PAPEETE, le 2 mars 2018 - Une conférence publique à la CCISM a fait découvrir au public le projet Aquanaut Explorer, un habitat sous-marin à but scientifique, inspiré des aventures de Jacques-Yves Cousteau. Une initiative scientifique invitée en Polynésie grâce à un prix accordé par l'association HUS.
Le docteur Jean-Michel Pontier tenait une conférence à la CCISM ce mardi 27 février. Invité en Polynésie par l'association Human Underwater Society (HUS) et l'entreprise Air Tahiti Nui, il a présenté son ambitieux projet Aquanaut Explorer.
Le docteur Jean-Michel Pontier tenait une conférence à la CCISM ce mardi 27 février. Invité en Polynésie par l'association Human Underwater Society (HUS) et l'entreprise Air Tahiti Nui, il a présenté son ambitieux projet Aquanaut Explorer.
Il s'agit d'un habitat sous-marin autonome, pouvant héberger des explorateurs des fonds marins pendant 500 jours ! La structure ferait 22 mètres de long sur 12 mètres de largeur. En deux niveaux, avec un laboratoire et un espace de vie à l'étage, et toute la machinerie en dessous. Une serre pour développer des végétaux est même envisagée.
Le budget de construction, à 3 millions d'euros, avec des coûts de 300 000 à 500 000 euros par année d'exploitation, représente le principal défi à relever pour en faire une réalité. Pendant les questions-réponses avec le public, le docteur Pontier affirme qu'il y a bon espoir de le mener à bien : "Ce n'est pas un coût exorbitant par rapport à d'autres habitats confinés qui sont utilisés pour la recherche, comme la Station Concordia en Antarctique, ou la Station Spatiale Internationale. Et il y a très peu de projets d'habitat sous-marin de longue durée, à part le projet américain Aquarius dans les Bahamas." Quelques industriels comme le cablier ERDF, qui a besoin de solutions innovantes pour les travaux à réaliser sur ses câbles sous-marins, sont d'ailleurs intéressés par les potentielles applications industrielles.
Avec ce passage à Tahiti, le chercheur aime à imaginer que son Aquanaut Explorer soit installé dans nos îles. L'habitat sous-marin auraient de nombreuses applications au fenua, que ce soient des perliculteurs qui veulent rester au plus près de leur récolte, ou encore la surveillance de notre barrière de corail face aux conséquences des changements climatiques. Et peut-être que ces expériences auront un jour une application touristique... Imaginez la chambre d'hôtel, dans le lagon ! Ce serait la lune de miel la plus originale au monde.
Le budget de construction, à 3 millions d'euros, avec des coûts de 300 000 à 500 000 euros par année d'exploitation, représente le principal défi à relever pour en faire une réalité. Pendant les questions-réponses avec le public, le docteur Pontier affirme qu'il y a bon espoir de le mener à bien : "Ce n'est pas un coût exorbitant par rapport à d'autres habitats confinés qui sont utilisés pour la recherche, comme la Station Concordia en Antarctique, ou la Station Spatiale Internationale. Et il y a très peu de projets d'habitat sous-marin de longue durée, à part le projet américain Aquarius dans les Bahamas." Quelques industriels comme le cablier ERDF, qui a besoin de solutions innovantes pour les travaux à réaliser sur ses câbles sous-marins, sont d'ailleurs intéressés par les potentielles applications industrielles.
Avec ce passage à Tahiti, le chercheur aime à imaginer que son Aquanaut Explorer soit installé dans nos îles. L'habitat sous-marin auraient de nombreuses applications au fenua, que ce soient des perliculteurs qui veulent rester au plus près de leur récolte, ou encore la surveillance de notre barrière de corail face aux conséquences des changements climatiques. Et peut-être que ces expériences auront un jour une application touristique... Imaginez la chambre d'hôtel, dans le lagon ! Ce serait la lune de miel la plus originale au monde.
Nos questions au docteur Jean-Michel Pontier
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je suis médecin hyperbare, spécialiste en médecine de la plongée. C'est une niche professionnelle, surtout issue d'une expertise venue de la plongée militaire, en particulier le service santé des armées. Je participe aussi à des travaux de recherche dans le cadre d'un doctorat de sciences en physiologie des environnements extrêmes, que j'ai passé en plus de mon doctorat de médecine.
Et ce soir tu présentes un projet qui te tient à cœur, Aquanaut Explorer.
Dans le cadre d'un projet que je développais avec mon équipe à Toulon, dans le sud de la France, nous avons remporté un prix de l'association Human Underwater Society, qui me permet d'être là ce soir. Nous avons mis au point un modèle d'habitat sous-marin pour permettre à des aquanautes de passer jusqu'à 500 jours sous l'eau, en autonomie. Cet habitat pourra avoir des applications ensuite dans différents domaines, que ce soit dans la recherche appliquée fondamentale, que ce soit dans les nouvelles technologies, en tant que laboratoire sentinelle pour observer la biodiversité, ou que ce soit une cellule d'exploration et d'observation de la biologie marine.
