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Le compte d’aide aux victimes des calamités est à sec


Sur la côte Est des familles sont encore accueillies dans des salles communes en attendant d'être relogées.
Sur la côte Est des familles sont encore accueillies dans des salles communes en attendant d'être relogées.
PAPEETE, le 23 février 2016. Alors que la saison cyclonique n'est pas encore achevée, les fonds disponibles sur le compte d'aide aux victimes des calamités (CAVC), est presque vide. Par ailleurs, les mécanismes de ce compte interrogent les élus car le CAVC ne peut pas répondre à l'urgence.

Après le dernier collectif budgétaire effectué la semaine dernière pour libérer des fonds pour les sinistrés de la côte Est, il ne reste actuellement dans les caisses du Compte d'aide aux victimes des calamités que 300 000 Fcfp. Autant dire rien alors que la saison cyclonique ne se termine qu'à la fin du mois d'avril et que déjà, les premières estimations des travaux à réaliser aux Marquises après les pluies des 14 et 24 janvier à Hiva Oa et Ua Pou, sont à 175 millions de Fcfp. Aussi la discussion mardi dernier à l'assemblée territoriale a-t-elle été soutenue à ce sujet entre les élus d'une part et le gouvernement d'autre part. Le vice-président, Nuihau Laurey a néanmoins rassuré, à plusieurs reprises, sur les capacités du Pays à faire face à d'autres calamités naturelles dans les prochaines semaines ou les prochains mois. "Le solde du CAVC est effectivement quasiment nul et va se poser la question de l'abondement de ce compte. Le Pays devra intervenir avec son budget général, par le biais d'emprunts complémentaires ou par des prélèvements sur le fonds d'investissement et de garantie de la datte (FIGD). La mobilisation de crédits additionnels le Pays peut y faire face". La possibilité d'avoir recours à des emprunts restera néanmoins limitée car le CAVC a déjà des crédits sur le dos.

Au 1er janvier 2016, l'encours à rembourser reste encore de 2,075 milliards. Quant au transfert de trésorerie via le fonds d'investissement et de garantie de la dette si jamais la nécessité se fait sentir, le vice-président a admis lui-même qu'il ne pourra se faire que "de manière marginale". Le mieux serait sans doute que la fin de la saison cyclonique se déroule dans le calme.

De toutes les façons, les disponibilités financières du CAVC devront au moins être abondées des besoins qui se font jour après les pluies ayant atteint les Marquises en janvier dernier. En effet, après les fortes précipitations ayant touché Ua Pou le 14 janvier et Hiva Oa le 24 janvier, le gouvernement a déclaré à la suite du conseil des ministres de mercredi dernier l'état de catastrophe naturelle et décidé de mobiliser les fonds du Compte d'aide aux victimes des calamités.

L'URGENCE N'EST PAS PRISE EN COMPTE

Autre critique émise au cours de ce débat à l'assemblée de Polynésie au sujet de ce CAVC, la lourdeur des procédures existantes qui n'autorisent pas la mobilisation de fonds en urgences pour répondre aux premiers besoins de nécessité après une catastrophe naturelle. Après les inondations de la côte Est en décembre 2015, les premiers fonds débloqués via le CAVC, 800 millions de Fcfp, l'ont été dès le 21 décembre. A peine dix jours après. Mais durant ces premières semaines, dans les jours, les heures mêmes qui ont suivi la catastrophe, les sinistrés n'ont pas eu de prise en charge de leur situation de dénuement via les pouvoirs publics. L'aide est arrivée avant tout par les associations, les confessions religieuses, la bonne volonté de la population indemne.

"Lorsque le Pays confronté à une catastrophe naturelle, l'urgence implique de travailler en urgence. Seul, le Pays, l'Etat et les communes ont les ressources humaines mobilisables immédiatement pour faire face à te telles circonstances. Or, lors des dernières intempéries chacun est intervenu de son côté sans coordination. Il faudrait pouvoir envisager le regroupement des habitants en danger dans les bâtiments publics du Pays, que les premières aides de nécessité en lits en nourriture puissent être faites. Or, il n'y a rien eu de tout ça, si ce n'est pas le tissu associatif ou des donateurs privés. Le gouvernement est arrivé rapidement avec sa grosse logistique mais les besoins primaires aliment, logement, n'ont pas été pris en urgence" remarque Chantal Flores-Tahiata, représentante de l'UPLD. Même critique de la part de Gilda Vaiho du Tahoera'a, "c'est regrettable que, faute de textes, on ne peut compter que sur la solidarité des associations ou de la population pour les besoins urgents" rappelant que les 1400 sinistrés de la côte Est ont reçu quelques semaines plus tard jusqu'à neuf tonnes de dons alimentaires grâce aux collectes organisées dans les magasins par trois associations. L'élue soulignant, en outre, que ces intempéries subies en décembre par trois communes de la côte Est étaient localisées et n'avaient rien à voir, dans leur ampleur, aux dommages que pourraient causer un cyclone ravageant Tahiti.


Calamité naturelle reconnue pour Hiva Oa et Ua Pou

De fortes pluies se sont abattues sur les îles de Ua Pou et Hiva Oa aux Marquises respectivement les 14 et 24 janvier 2016. Ces fortes précipitations ont causé de multiples dégradations aux infrastructures routières et fluviales. Les masses d’eau, de matériaux boueux et de débris végétaux, ont arraché les protections de berges faites de murs en béton, d’enrochements et de gabions. Les arbres déracinés, ainsi que divers autres apports ont constitué des embâcles au niveau de nombreux ouvrages hydrauliques sous les routes territoriales et sur les rivières concernées. Les eaux sortant des lits ont alors inondé les chaussées et créé d’importants dégâts matériels.

