Tahiti, le 8 juillet 2021 – Diagnostiquée après son arrivée à l'aéroport de Tahiti-Faa'a, la personne porteuse du Delta importé n'était pas vaccinée, n'a pas respecté son isolement de dix jours, ni les tests à J+4 et à J+8. Soit les conditions idéales pour une propagation en toute tranquillité du variant indien, réputé 40 à 60% plus contagieux que l'Alpha. Si l'enquête de "contact tracing" tente d'éteindre l'incendie, le mal est fait.
Le ver est dans le fruit. Alors que le bulletin épidémiologique annonce mercredi “une possible circulation du Delta sur Tahiti”, les errances d'un cas importé plusieurs jours après son arrivée à l'aéroport de Tahiti-Faa'a ont donné une bonne longueur d'avance au variant, réputé pour sa contagiosité : soit 40 à 60% de plus que l'Alpha. Aucune raison donc qu'il n'ait pas commencé à se répandre comme une traînée de poudre. Au regard de son évolution dans le monde et des dernières données de la recherche, “ça peut aller très vite” confirme l'épidémiologiste de la plateforme Covid, Henri-Pierre Mallet.
C'est que le Delta a trouvé l'hôte idéal pour s'introduire en Polynésie et se répliquer en toute tranquillité. Non seulement, le cas importé (un résident du fenua de retour de France) n'était pas vacciné, mais il n'a pas non plus respecté les dix jours de quarantaine et pour couronner le tout, il ne s'est pas donné la peine de faire les tests à J+4 et à J+8. “Il a fait le test antigénique à l'arrivée, et quand il s'agit d'un variant, la charge virale est lourde". L'individu n'étant pas vacciné, "le haut-commissariat lui a délivré un arrêté de quarantaine dans un endroit déterminé”, précise-t-on à la plateforme Covid. Mais entre deux contrôles des forces de l'ordre, l'individu s’est autorisé une virée. Placé dans un nouveau lieu dédié, il aurait encore outrepassé les consignes. Dans l'intervalle d'une dizaine de jours, lorsque la personne a ressenti les premiers symptômes, les autorités ont réalisé après séquençage qu'il s'agissait bien du variant Deltan. Mais entre-temps, elle avait fréquenté plusieurs personnes. Si cette dernière a fait l'objet d'un procès-verbal pour non-respect de la procédure, le mal était fait.
Cas non identifiés dans la nature
L'enquête en cours a déjà permis de repérer localement deux sujets contact du cas importé. Mais la plateforme Covid s'attend à d'autres départs d'incendie Delta. “Il suffit que des personnes ne suivent pas les protocoles pour mettre en danger tout le monde, et ce cas importé a eu beaucoup de contacts, dont deux sont déjà positifs”, déplore l'épidémiologiste. Le “Contact tracing” devrait permettre d'en identifier d'autres dans les prochains jours. "On peut imaginer qu'il y a eu localement d'autres sujets contact non identifiés dans la nature" indique l'épidémiologiste. De quoi faire dire aux autorités sanitaires que la Polynésie n'y échappera plus. Objectif maintenant : retarder le phénomène le plus possible. “C'était malheureusement prévisible, on essaye de contrôler au mieux ces importations mais c'est difficile de tout contenir”.
Néanmoins, si le variant est bien entré et qu'il a commencé son œuvre, les autorités affichent leur confiance dans la vaccination, s'appuyant sur les résultats des pays les plus avancés dans la campagne. Ainsi au Royaume-Uni - qui affronte une troisième vague de Covid-19 depuis début juin - la flambée des cas ne s’accompagne pas d’une hausse des hospitalisations, ni des décès. Or, 84% des adultes britanniques ont reçu au moins une dose et 63% ont reçu deux doses de vaccin. Même constat en Israël, où la part de vaccinés dans les nouveaux cas (40%) ne fait que refléter le fait que la population est finalement très majoritairement vaccinée (60% ont reçu les deux doses). En revanche, ce pays n'a enregistré depuis le 1er juin, que 21 décès dus au Covid-19, puis plus aucun depuis le 25 juin dernier. “Ça montre bien que le vaccin est efficace contre les formes graves” souligne Henri-Pierre Mallet.
Echappement immunitaire partiel
Mais aussi efficaces soient-ils pour ralentir la progression de la maladie et prévenir les formes graves du Covid-19 (hospitalisations, décès), les vaccins ne peuvent pas protéger 100% des vaccinés contre une infection. “Ça on le sait et c'était annoncé depuis le début”, se lasse de répéter le spécialiste. D'où l'intérêt de poursuivre la vaccination. D'autant que le seuil d'immunité collective censé empêcher la diffusion diffère selon le type de variant circulant. Estimé à 50% sur la base du variant Alpha (britannique), ce seuil qui comptabilise le niveau d’immunité naturelle (25% à Tahiti et Moorea) et la vaccination (23,8% sur la population totale), serait ainsi revu à la hausse. “En l'état actuel des choses, on ne bloquera pas la diffusion d'un variant Delta” résume l'épidémiologiste, craignant même “un échappement immunitaire partiel, dans la mesure où le vaccin reste aussi efficace contre les formes sévères, mais qu'il protège moins bien contre le virus Delta que contre le virus Alpha”. Dans ce contexte, les autorités invitent à conserver les mesures barrières et le masque en particulier.
Le filtre des contrôles sanitaires aux frontières n'étant pas étanches à 100% malgré les ressources humaines considérables déployées sur place, d'autres variants peuvent encore rentrer. Non éligibles au vaccin, les moins de 12 ans notamment peuvent être porteurs asymptomatiques. “On n'aura jamais une immunité complète en population”, relativise Henri-Pierre Mallet, rappelant les deux objectifs du Pays : “protéger les gens les plus fragiles” et “limiter la circulation en population, c'est-à-dire vacciner tout le monde, sachant qu'on n'y arrivera pas”.
