Sao Paulo, Brésil | AFP | samedi 10/01/2015 - Au Brésil, plus de la moitié des bébés naissent par césarienne, ce qui en fait le numéro un mondial en la matière. Une véritable "épidémie", s'inquiète le gouvernement, qui veut y remédier.
"L'épidémie de césariennes dans le pays est inacceptable et il faut la traiter comme un problème de santé publique", affirme le ministre brésilien de la Santé, Arthur Chioro.
Dans ce pays de 202 millions d'habitants, 56% des naissances se produisent par césarienne. Le taux grimpe à 84,6% dans les cliniques privées contre 40% dans les hôpitaux publics, selon le ministère. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande de ne pas dépasser les 15%.
Se fondant sur des données prouvant les avantages de l'accouchement par voie naturelle, le gouvernement de la présidente Dilma Rousseff a lancé cette semaine une initiative qui durcit le contrôle sur les médecins et cherche à dissuader les mères de faire une césarienne lorsque cette intervention n'est pas strictement nécessaire.
A partir de juillet, les Brésiliennes qui opteront pour une assurance privée pourront exiger les pourcentages de césariennes pratiquées aussi bien par leur médecin que dans la clinique.
"De plus, pour recevoir ses honoraires, le médecin devra remplir un document avec toutes les données sur la femme à partir du moment où elle commence à avoir des contractions, inexistantes dans le cas d'une césarienne", explique à l'AFP le président de l'Agence nationale de santé complémentaire (ANS), André Longo.
Le gouvernement cherche ainsi à éviter les opérations non nécessaires et programmées longtemps à l'avance puisque le médecin devra expliquer pourquoi il n'a pas fait d'accouchement naturel. Les institutions privées seront aussi obligées d'informer la future mère sur les risques auxquels elle s'expose si elle choisit une césarienne.
Un accouchement par césarienne augmente de 120% les risques de maladie respiratoire pour le nourrisson et multiplie par trois le risque de décès de la mère, souligne le ministère.
Le mythe de la sexualité
Au Brésil de nombreuses femmes fuient l'accouchement naturel par peur de la douleur ou parce qu'elles pensent que cela affectera leur vie sexuelle.
"La femme brésilienne s'inquiète de sa sexualité et a peur que l'accouchement modifie son périnée, ce qui est un mythe", déclare Vera Fonseca, directrice de la Fédération Brésilienne d'Associations de Gynécologie, au quotidien Folha de Sao Paulo.
Mais cela a des conséquences sur le système de santé publique, déjà défaillant.
"Dans le public, l'accouchement est une pratique violente et grossière et les femmes ne veulent pas passer par là. Alors elles ont recours a un plan de santé privé où là, l'objectif est de faire des bénéfices", affirme Ana Cristina Duarte, responsable du groupe d'appui à la maternité active GAMA.
Elle considère les mesures annoncées par le gouvernement "insuffisantes" puisqu'elles ne prévoient même pas d'amendes.
"Elles se limitent à obliger les services publics à s'améliorer, sans rien interdire", déplore-t-elle.
Quelque 70% des Brésiliennes préfèrent accoucher naturellement au début de leur grossesse mais finalement elles sont très peu (15,4% dans le secteur privé) à garder cette conviction jusqu'à la fin.
"Au Brésil, les gens pensent qu'une césarienne est un type d'accouchement, et non pas une intervention chirurgicale. On ne les prévient pas des risques. Personne ne demande d'examens pré-opératoires", alerte la porte-parole de GAMA.
Le prestigieux hôpital Albert Einstein de Sao Paulo a lancé un programme pour encourager les mères à accoucher par voie basse, même s'il affiche un taux de césariennes de 76%.
"Beaucoup de femmes ont peur de l'accouchement naturel et pour les médecins il est plus facile de fixer une date à l'avance", explique à l'AFP la responsable de la maternité de l'hôpital, Rita Sanchez.
L'ANS, l'organisme qui réglemente le système privé de santé au Brésil, auquel ont recours 25% des Brésiliens, reconnaît les limites de l'initiative gouvernementale.
