française veut et a besoin d'un câble de secours, donc ce que nous disons c'est qu'il y a une opportunité, maintenant, pour la Polynésie française d'économiser de l'argent en utilisant les connectivités que nous prévoyons entre les îles, en particulier aux îles Cook.
Le gouvernement polynésien parle d'un projet avec les néo-zélandais et les pays du Pacifique sud…
Nous faisons partie de ce projet, en complément. Le concept qui circule pour le moment est que Tahiti pourrait montrer la voie en se connectant aux Samoa, et potentiellement rassembler tous ces autres pays en chemin. Et dans ce scénario, nous sommes un fournisseur pour le câble sous-marin. Nous pourrions alors lui permettre d'avoir une connexion des Samoa vers la Nouvelle-Zélande ou Hawaii.
Pourquoi assurez-vous que votre projet serait meilleur pour les îles du Pacifique que celui de Hawaiki ?
Ce qu'il se passe c'est que nous avons un point de vue différent. Nous pensons qu'il faut utiliser la Nouvelle-Zélande pour nous aider à nous connecter, parce qu'il y a beaucoup de gens là-bas pour remplir le câble. Pour la portion de câble entre Tahiti et les Cook, nous ne nous voyons que comme des facilitateurs. Je pense que les autres opérateurs se voient comme des générateurs de revenus. Mais Tahiti va utiliser ce câble comme un backup, c'est difficile à justifier économiquement, il faut que ce soit peu onéreux, donc si quelqu'un essaie de faire de l'argent avec ça, ça ne va pas marcher facilement. Nous avons vu ça immédiatement, parce que nous sommes opérateurs aux îles Cook, donc nous voyons une opportunité pour Tahiti de se connecter, et profiter du fait que les Cook aussi ont besoin de se connecter et peuvent participer au prix du câble. D'autres entités aussi pourraient subventionner ce câble, chacun amène une petite partie.
L'autre opérateur regarde le projet en entier et parle de 300 millions de dollars… Je ne sais pas. Nous, nous regardons chaque portion du projet et expliquons que nous pouvons le construire à prix coûtant. Je pense que personne d'autre ne peut vous proposer de le construire à prix coûtant. Nous, notre idée est de relier ensuite tout le monde à Hawaii et à la Nouvelle-Zélande où il y a de la demande pour remplir le câble.
Hawaiki aussi veut répondre à cette demande, et assure avoir les financements et lancé la construction du câble. Y aurait-il de la place pour un deuxième projet comme Moana ?
Et bien, c'est là que nous en sommes. Nous posons la question, 'avez-vous les financements, pouvez-vous nous les montrer ?' Et s'ils le font, franchement nous nous arrêterons. C'est la raison pour laquelle nous demandons. Mais maintenant, ils ne répondent pas, donc nous n'avons aucune preuve que c'est vrai. Du coup il faut que nous poursuivions. Parce que si nous arrêtons, ça ne se fera jamais.
Mais s'ils construisent leur câble, notre projet est bien plus difficile. Il faudra faire de nouvelles études pour voir si deux câbles peuvent survivre. Au final c'est un business, donc quelqu'un doit payer la facture. S'il n'y a pas assez de demande pour le justifier, il faut s'arrêter.
Donc nos îles ne pourraient plus profiter de votre projet ?
Pas du tout. Ce que nous avons fait, et je pense que c'est une bonne chose, c'est de séparer les deux projets. Si Moana ne se fait pas, nous pouvons relier les îles, Tahiti, Cook, Samoa… aux Fidji. Ce n'est pas optimal, puisqu'il se connecte à Southern Cross, mais c'est un plan B. Donc une connexion entre Tahiti et les îles Cook fournira quoi qu'il arrive une ligne de secours, que ce soit Moana ou Hawaiki qui est construit.
Vous êtes donc en contact avec l'OPT et le gouvernement. Lors de la conférence de la PITA au CESC, le ministre de l'Économie Numérique semblait est très opposé aux projets se connectant aux Fidji, dans l'idée de devenir le hub du Pacific Sud. Ce serait détrimental à votre projet ?
Au contraire, c'est bon pour nous, car ça signifie que les chances de Moana augmentent. Il y aurait plus de soutien pour un projet alternatif, ce qui fait du sens. Si nous allons tous à Fidji, c'est le point unique de défaillance. Si quelque chose cloche aux Fidji, tout le monde perd sa connexion. Mais si nous avons les Fidji ET Samoa, ça fait deux options pour tout le monde dans le Pacifique !
