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Cités flottantes : un projet en plusieurs vagues


PAPEETE, le 26 décembre 2017. Le projet de cités flottantes prévoit dans un premier temps des constructions sur une surface maritime de 7.5 hectares. Mais ce n'est que la première partie du plan, qui comporte en tout trois phases. Le projet pourrait ainsi tripler de taille. Une étude économique indique que près de 2 000 emplois directs et indirects pourraient être créés à l'issue de la troisième phase. Aujourd'hui, il est encore difficile de connaitre l'impact environnemental de ce projet tant que "l’emplacement exact et la conception" n'ont pas été définis.

● Au sud de Tahiti
"Depuis les hauteurs de Tahiti, le projet ressemble à une île vue de loin. En s’approchant de l’île flottante par bateau, les volumes des bâtis se dessinent. La forme de l’île résulte d’un certain nombre de structures flottantes encerclant une surface d’eau protégée", peut-on lire dans le document de présentation réalisée par la société Blue Frontiers. Le mois dernier, cette société qui est le maitre d'œuvre du projet d’îles flottantes, imaginé par l’Institut Seasteading, a présenté au Pays une étude environnementale et une étude économique sur l'impact de cette initiative.
Ces deux rapports font suite à l'« accord d’intention » signé en janvier dernier entre le gouvernement et le directeur général de l’Institut Seasteading. Ce document prévoyait que les "parties collaboreront activement afin de finaliser le cadre règlementaire spécial avant la fin de l'année 2017". Pour le moment, aucun cadre règlementaire n'a été validé par le Pays.

Après avoir visité plusieurs lieux, comme les lagons de Raiatea-Tahaa ou Tupai, les porteurs du projet envisagent finalement de s'installer au sud de Tahiti. "La zone maritime pilote englobe environ 7,5 ha avec 12 plates-formes qui devraient nécessiter environ 0,1 % (0,75 ha) de l’espace total", indique l'étude environnementale. "Le projet sera situé dans les zones plus profondes (20-40 m), qui ont une densité de colonies de corail plus faible et minimisent le risque que les plateformes touchent le fond."

"Les sept plus petites plateformes des villas ont une superficie d’environ 200m2 chacune", indique Blue Frontiers. "Celles-ci seront conçues en tenant compte du patrimoine culturel polynésien et seront construites dans des matériaux locaux."
"Les sept plus petites plateformes des villas ont une superficie d’environ 200m2 chacune", indique Blue Frontiers. "Celles-ci seront conçues en tenant compte du patrimoine culturel polynésien et seront construites dans des matériaux locaux."
● Un projet en trois phases

Le projet de l’Institut Seasteading et Blue Frontiers est prévu pour être déployé en trois phrases. Ainsi, 10 grandes plates-formes flottantes carrées de 25 mètres de côté et cinq petites plates-formes flottantes de 14 mètres de côté seraient installées pour créer le premier groupe d’îles qui occuperont la zone maritime. "Ces premières îles comprendront des unités résidentielles, des espaces de travail, des installations de recherche et des espaces communs", peut-on lire dans l'étude sur l'impact économique. Dans ce premier groupe d'îles, seraient aussi inclus un "restaurant haut de gamme pouvant accueillir jusqu’à 100 clients par nuit et un établissement d’hébergement de luxe de 30 chambres".
L’Institut Seasteading et Blue Frontiers prévoient aussi de développer cinq hectares de terrain pour créer la première section de la zone terrestre. Là seront installés "une zone de mise en scène pour la construction de plates-formes, des unités résidentielles supplémentaires, un « laboratoire ouvert » (espace de travail communautaire) et la première infrastructure nécessaire pour soutenir la zone maritime", indique l'étude économique.
La société américaine Economic Modeling Specialists, qui a pour habitude d'analyser le marché du travail, a analysé l'impact économique du projet de cités flottantes en Polynésie française.

