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Une rentrée qui inquiète


Tahiti, le 8 novembre 2020 - Après deux semaines de vacances scolaires, le protocole sanitaire a été "renforcé" selon le ministère de l'Education pour éviter la propagation du virus dans les établissements. Syndicats et parents d'élèves estiment pourtant qu'il ne s'agit que de "demies mesures" et craignent l'apparition de nouveaux clusters.
 
Après deux semaines de vacances, 51 000 élèves sont attendus, ce lundi, sur les bancs de leurs établissements scolaires respectifs. Mais voilà, les syndicats du corps enseignant ainsi que la fédération des parents d'élèves sont inquiets. Ils ne s'estiment pas rassurés par les "nouvelles mesures sanitaires" prises par le ministère de l'Education. Marqués par le cluster du lycée du Diadème, syndicats d'enseignants et représentants des parents d'élève craignent d'autres clusters. "On va faire une rentrée normale comme avant, avec soi-disant des mesures renforcées, mais sans personnel supplémentaire", dénonce le secrétaire général du Snetaa-FO, Maheanuu Routhier.

"Un pansement sur une jambe de bois"

Pour le secrétaire territorial de la FSU Polynésie, Hiroarii Bessert, les mesures sanitaires sont "des demies mesures". Il s'attendait à "des directives strictes" et craint une augmentation des cas Covid. De son côté, le président de la Fédération des parents d'élèves, Tepuanui Snow, estime que le protocole sanitaire est "un pansement sur une jambe de bois". Selon lui, c'est "la pression économique" qui "prend le dessus sur la santé de nos enfants".
 
Des propos pourtant réfutés par le directeur de cabinet du ministère de l'Education, Thierry Delmas : "On est persuadé qu'il est préférable de garder les élèves et de renforcer les protocoles sanitaires". Thierry Delmas assure que le protocole sanitaire a été renforcé dans l'ensemble des établissements avec l'utilisation des tests antigéniques par l'infirmière lorsqu'il y a suspicion de Covid ou encore la mise à disposition de 24 guides sanitaires pour faire de la prévention. "Il faut trouver un équilibre entre protéger les élèves et les personnels mais en même temps pouvoir continuer les apprentissages".

Sanctions pour l'absentéisme ?

Syndicats et parents sont unanimes sur une crainte : celle de l'absentéisme. Maheanuu Routhier affirme que certains parents ont pris les devants : "ils ont signé des décharges pour ne pas remettre leurs enfants à la rentrée et attendre celle du mois de janvier. Les établissements vont se vider d'eux même avec cette grosse crainte". Tepuanui Snow estime que "le brassage des élèves est problématique car il favorise la transmission du virus (...). Les autorités n'ont pas anticipé". Et pour Hiroarii Bessert les même mesures sanitaires "pourraient avoir l'effet inverse" et augmenter l'absentéisme.
 
Thierry Delmas rappelle que lorsque les établissements scolaires sont ouverts, les élèves doivent être présents car "il n'y aura pas de continuité pédagogique ". Si un élève a une santé fragile, un certificat médical sera nécessaire pour qu'il justifie son absence. Le directeur de cabinet assure qu'il n'y aura pas de sanctions destinés "aux transgressions du règlement intérieur" si les élèves ne reviennent pas. Mais selon lui les chefs d'établissement devront user de tous les moyens pour qu'ils réintègrent leur classe.

Un signalement à la CPS

"Si jamais l'école nous signale beaucoup d'absences, la décision peut être prise de suspendre les allocations familiales, cela a toujours été comme cela", explique de son côté la chargée de communication de la CPS, Punareva Bonnet. Assez incitatif ? "La vie des grands-parents vaut plus que les allocations", estime Maheanuu Routhier. Pour autant, Thierry Delmas tempère en précisant qu'une solution aussi extrême n'est pas envisagée : "Il n'y a pas de consigne actuelle pour dire que les élèves absents ne vont plus toucher leurs allocations".

Hiroarii Bessert secrétaire territorial de la FSU Polynésie : "Des demies mesures"

"Ce sont des demies mesures. Il est fort possible qu'il y ait une augmentation des cas. Cela pourrait avoir l'effet inverse de ce qu'on cherche à faire pour éviter l'absentéisme car par peur certains parents vont garder leurs enfants à la maison. (Il faut) Que les élèves ne changent pas de salles, que les profs soient itinérants, la mise en place d'un sens unique dans l'établissement ou encore la mise en place d'accompagnements spécialisés. C'est aussi une demie mesure que ces 24 guides sanitaires pour tous les établissements scolaires, cela veut dire qu'il y aura un guide par établissement pour des centaines ou des milliers d'élèves."