Vous savez, quand nous allons en Nouvelle-Zélande, les clients nous demandent pourquoi notre câble est logique. C'est parce que nos coûts sont bien plus faibles, nous n'essayons pas de faire le câble parfait et le plus cher. Nous essayons de créer la solution la plus adaptée, et donc si le coût est plus faible, c'est plus facile à financer. Et c'est ce que les îles veulent pour un câble de secours : pas cher mais fiable.
Rémi Galasso, p-dg de Hawaiki Submarine Cable
Où en est le projet de câble Hawaiki ? Les prolongations vers les autres îles du Pacifique ?
Le projet de câble Hawaiki a été annoncé pour la première fois en 2012 lors du Forum des îles du Pacifique organisé à Rarotonga. Il nous aura fallu près de 4 ans pour boucler le finalement du projet, mais c’est chose faite depuis le 31 mars dernier et l’entrée en vigueur du contrat de fourniture signé avec notre partenaire américain TE SubCom, leader mondial des câbles sous-marins optiques. La phase de construction a d’ores et déjà commencé et va durer 26 mois, pour une mise en service du câble prévue en juin 2018.
Hawaiki va relier la Nouvelle Zélande et l’Australie à Hawaii, et à la côte Ouest des États-Unis. C’est un projet de près de 14 000 km. Le câble sera équipé de 3 paires de fibre et aura une capacité de transmission de 30 Terabit/s, soit l’équivalent du téléchargement de 700 DVD à la seconde.
Hawaiki va permettre de répondre à l’explosion de l’Internet en Australie et en Nouvelle Zélande, dont le volume de trafic à destination des Etats-Unis double pratiquement tous les 2 ans. Hawaiki sera donc une nouvelle autoroute de l’information, et nous avons informé toutes les îles du Pacifique Sud que des bretelles de raccordements sont envisageables jusqu’au 30 juin 2016. Passé ce délai, il sera trop tard. Les premiers à se décider ont été les Samoa Américaines, où nous avons signé un contrat avec l’opérateur public ASTCA. D’autres annonces devraient suivre.
Êtes-vous en négociations avec le gouvernement de Polynésie française pour la prolongation du Hawaiki jusqu'à Tahiti ?
Le câble Hawaiki pourrait être une solution de sécurisation pour la Polynésie française qui ne dispose à ce jour que d’un seul câble. Par ailleurs, et c’est probablement ce qui est le plus important, Hawaiki permettrait d’acheminer le trafic Internet de la Polynésie jusqu’à Portland en Oregon, où le prix du Mégabit est bien plus compétitif qu’en Australie ou à Hawaii. Cela signifie qu’en se raccordant à Hawaiki, la Polynésie Française pourrait bénéficier de meilleurs tarifs pour son Internet. Il est indispensable de faire baisser les tarifs de l’Internet dans cette région. Des discussions sont en cours mais nous avons signé des accords de confidentialité m’empêchant de pouvoir vous en dire davantage.
Est-ce que la connexion à Honotua vous intéresse ? Apporterait-elle quelque chose au projet ? Votre projet permettrait-il de remplir Honotua avec du débit venant d'Australie ou Nouvelle-Zélande ?
Honotua raccorde Tahiti à Hawaii. Notre câble Hawaiki reliera la Nouvelle Zélande et l’Australie directement à Hawaii, puis à Portland. Donc nous n’avons pas forcément besoin de passer par Honotua, qui rallongerait de manière significative notre parcours. Ceci étant dit, des îles comme les Samoa Américaines, déjà engagées avec Hawaiki, ou Niue et les îles Cook, qui pourraient envisager un raccordement à Hawaiki, trouveraient avantage à sécuriser leur trafic via Tahiti et Honotua.
Les promoteurs du câble Moana assurent que vous n'avez pas encore réunis tous les financements nécessaires, qu'en est-il ?
Je pense qu’ils parlent d’eux-mêmes ! C’est d’une part faux, et d’autre part assez peu élégant. Nous leur souhaitons bonne chance.
Serait-il possible que le câble Hawaiki et le câble Moana soient construits tous les deux ? Sinon, est-ce qu'une course est en cours entre vos deux projets ?