À quelle étape en êtes-vous de la réalisation de ce projet ?
Nous avons finalisé le dossier et l'étude de faisabilité, ça c'est terminé, et il nous manque maintenant de lever les fonds nécessaires pour financer la construction de l'habitat en lui-même, et toutes les technologies que l'on va mettre à l'intérieur. Donc nous recherchons effectivement des partenaires, dans le cadre de l'association qui accompagne Aquanaut Explorer, l'association "9ème continent", dont l'objectif est la promotion et la protection du littoral français.
Quelle a été l'inspiration de ce projet ?
Aquanaut Explorer est issu, un demi-siècle plus tard, de l'opération "Pré-continent" montée en 1962 par Cousteau et son équipe en mer Rouge. Une expédition restée célèbre par le documentaire "Un monde sans soleil", que l'on peut encore voir sur internet. Donc aujourd'hui, nous reprenons la proposition de Cousteau de faire vivre des gens sous la mer pendant de longues durées, avec des technologies innovantes qui n'existaient pas dans les années 60. Aujourd'hui on a beaucoup progressé dans les connaissances sur la physiologie en environnement confiné. Et on retrouve dans les contraintes d'un séjour sous-marin les mêmes contraintes que celles rencontrées lors d'un vol spatial, par exemple un voyage vers Mars. Des contraintes comme le recyclage de l'atmosphère, le recyclage des déchets, de l'eau, l'alimentation en oxygène, la nourriture…
Un tel projet pourrait être mis en place en Polynésie ?
Oui, la Polynésie est l'endroit idéal pour un projet expérimental de cette ampleur. C'est un territoire aquatique phénoménal, une longueur de côte immense et la facilité de mettre en place l'Aquanaut Explorer dans des fonds peu profonds, de 20 à 30 mètres, avec une visibilité parfaite.
Je suis médecin hyperbare, spécialiste en médecine de la plongée. C'est une niche professionnelle, surtout issue d'une expertise venue de la plongée militaire, en particulier le service santé des armées. Je participe aussi à des travaux de recherche dans le cadre d'un doctorat de sciences en physiologie des environnements extrêmes, que j'ai passé en plus de mon doctorat de médecine.
Et ce soir tu présentes un projet qui te tient à cœur, Aquanaut Explorer.
Dans le cadre d'un projet que je développais avec mon équipe à Toulon, dans le sud de la France, nous avons remporté un prix de l'association Human Underwater Society, qui me permet d'être là ce soir. Nous avons mis au point un modèle d'habitat sous-marin pour permettre à des aquanautes de passer jusqu'à 500 jours sous l'eau, en autonomie. Cet habitat pourra avoir des applications ensuite dans différents domaines, que ce soit dans la recherche appliquée fondamentale, que ce soit dans les nouvelles technologies, en tant que laboratoire sentinelle pour observer la biodiversité, ou que ce soit une cellule d'exploration et d'observation de la biologie marine.
À quelle étape en êtes-vous de la réalisation de ce projet ?
Nous avons finalisé le dossier et l'étude de faisabilité, ça c'est terminé, et il nous manque maintenant de lever les fonds nécessaires pour financer la construction de l'habitat en lui-même, et toutes les technologies que l'on va mettre à l'intérieur. Donc nous recherchons effectivement des partenaires, dans le cadre de l'association qui accompagne Aquanaut Explorer, l'association "9ème continent", dont l'objectif est la promotion et la protection du littoral français.
Quelle a été l'inspiration de ce projet ?
Aquanaut Explorer est issu, un demi-siècle plus tard, de l'opération "Pré-continent" montée en 1962 par Cousteau et son équipe en mer Rouge. Une expédition restée célèbre par le documentaire "Un monde sans soleil", que l'on peut encore voir sur internet. Donc aujourd'hui, nous reprenons la proposition de Cousteau de faire vivre des gens sous la mer pendant de longues durées, avec des technologies innovantes qui n'existaient pas dans les années 60. Aujourd'hui on a beaucoup progressé dans les connaissances sur la physiologie en environnement confiné. Et on retrouve dans les contraintes d'un séjour sous-marin les mêmes contraintes que celles rencontrées lors d'un vol spatial, par exemple un voyage vers Mars. Des contraintes comme le recyclage de l'atmosphère, le recyclage des déchets, de l'eau, l'alimentation en oxygène, la nourriture…
Un tel projet pourrait être mis en place en Polynésie ?
Oui, la Polynésie est l'endroit idéal pour un projet expérimental de cette ampleur. C'est un territoire aquatique phénoménal, une longueur de côte immense et la facilité de mettre en place l'Aquanaut Explorer dans des fonds peu profonds, de 20 à 30 mètres, avec une visibilité parfaite.