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Emploi : Trois visages de la fonction publique


PAPEETE, le 21 octobre 2014 - Ce jeudi 23 octobre, tous ceux qui sont intéressés par une carrière dans la fonction publique pourront profiter du Carrefour de l’Emploi Public à l’UPF. Loin d’être un repaire de gratte-papiers, le fonctionnariat offre un éventail très large de métiers allant de l’armée à la cuisine. Rencontre avec trois fonctionnaires.

Pour sa 4ème édition, le Carrefour de l’Emploi Public de l’UPF accueillera demain 60 personnes répartis sur 20 stands et 10 ateliers dans l’Amphi A de l’Université de Polynésie française, de 8h à 15h. Ils présenteront les différents métiers qui composent les effectifs des communes, du Pays et de l’État.

Ce sera le point d’information idéal pour tous ceux qui cherchent encore leur voie et pensent pouvoir trouver une vocation dans le service aux usagers. Ils découvriront une diversité inattendue de métiers, pourront se renseigner sur les procédures permettant d’intégrer les différentes fonctions publiques et même s’entrainer aux oraux des concours.

Pour l’occasion, nous avons réalisé le portrait de trois fonctionnaires :

Adjudant-chef Victor Maraeauria, technicien à la Cellule d’Identification Criminelle de la gendarmerie

« Notre cellule, armée de quatre techniciens (que je dirige), s’occupe de tout ce qui est Police Technique et Scientifique. C’est ce qui rassemble toutes les nouvelles technologies pour apporter cette plus-value aux investigations, tout ce qui a trait à l’ADN, le sang, les empreintes… Notre cursus à la base c’est d’être simple gendarme, donc avec le bac. On commence avec la formation initiale, ensuite on va sur le terrain puis au fil de la carrière on passe certains diplômes, notamment celui d’Officier de Police Judiciaire qui est une première marche vers ma spécialité. C’est un stage à l’école de Fontainebleau qui nous forme à cette spécialité de Technicien en Identification Criminelle.

Ce qui m’a poussé vers ça c’est un intérêt pour la science, les nouvelles technologies et une spécialisation du travail. A la différence de mes camarades qui sont en brigade et font le tout-venant, des bagarre, des plaintes, nous c’est très spécifique. Nous sommes saisis principalement pour des homicides et les crimes les plus graves, et dès que ça nous est signalé on s’en occupe du début à la fin. D’abord nos constatations, puis il y a souvent une autopsie, les saisies et scellés sont envoyés pour expertise en métropole, et bien souvent nous sommes convoqués aux Assises pour parler de nos dossiers techniques. Moi je suis un maillon de la chaine de l’enquête, en aide aux enquêteurs. Nous avons un panel de travail très vaste, mais si je dois faire un schéma, ce serait un tiers sur le terrain, et deux-tiers au bureau.

Dans ce métier il faut arriver à concilier le travail et la vie personnelle. Il faut être disponible tout le temps, pour l’affaire Ramin j’ai dû partir aux Marquises du jour au lendemain et j’y suis resté 10 jours. Et on fait beaucoup d’autopsies, ce ne sont pas des images rigolotes à voir, ce n’est pas un métier à la portée de n’importe qui. Moi je fais du va’a, c’est mon exutoire, je suis capitaine de l’équipe de va’a de la gendarmerie. Je félicite aussi ma femme de son courage, parce qu’à cause du travail je suis bien souvent absent. Ce métier est exigeant, mais passionnant ! Et il faut garder à l’esprit que l’on est au service de l’État et de la population. C’est en lien surement avec mon vécu, mais j’ai un fort sentiment du service public, et dès que je peux orienter, aiguiller ou aider les citoyens ou mes camarades métropolitains qui débarquent, je le fais.
»

Mihirangi Moeroa, chef de projet restauration scolaire pour le SPCPF (le syndicat des communes)