Le ver est dans le fruit. Alors que le bulletin épidémiologique annonce mercredi “une possible circulation du Delta sur Tahiti”, les errances d'un cas importé plusieurs jours après son arrivée à l'aéroport de Tahiti-Faa'a ont donné une bonne longueur d'avance au variant, réputé pour sa contagiosité : soit 40 à 60% de plus que l'Alpha. Aucune raison donc qu'il n'ait pas commencé à se répandre comme une traînée de poudre. Au regard de son évolution dans le monde et des dernières données de la recherche, “ça peut aller très vite” confirme l'épidémiologiste de la plateforme Covid, Henri-Pierre Mallet.
C'est que le Delta a trouvé l'hôte idéal pour s'introduire en Polynésie et se répliquer en toute tranquillité. Non seulement, le cas importé (un résident du fenua de retour de France) n'était pas vacciné, mais il n'a pas non plus respecté les dix jours de quarantaine et pour couronner le tout, il ne s'est pas donné la peine de faire les tests à J+4 et à J+8. “Il a fait le test antigénique à l'arrivée, et quand il s'agit d'un variant, la charge virale est lourde". L'individu n'étant pas vacciné, "le haut-commissariat lui a délivré un arrêté de quarantaine dans un endroit déterminé”, précise-t-on à la plateforme Covid. Mais entre deux contrôles des forces de l'ordre, l'individu s’est autorisé une virée. Placé dans un nouveau lieu dédié, il aurait encore outrepassé les consignes. Dans l'intervalle d'une dizaine de jours, lorsque la personne a ressenti les premiers symptômes, les autorités ont réalisé après séquençage qu'il s'agissait bien du variant Deltan. Mais entre-temps, elle avait fréquenté plusieurs personnes. Si cette dernière a fait l'objet d'un procès-verbal pour non-respect de la procédure, le mal était fait.
Cas non identifiés dans la nature
L'enquête en cours a déjà permis de repérer localement deux sujets contact du cas importé. Mais la plateforme Covid s'attend à d'autres départs d'incendie Delta. “Il suffit que des personnes ne suivent pas les protocoles pour mettre en danger tout le monde, et ce cas importé a eu beaucoup de contacts, dont deux sont déjà positifs”, déplore l'épidémiologiste. Le “Contact tracing” devrait permettre d'en identifier d'autres dans les prochains jours. "On peut imaginer qu'il y a eu localement d'autres sujets contact non identifiés dans la nature" indique l'épidémiologiste. De quoi faire dire aux autorités sanitaires que la Polynésie n'y échappera plus. Objectif maintenant : retarder le phénomène le plus possible. “C'était malheureusement prévisible, on essaye de contrôler au mieux ces importations mais c'est difficile de tout contenir”.
Néanmoins, si le variant est bien entré et qu'il a commencé son œuvre, les autorités affichent leur confiance dans la vaccination, s'appuyant sur les résultats des pays les plus avancés dans la campagne. Ainsi au Royaume-Uni - qui affronte une troisième vague de Covid-19 depuis début juin - la flambée des cas ne s’accompagne pas d’une hausse des hospitalisations, ni des décès. Or, 84% des adultes britanniques ont reçu au moins une dose et 63% ont reçu deux doses de vaccin. Même constat en Israël, où la part de vaccinés dans les nouveaux cas (40%) ne fait que refléter le fait que la population est finalement très majoritairement vaccinée (60% ont reçu les deux doses). En revanche, ce pays n'a enregistré depuis le 1er juin, que 21 décès dus au Covid-19, puis plus aucun depuis le 25 juin dernier. “Ça montre bien que le vaccin est efficace contre les formes graves” souligne Henri-Pierre Mallet.
Echappement immunitaire partiel
Mais aussi efficaces soient-ils pour ralentir la progression de la maladie et prévenir les formes graves du Covid-19 (hospitalisations, décès), les vaccins ne peuvent pas protéger 100% des vaccinés contre une infection. “Ça on le sait et c'était annoncé depuis le début”, se lasse de répéter le spécialiste. D'où l'intérêt de poursuivre la vaccination. D'autant que le seuil d'immunité collective censé empêcher la diffusion diffère selon le type de variant circulant. Estimé à 50% sur la base du variant Alpha (britannique), ce seuil qui comptabilise le niveau d’immunité naturelle (25% à Tahiti et Moorea) et la vaccination (23,8% sur la population totale), serait ainsi revu à la hausse. “En l'état actuel des choses, on ne bloquera pas la diffusion d'un variant Delta” résume l'épidémiologiste, craignant même “un échappement immunitaire partiel, dans la mesure où le vaccin reste aussi efficace contre les formes sévères, mais qu'il protège moins bien contre le virus Delta que contre le virus Alpha”. Dans ce contexte, les autorités invitent à conserver les mesures barrières et le masque en particulier.
Le filtre des contrôles sanitaires aux frontières n'étant pas étanches à 100% malgré les ressources humaines considérables déployées sur place, d'autres variants peuvent encore rentrer. Non éligibles au vaccin, les moins de 12 ans notamment peuvent être porteurs asymptomatiques. “On n'aura jamais une immunité complète en population”, relativise Henri-Pierre Mallet, rappelant les deux objectifs du Pays : “protéger les gens les plus fragiles” et “limiter la circulation en population, c'est-à-dire vacciner tout le monde, sachant qu'on n'y arrivera pas”.