Rassemblés en cercle, les invités ont partagé le ‘ava. Les surfeurs ont ensuite embarqué pour la passe de Hava’e pour y verser de l’eau de leurs pays d’origine.
Tahiti, le 21 juillet 2024 – “Autrefois, tous les grands événements étaient scellés par le ‘ava”, rappelle Tunui Salmon, maître de la cérémonie organisée samedi, face à la vague de Teahupo’o, et à laquelle les 48 athlètes en lice pour les épreuves olympiques de surf étaient conviés.
C’est avec un ‘ōrero que la cérémonie culturelle du lien, “te tā’amu”, a commencé sur la plage de la pointe Fare Mahora, face à la vague de Teahupo’o, samedi après-midi. Parmi les convives, triés sur le volet compte tenu des restrictions de circulation entrées en vigueur le matin même : le président de la Polynésie française et la ministre des Sports, le haut-commissaire, des élus de Terehēamanu, des représentants de Paris 2024, les présidents des fédérations internationale et tahitienne de surf, et une partie des 48 athlètes, dont les quatre surfeurs de l’équipe de France.
C’est avec un ‘ōrero que la cérémonie culturelle du lien, “te tā’amu”, a commencé sur la plage de la pointe Fare Mahora, face à la vague de Teahupo’o, samedi après-midi. Parmi les convives, triés sur le volet compte tenu des restrictions de circulation entrées en vigueur le matin même : le président de la Polynésie française et la ministre des Sports, le haut-commissaire, des élus de Terehēamanu, des représentants de Paris 2024, les présidents des fédérations internationale et tahitienne de surf, et une partie des 48 athlètes, dont les quatre surfeurs de l’équipe de France.
Entre terre et mer
Assisté par la cheffe de la troupe Teva i Tai, Heimoana Metua, le maître de cérémonie, le tahu’a Tunui Salmon, a invité les participants à s’asseoir sur des palmes de cocotier tressées placées en cercle, symbole “de paix et de connexion avec le monde spirituel”. Silencieuse, la cérémonie du ‘ava était bercée par le fracas des vagues et du vent, au son du pahu et du pū. Les athlètes étant dispensés de boire “pour des raisons de réglementation”, ce sont les chefs de délégation qui ont accepté le breuvage traditionnel pour eux.
Tandis qu’une partie des représentants formait un demi-cercle à terre en brandissant une feuille de ‘autī, les surfeurs ont embarqué pour la passe de Hava’e pour la cérémonie du tavai. Elle ne s’est pas déroulée dans la mer, comme prévu, mais les athlètes ont pu mêler un peu d’eau de leur pays d’origine à celle de Teahupo’o, avant le coup d’envoi de la compétition, à partir du 27 juillet. Cette cérémonie intimiste sera complétée par une seconde cérémonie culturelle plus populaire, le 26 juillet, à Papara.
Tunui Salmon, maître de cérémonie : “Autrefois, tous les grands événements étaient scellés par le ‘ava”
“Sur le plan pédagogique, on est revenu sur la prononciation de Teahupo’o, qui est un nom sacré. C’est le ‘saint des saints’ dans un temple ancien, qui a été construit avec ‘les têtes’ des ennemis lors de la bataille de Vaitomoana entre Tautira et Matahihae, renommé Teahupo’o par le ari’i nui Vehiatua. (…) Pour le ‘ava, c’est une plante sacrée. Autrefois, tous les grands événements étaient scellés par le ‘ava. C’est le breuvage des dieux ! On ne pouvait pas accueillir les Jeux olympiques sans faire cette cérémonie, en lien avec le monde invisible. (…) Sur l’eau, les surfeurs n’ont pas pu former un cercle sur leurs planches, mais ils ont quand même pu verser dans la mer de l’eau rapportée de chez eux pendant que je faisais de même avec le restant du ‘ava. C’était un moment incroyable : on écrit une page de l’histoire contemporaine pour Teahupo’o ! (…) À titre personnel, je suis un descendant des Teva. Je suis heureux qu’on m’ait proposé de revenir sur cette pointe, où je n’étais pas revenu depuis l’âge de 15 ans… Aujourd’hui, j’en ai 75 !”
Jérémy Florès, coach de l’équipe de France de surf : “C’était puissant”
“C’était une belle cérémonie ! On a senti une bonne énergie. On sait tous qu’ici, il se passe toujours quelque chose de spécial. On sentait que c’était puissant. Pour les athlètes, c’est quelque chose d’incroyable et d’unique. Vahine Fierro et Kauli Vaast étant d’ici, c’est encore plus spécial pour eux, mais je sais que c’est aussi le cas pour Johanne Defay et Joan Duru, qui adorent être ici. C’est aussi une façon de remercier avec respect la nature pour ce qu’elle nous donne. Pour faire quelque chose d’historique et de grand, on a besoin de tout le mana de la Polynésie et de la France ! (…) C’est une grande fierté pour moi de pouvoir les accompagner. Ça fait deux ans qu’on travaille très dur pour ce moment-là. On passe des heures à l’eau pour les aider à accomplir leur rêve. On était les premiers ce matin, malgré le froid et le vent. Ils sont tellement motivés que rien ne les arrête !”