Tepuanui Snow président de la fédération des parents d'élèves : "Demis groupes en classe"

"Nous sommes inquiets car c'est un pansement sur une jambe de bois et ça ne répond pas à l'urgence sanitaire actuelle. Il y a eu de la part de nos autorités une absence d'anticipation. Le brassage des enfants à l'école est problématique car il favorise la transmission du virus. Le schmilblick n'a pas avancé et c'est dommage. J'ai l'impression que la pression économique prend le dessus sur la santé de nos enfants. (…) Nous avons fait douze propositions comme l'organisation des classes par demi groupes comme demandé depuis août. Cette organisation permet de respecter la distanciation, c'est plus facile de gérer une classe de 15-20 élèves que de gérer une classe de 35. Cela va permettre de stopper la chaîne de transmission du virus. Et le ministre Jean-Michel Blanquer vient de prendre cette décision."

Maheanuu Routhier, secrétaire général du Snetaa : "C'est aberrant"

Une rentrée qui inquiète
"On va faire une rentrée normale, comme avant avec soi-disant des mesures renforcées mais sans personnel supplémentaire (...). C'est aberrant et j'espère qu'il n'y aura pas d'autres clusters comme au Diadème. On nous a dit qu'on pourrait mettre des CAE mais le Pays n'a pas les moyens de mettre du personnel en plus dans les écoles. (…) Nous ce qu'on veut, c'est que nos enfants puissent continuer à s'instruire, mais maintenant dans quelles conditions ?"

Thierry Delmas, directeur de cabinet de la ministre de l'Education : "On s'adapte"

"Le protocole sanitaire a été renforcé. On a des guides sanitaires pour convaincre les élèves de porter le masque. Pendant les vacances, il y a eu un relâchement dans les familles. On a des zones tampons dans les internats pour isoler les élèves Covid+. L'infirmière peut faire les tests antigéniques et les repérer très rapidement. Les établissements savent qu'il faut limiter autant que possible les brassages et les regroupements. (…) On laisse les établissements scolaires appliquer autant que possible les préconisations sanitaires. On fait en fonction des situations de chaque établissement car la situation n'est pas la même entre Tahiti, Moorea et les îles. On s'adapte et chaque établissement doit limiter au maximum les brassages."

Grève générale dans l'éducation demain sauf l'Unsa

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Crise sanitaire oblige, l'appel à la grève du FSU et du Snes au fenua, demain, ne sera pas comme on a l'habitude de vivre avec notamment des manifestations, des marches, ou encore faire le piquet devant un quelconque établissement du Pays ou de l'Etat.
 
Le Snetaa appelle ses adhérents à prendre des photos de leur manifestation devant les établissements scolaires alors que le Fsu Polynésie ainsi que le Snes seront présents par visioconférence pour pouvoir répondre aux questions, et interagir avec les parents ou toute autre personne.
 
Tout comme la métropole, les syndicats "exigent" la mise en place d'"un vrai protocole sanitaire renforcé" car ils estiment que la protection "totale et complète" des agents relève de la responsabilité des employeurs. Ainsi, les syndicats demandent à "procéder au recrutement de ces personnels" et l'allègement des effectifs dans les classes.
 
Le Fsu Polynésie déplore aussi le manque de matériel informatique pour les élèves et enseignants "à l'ère du numérique".
 
Les syndicat ont demandé une audience au haut-commissaire et au président du Pays.

Pas de grève du côté de l'Unsa

L'Unsa n'appelle pas à la grève à cause de la "double crise sanitaire et terroriste" qui est évolutive mais aussi au délai "rapproché" de la manifestation. Le syndicat considère aussi que cet appel va conduire à une perte de salaire alors même que "de nombreux foyers, y compris chez les personnels, subissent des pertes de revenus provoquées par la crise".
 
L'Unsa met en exergue "l'état d'exaspération et d'épuisement" du personnel enseignant et demande la diminution des groupes d'élèves ou encore la protection des élèves et du personnel.

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Dimanche 8 Novembre 2020 à 23:06 | Lu 3481 fois