La seule certitude à ce jour, c’est que le câble Hawaiki sera construit et apportera une solution alternative au câble Southern Cross qui a été posé il y a plus de 15 ans. Y a-t-il de la place pour un troisième câble ? Ce n’est pas sûr car le marché reste étroit, mais ce serait une bonne nouvelle, car nous croyons aux bienfaits de la concurrence.
Le projet de câble Hawaiki a été annoncé pour la première fois en 2012 lors du Forum des îles du Pacifique organisé à Rarotonga. Il nous aura fallu près de 4 ans pour boucler le finalement du projet, mais c’est chose faite depuis le 31 mars dernier et l’entrée en vigueur du contrat de fourniture signé avec notre partenaire américain TE SubCom, leader mondial des câbles sous-marins optiques. La phase de construction a d’ores et déjà commencé et va durer 26 mois, pour une mise en service du câble prévue en juin 2018.
Hawaiki va relier la Nouvelle Zélande et l’Australie à Hawaii, et à la côte Ouest des États-Unis. C’est un projet de près de 14 000 km. Le câble sera équipé de 3 paires de fibre et aura une capacité de transmission de 30 Terabit/s, soit l’équivalent du téléchargement de 700 DVD à la seconde.
Hawaiki va permettre de répondre à l’explosion de l’Internet en Australie et en Nouvelle Zélande, dont le volume de trafic à destination des Etats-Unis double pratiquement tous les 2 ans. Hawaiki sera donc une nouvelle autoroute de l’information, et nous avons informé toutes les îles du Pacifique Sud que des bretelles de raccordements sont envisageables jusqu’au 30 juin 2016. Passé ce délai, il sera trop tard. Les premiers à se décider ont été les Samoa Américaines, où nous avons signé un contrat avec l’opérateur public ASTCA. D’autres annonces devraient suivre.
Êtes-vous en négociations avec le gouvernement de Polynésie française pour la prolongation du Hawaiki jusqu'à Tahiti ?
Le câble Hawaiki pourrait être une solution de sécurisation pour la Polynésie française qui ne dispose à ce jour que d’un seul câble. Par ailleurs, et c’est probablement ce qui est le plus important, Hawaiki permettrait d’acheminer le trafic Internet de la Polynésie jusqu’à Portland en Oregon, où le prix du Mégabit est bien plus compétitif qu’en Australie ou à Hawaii. Cela signifie qu’en se raccordant à Hawaiki, la Polynésie Française pourrait bénéficier de meilleurs tarifs pour son Internet. Il est indispensable de faire baisser les tarifs de l’Internet dans cette région. Des discussions sont en cours mais nous avons signé des accords de confidentialité m’empêchant de pouvoir vous en dire davantage.
Est-ce que la connexion à Honotua vous intéresse ? Apporterait-elle quelque chose au projet ? Votre projet permettrait-il de remplir Honotua avec du débit venant d'Australie ou Nouvelle-Zélande ?
Honotua raccorde Tahiti à Hawaii. Notre câble Hawaiki reliera la Nouvelle Zélande et l’Australie directement à Hawaii, puis à Portland. Donc nous n’avons pas forcément besoin de passer par Honotua, qui rallongerait de manière significative notre parcours. Ceci étant dit, des îles comme les Samoa Américaines, déjà engagées avec Hawaiki, ou Niue et les îles Cook, qui pourraient envisager un raccordement à Hawaiki, trouveraient avantage à sécuriser leur trafic via Tahiti et Honotua.
Les promoteurs du câble Moana assurent que vous n'avez pas encore réunis tous les financements nécessaires, qu'en est-il ?
Je pense qu’ils parlent d’eux-mêmes ! C’est d’une part faux, et d’autre part assez peu élégant. Nous leur souhaitons bonne chance.
Serait-il possible que le câble Hawaiki et le câble Moana soient construits tous les deux ? Sinon, est-ce qu'une course est en cours entre vos deux projets ?
La seule certitude à ce jour, c’est que le câble Hawaiki sera construit et apportera une solution alternative au câble Southern Cross qui a été posé il y a plus de 15 ans. Y a-t-il de la place pour un troisième câble ? Ce n’est pas sûr car le marché reste étroit, mais ce serait une bonne nouvelle, car nous croyons aux bienfaits de la concurrence.