« J’ai fait un DUT de technique de commercialisation en métropole, puis une licence en création et gestion de petites organisations et j’ai fini par un master de commerce international en Australie, c’était vraiment orienté management et marketing. Je suis revenue à Tahiti en 2012 et j’ai commencé à travailler dans une agence de voyage. C’était très intéressant car je redécouvrais la Polynésie française, c'était déjà de la gestion de projet. Mais je n’ai pas renouvelé mon contrat, je souhaitais faire autre chose, et il y a eu l’opportunité du SPC en tant que chef de projet de restauration scolaire. Il n’y avait pas de lien direct avec ma formation, sauf que le SPC cherchait quelqu’un qui n’était pas trop dans la technique, pour gérer la restauration scolaire de manière globale. J’ai ensuite passé le concours de catégorie A, c’était difficile !

Maintenant je fais un peu de tout : mon poste consiste à accompagner les communes dans tous les domaines. En priorité c’est l’hygiène et la sécurité alimentaire, et autour de ça il y a la gestion du personnel, la gestion financière, les relations avec l’équipe enseignante et les parents d’élèves, l’approvisionnement en produits locaux et jusqu’à l’agriculture… Je réponds aux questions des communes, mais il faut surtout que je sois force de proposition.

Je fais du terrain, là je rentre de Taputapuatea, et du travail de bureau. Par rapport à ma formation c’est très différent de ce que j’imaginais, mais les communes se modernisent de plus en plus, même dans le management. Mais le service public, ce n’est pas la même mentalité que le privé. Là on ne cherche pas la rentabilité, mais le qualitatif, le long terme et la concertation.
»

Imera Souchet, responsable formation au CGF (Centre de Gestion et de Formation)

« Je suis responsable de formation au CGF depuis mars 2014. Je recense les besoins en formation dans toutes les communes puis j’organise les formations demandées. Le CGF est un établissement public administratif qui a pour mission la formation la formation des agents communaux.

Mais moi-même j’ai un parcours atypique. Dès la sortie du bac en 2003 je suis entré à l’université, en LEA, mais au lieu de terminer j’ai voulu entrer dans le monde du travail, et je suis entrée en 2004 à Air Tahiti. J’ai travaillé pour eux 8 ans, et au bout de ce temps, sur les encouragements de mon compagnon qui travaille dans le monde communal j’ai commencé à m’y intéresser. C’était un gros risque à prendre de laisser un CDI pour un CDD avec un concours à la clé, mais Air Tahiti m’a donné une mise en disponibilité. En 2012, je suis entrée à la mairie de Arue comme responsable d’état civil, j’y ai travaillé un an et demi. Mais pour pouvoir y rester, la condition imposée par la fonction publique communale était de réussir le concours de catégorie B. Le CGF m’a donné deux semaines de préparation à ce concours, et j’ai réussi, mais ça a été un peu compliqué, il a fallu me plonger dans les leçons et ouvrir mon esprit à de la culture générale complémentaire. Avec la mobilité des fonctionnaires communaux j’ai pu postuler au CGF, et étant lauréate du concours j’ai été acceptée.

Par rapport au privé, où il faut faire du chiffre, où il faut que ce soit rentable et avoir un sens commercial, c’est totalement différent. Là dans le public c’est travailler pour tous, servir les administrés d’abord. Et ce qui me plait dans le poste de responsable de formation c’est que je ne sers plus seulement la population de Arue mais toute la Polynésie par le biais de la formation des agents communaux. Il y a aussi le salaire, le temps de travail est plus souple, et même professionnellement ce sont d’autres challenges et une évolution de carrière beaucoup plus intéressante. Mais je pense que d’avoir eu cette expérience professionnelle de 8 ans ça m’a ouvert l’esprit et ça a pu m’aider à passer le concours plus facilement qu’un bachelier.
»

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Mardi 21 Octobre 2014 à 16:38 | Lu 1994 fois