Plusieurs ponts ont été endommagés et l’un d’entre eux est à reconstruire à Hanapaaoa sur l’île de Hiva Oa. L’estimation des travaux de réparation des infrastructures s’élève à 175 millions Fcfp. Le Conseil des ministres a décidé de déclarer l’état de catastrophe naturelle et de mobiliser les fonds du CAVC (Compte d’aide aux victimes des calamités).

La semaine dernière, lors du collectif budgétaire n°2 du CAVC effectué pour libérer des fonds pour les communes de la côte Est, Gilda Vaiho, élue du Tahoera'a demandait qu'une première aide d'urgence de 11 millions de Fcfp puisse être débloquée pour ces deux îles, afin de louer les engins nécessaires au déblaiement des éboulements causés par ces pluies. Son amendement a été toutefois rejeté après un vif débat entre les élus : le gouvernement expliquant que l'estimation des travaux à réaliser était encore en cours et devait être affinée avant de pouvoir voter des attributions financières.

1,4 milliard pour les communes de la côte Est

Après une première mobilisation des fonds du CAVC, le 21 décembre dernier de 800 millions de Fcfp pour venir en aide aux sinistrés de Mahina et Hitia'a O Te Ra, une nouvelle enveloppe d'aide a été approuvée mardi dernier, à l'unanimité, par les élus territoriaux. Ces dépenses sont financées "par un prélèvement de la totalité des réserves du compte qui sont estimées provisoirement à 600,9 millions Fcfp au 19 janvier 2016" indique le rapport de la délibération votée. Cette somme se répartit comme suit :
• 8 millions pour la prise en charge des heures supplémentaires effectuées par les agents de la direction de l’équipement ;
• 15 millions Fcfp sont dédiés aux opérations de nettoyage et de sécurisation du site des Trois cascades ;
• 32,6 millions au titre de la reconstitution de l’outil économique, compenseront les pertes subies par les agriculteurs ;
• 63 millions Fcfp pour financer notamment les locations d’engins et de matériels, les approvisionnements en carburants et consommables, ainsi que l’évacuation des déchets au centre d’enfouissement technique de Taravao ;
• 400 millions Fcfp de subvention à l’OPH pour la reconstruction des fare détruits ;
• 82 millions Fcfp sont virés en section d’investissement pour financer en partie les travaux de réparation.


Par ailleurs, 855 millions de Fcfp sont inscrits en section d’investissement pour la réparation des infrastructures publiques de la côte Est après les pluies diluviennes du 12 décembre 2015. Quatre autorisations de programme spécifiques sont inscrites. Ces travaux concernent en particulier :
- le site des 3 cascades ;
- le réseau routier territorial ;
- l’aménagement du domaine public fluvial ;
- l’aménagement d’accès et de viabilisation de parcelles domaniales.

Des sinistrés ont reçu des aides en matériaux pour reconstruire.
Des sinistrés ont reçu des aides en matériaux pour reconstruire.
Les premiers travaux de reconstruction début mars

Après les violentes intempéries et inondations du 12 décembre 2015 sur la côte Est, l'aide débloquée par le Pays via le Compte d'aide aux victimes de calamités (CAVC) va permettre de démarrer, à peine trois mois après, la reconstruction des fare détruits. Certaines familles ont déjà reçu des aides en matériaux.
Le vice-président du Pays, Nuihau Laurey a fait un point chiffré et très précis mardi dernier de l'état des aides qui ont été (ou vont être) distribuées aux familles sinistrées de la côte Est. Quatre commissions se sont déjà réunies pour étudier les cas de 157 dossiers : 123 ont été engagés dont 53 bons attribués déjà le 1er février (17 à Mahina, 20 à Papenoo et 16 à Tiarei). Il restera ensuite une trentaine de dossiers à traiter qui le seront dans le courant du mois de mars. La prochaine commission devra valider, par ailleurs des demandes de constructions de fare transférées en aide en matériaux : il s'agit là de 28 dossiers au total. Pour ce qui concerne les constructions de maisons, une subvention de fonctionnement de 400 millions de Fcfp est dégagée et des autorisations de programme pour la viabilisation de terrains sont prévues pour un total de 200 millions.

Dans le détail, 26 dossiers de demandes de construction ont été déposés en zone bleue (sur ces 26 dossiers 19 dossiers de fare OPH sont en cours dont six ont déjà obtenu des permis de construire avec un démarrage des travaux prévu à la fin du mois de février). Nuihau Laurey a ensuite évoqué "un point un peu plus problématique : les demandes concernant la zone rouge". Sur cette zone 33 demandes de construction ont été déposées. 12 dossiers sont en cours avec des négociations menées par le Pays pour déplacer les zones de construction : cinq sur du foncier Pays à Tiarei et sept sur du foncier familial. "21 dossiers ont été transférés en aide en matériaux compte tenu de l'impossibilité de trouver du foncier". La prochaine commission se tiendra à la fin du mois de février pour confirmer "la possibilité technique ou non de construire les 19 fare en zone bleue" après les demandes effectuées auprès du cadastre en matière d'implantation et de permis de construire.


Rédigé par Mireille Loubet le Mardi 23 Février 2016 à 21:58 | Lu 2417 fois