"Nous réglementons fortement ce que la loi nous permet, les opérateurs. Nous n'avons pas la puissance d'agir directement sur les médecins et les hôpitaux", argue le président de l'ANS, reconnaissant que ces mesures "ne sont pas la panacée".
par Rosa SULLEIRO (AFP)
"L'épidémie de césariennes dans le pays est inacceptable et il faut la traiter comme un problème de santé publique", affirme le ministre brésilien de la Santé, Arthur Chioro.
Dans ce pays de 202 millions d'habitants, 56% des naissances se produisent par césarienne. Le taux grimpe à 84,6% dans les cliniques privées contre 40% dans les hôpitaux publics, selon le ministère. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande de ne pas dépasser les 15%.
Se fondant sur des données prouvant les avantages de l'accouchement par voie naturelle, le gouvernement de la présidente Dilma Rousseff a lancé cette semaine une initiative qui durcit le contrôle sur les médecins et cherche à dissuader les mères de faire une césarienne lorsque cette intervention n'est pas strictement nécessaire.
A partir de juillet, les Brésiliennes qui opteront pour une assurance privée pourront exiger les pourcentages de césariennes pratiquées aussi bien par leur médecin que dans la clinique.
"De plus, pour recevoir ses honoraires, le médecin devra remplir un document avec toutes les données sur la femme à partir du moment où elle commence à avoir des contractions, inexistantes dans le cas d'une césarienne", explique à l'AFP le président de l'Agence nationale de santé complémentaire (ANS), André Longo.
Le gouvernement cherche ainsi à éviter les opérations non nécessaires et programmées longtemps à l'avance puisque le médecin devra expliquer pourquoi il n'a pas fait d'accouchement naturel. Les institutions privées seront aussi obligées d'informer la future mère sur les risques auxquels elle s'expose si elle choisit une césarienne.
Un accouchement par césarienne augmente de 120% les risques de maladie respiratoire pour le nourrisson et multiplie par trois le risque de décès de la mère, souligne le ministère.
Le mythe de la sexualité
Au Brésil de nombreuses femmes fuient l'accouchement naturel par peur de la douleur ou parce qu'elles pensent que cela affectera leur vie sexuelle.
"La femme brésilienne s'inquiète de sa sexualité et a peur que l'accouchement modifie son périnée, ce qui est un mythe", déclare Vera Fonseca, directrice de la Fédération Brésilienne d'Associations de Gynécologie, au quotidien Folha de Sao Paulo.
Mais cela a des conséquences sur le système de santé publique, déjà défaillant.
"Dans le public, l'accouchement est une pratique violente et grossière et les femmes ne veulent pas passer par là. Alors elles ont recours a un plan de santé privé où là, l'objectif est de faire des bénéfices", affirme Ana Cristina Duarte, responsable du groupe d'appui à la maternité active GAMA.
Elle considère les mesures annoncées par le gouvernement "insuffisantes" puisqu'elles ne prévoient même pas d'amendes.
"Elles se limitent à obliger les services publics à s'améliorer, sans rien interdire", déplore-t-elle.
Quelque 70% des Brésiliennes préfèrent accoucher naturellement au début de leur grossesse mais finalement elles sont très peu (15,4% dans le secteur privé) à garder cette conviction jusqu'à la fin.
"Au Brésil, les gens pensent qu'une césarienne est un type d'accouchement, et non pas une intervention chirurgicale. On ne les prévient pas des risques. Personne ne demande d'examens pré-opératoires", alerte la porte-parole de GAMA.
Le prestigieux hôpital Albert Einstein de Sao Paulo a lancé un programme pour encourager les mères à accoucher par voie basse, même s'il affiche un taux de césariennes de 76%.
"Beaucoup de femmes ont peur de l'accouchement naturel et pour les médecins il est plus facile de fixer une date à l'avance", explique à l'AFP la responsable de la maternité de l'hôpital, Rita Sanchez.
L'ANS, l'organisme qui réglemente le système privé de santé au Brésil, auquel ont recours 25% des Brésiliens, reconnaît les limites de l'initiative gouvernementale.
"Nous réglementons fortement ce que la loi nous permet, les opérateurs. Nous n'avons pas la puissance d'agir directement sur les médecins et les hôpitaux", argue le président de l'ANS, reconnaissant que ces mesures "ne sont pas la panacée".
par Rosa SULLEIRO (AFP)