Tahiti Infos

Les secouristes de la course Hawaiki Nui Va'a : "Nous transportons un véritable hôpital avec nous"


Les secouristes ont six bateaux pour suivre la Hawaiki Nui, assurer la sécurité de la course et transporter 21 bénévoles et près de 700 kg de matériel.
Les secouristes ont six bateaux pour suivre la Hawaiki Nui, assurer la sécurité de la course et transporter 21 bénévoles et près de 700 kg de matériel.
RAIATEA, le 4 novembre 2017 - Ils sont 21 sauveteurs, infirmières et médecins à accompagner la Hawaiki Nui Va'a cette année. Nous sommes allés à la rencontre de ces bénévoles qui font tout pour éviter qu'un accident pendant la course ne tourne au drame.

A chaque étape de la Hawaiki Nui Va'a 2017, la tente des secouristes est prête à accueillir tous les blessés de la caravane, aussi bien chez les sportifs que leurs accompagnateurs. C'est un véritable hôpital de campane qui est mis en place pour traiter les petits bobos, mais aussi les blessures les plus graves.

"Pendant la course le cas grave typique est le coup de chaleur, donc une déshydratation sévère qui provoque des troubles de conscience et qui engage le pronostique vital"
"Pendant la course le cas grave typique est le coup de chaleur, donc une déshydratation sévère qui provoque des troubles de conscience et qui engage le pronostique vital"
La Fédération Polynésienne de Protection Civile (ancienne Fédération de secourisme) a mobilisé 21 bénévoles pour l'événement. Trois médecins, six infirmiers, des secouristes prêts à se jeter à l'eau pour récupérer un blessé et des responsables logistiques pour organiser tout ce beau monde. La tente est équipée avec près de 700 kilogrammes de matériel médical transporté par bateau. Cet hôpital mobile est même mieux équipé que les dispensaires des îles où la course fait étape (sauf à Raiatea qui a son propre hôpital). Les secouristes sont aussi sur l'océan en compagnie les rameurs, avec six bateaux, dont trois poti marara prêts à intervenir en urgence.

Tous les secouristes volontaires sont des experts des urgences, et ils sont vigilants pour les problèmes récurrents, comme les déshydratations sévères, et les accidents exceptionnels, comme un ravitailleur qui passe sous l'hélice d'un bateau… Une présence rassurante sur la course, qui permet à tous les sportifs de se donner à fonds en toute confiance. "Ça fait plaisir de pouvoir participer à un événement culturel de la Polynésie. On ne rame pas, mais on soigne si besoin, chacun apporte ce qu'il peut !" nous explique Susana Diaz, une infirmière anesthésiste du CHPF, secouriste volontaire.

Une bonne nouvelle, les secouristes soulignent que leur intervention est de moins en moins nécessaire : "ça fait 19 ans que je suis médecin secouriste sur la course, et on voit qu'il y a nettement moins de personnes qui arrivent en état de choc. C'est très net cette année, ils sont vraiment préparés comme des sportifs de haut-niveau, il s'hydratent mieux..." nous explique le docteur Eric Bonnieux.



Susana Diaz et Eric Bonnieux

Eric Bonnieux et Susana Diaz
Eric Bonnieux et Susana Diaz
Infirmière et médecin bénévoles de la Fédération Polynésienne de Protection civile
"Le plus souvent nous traitons des déshydratations qui surviennent pendant l'effort"


Que faites-vous pendant ces trois jours ?
Susana : Nous assurons la sécurité de l'événement, aussi bien des rameurs pendant la course que de la caravane qui suis la course. Il y a six bateaux qui suivent les rameurs pendant la course avec tout ce qu'il faut à bord pour pouvoir traiter des cas grave, et au sol nous avons la tente avec tout le nécessaire. Nous transportons un véritable hôpital avec nous jusqu'à Bora Bora !
Eric : Le plus souvent nous traitons des déshydratations qui surviennent pendant l'effort, aussi bien des défaillances pendant la course qu'à l'arrivée. Il y a aussi ce qu'on appelle la 'bobologie', donc des ampoules, des petites plaies. Et de temps en temps il y a des choses plus graves qui surviennent.

C'est important d'avoir tout ce dispositif ?
Eric : Bien-sûr car il faut pouvoir intervenir vite quand il y a des défaillances. Ça permet qu'un infirmier prenne en charge un patient pour commencer la réhydratation, et éventuellement de l'amener au médecin, et nous allons le prendre en charge pour l'amener soit ici à la tente, soit éventuellement l'évacuer vers l'hôpital.

Sur une course comme la Hawaiki Nui, quel est le cas le plus grave qui pourrait se présenter ?
Eric : Pendant la course c'est vraiment le coup de chaleur, donc un déshydratation sévère qui provoque des troubles de conscience et qui engage le pronostique vital. Donc il faut une réhydratation en profondeur et un refroidissement du patient. Mais ça nous est arrivé de devoir prendre en charge des gens accidentés, sur l'eau et sur terre. Les années précédentes il a fallut évacuer des accidentés de Huahine, donc on a profité du dispositif.
Susana : C'est un gros événement et les îles voient leur population se multiplier pendant la course. Donc il y a tout ce qui a un rapport avec la course, mais aussi tout ce qu'il y a autour. Il faut pouvoir réagir très rapidement. Un moment dangereux, ce sont les ravitaillement des rameurs. Et il y a déjà eu des gens qui sont passés sous les hélices d'un bateau, et même des amputations sur d'autres courses !


Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Samedi 4 Novembre 2017 à 13:50 | Lu 1728 fois