La construction de la première partie, avec les 10 grandes plates-formes et les cinq petites plates-formes et une première zone à terre, devrait durer deux ans et coûtera 50 millions de dollars (5,4 milliards de Fcfp), fournis par des investisseurs. Les travaux devraient créer ou soutenir 819 emplois indique le cabinet. Celui-ci estime que lorsque les installations construites pour les zones terrestres et maritimes seront entièrement occupées après ces deux ans de travaux, 583 emplois par an seront "créés ou soutenus".


● Un centre de santé avancé
Pour la deuxième phase du projet d'îles flottantes, on apprend dans l'étude économique que 10 autres grandes plates-formes flottantes carrées de 25 mètres de côté et cinq petites plates-formes flottantes de 14 mètres de côté formeront un deuxième groupe d'îles. Celles-ci comprendront plus d'unités résidentielles, des espaces de travail, des installations de recherche, des espaces communs et un centre de santé avancé.
L'étude précise "qu'un terrain supplémentaire de 5 hectares sera développé pour étendre la zone terrestre". Il accueillera ainsi davantage "d'unités résidentielles; une infrastructure de soutien élargie et une installation agricole avancée".
La construction de la seconde phase devrait dure trois ans et coûtera 45,8 millions de dollars (4,9 milliards de Fcfp. "Au total, on estime que les opérations de la phase 2 du projet d'îles flottantes vont créer ou soutenir un total de 1 250 emplois par an", indique l'étude économique. "Cela générera 48.9 millions de dollars (5.2 milliards de Fcfp) de salaires annuels et 17.3 millions de dollars (1.9 milliard de Fcfp) en recettes fiscales annuelles pour la Polynésie française".


● Des espaces commerciaux et un hôtel à terre
Pour la phrase 3 du projet d'îles flottantes, 10 autres grandes plateformes flottantes (25m*25) et 5 petites plateformes flottantes (14m*14) supplémentaires devraient créer un troisième groupe d'îles. Elles abriteront plus d'unités résidentielles, des espaces de travail, des installations de recherche des espaces communs et des espaces commerciaux.
Dans le cadre de cette troisième phase, le terrain à terre sera agrandi de 10 hectares. "Cette section élargie de la zone terrestre comprendra plus d'unités résidentielles, une infrastructure de soutien élargie et un hôtel de villégiature", indique l'étude économique. Cette dernière phase devrait durer trois ans et coûtera 74,8 millions de dollars (8 milliards de Fcfp). "Au total, on estime que les opérations de la phase 3 du projet d'îles flottantes vont créer ou soutenir un total de 2 175 emplois par an. 29.4 millions de dollars (3.1 milliards de Fcfp) de recettes fiscales annuelles sont attendues pour la Polynésie française."

Après avoir visité plusieurs lieux, comme les lagons de Raiatea-Tahaa ou Tupai, les porteurs du projet envisagent finalement de s'installer au sud de Tahiti
Après avoir visité plusieurs lieux, comme les lagons de Raiatea-Tahaa ou Tupai, les porteurs du projet envisagent finalement de s'installer au sud de Tahiti
● Flou sur l'impact environnemental
L'accord signé avec le Pays prévoyait la réalisation d'une étude sur l'impact environnemental des travaux mais aussi de "l'exploitation" des cités flottantes. L'étude qui a été présentée au gouvernement, signée par Blue Frontiers, ne permet pas finalement de connaitre précisément quels seront les impacts. Comme le nom du rapport l'indique, c'est un "cadre d’évaluation environnementale pour le développement urbain flottant". En effet, cette étude reconnait que "plus d’informations sont nécessaires sur l’emplacement exact et la conception" "afin d’évaluer correctement tous les aspects". "Il est clair que les structures flottantes modifieront l’environnement, mais l’ampleur du projet est relativement faible, ce qui minimise les impacts négatifs – et certains effets négatifs sont inévitables malgré les efforts rigoureux visant à les prévoir et à les éviter", indique le document.


Images de l'option numéro 2



Rédigé par Mélanie Thomas le Mardi 26 Décembre 2017 à 16:47 | Lu 7276 fois