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Compte-rendu du Conseil des Ministres du 1er Août 2012  01/08/2012

Le gouvernement de Polynésie française s’est réuni en conseil des ministres à Taraho’i, mercredi 1er août 2012, sous la conduite du président de gouvernement, M. Oscar Manutahi TEMARU, de 9h00 à 16h00.

Les points principaux de l’ordre du jour sont les suivants :

Fin de fonctions :

• De Monsieur Jean-Denis Teva QUESNOT en qualité de tavana hau de la circonscription des Iles Marquises

Nominations

• De Monsieur Claude TAMBUZZO en qualité de chef d’établissement d’enseignement public en Polynésie française ;

• De Monsieur Daniel DAYRIES en qualité de chef d’établissement d’enseignement public en Polynésie française ;

• De Madame Jacqueline CHAMPION en qualité de chef d’établissement d’enseignement public en Polynésie française ;

• De Madame Aline GINIER en qualité de chef d’établissement d’enseignement public en Polynésie française ;

• De Monsieur Benjamin CHAPAT en qualité de chef d’établissement d’enseignement public en Polynésie française ;

• De Monsieur Bernard CHIMIN en qualité de tavana hau de la circonscription des îles Marquises :





Développement des filières végétales du secteur primaire : Sauver la filière pandanus et mettre en place la filière bois : un plan commun !

La filière bois :

A partir de 1966, le FED (Fond européen de développement) a permis de financer la plantation, sur l’ensemble des archipels de la Polynésie française, de 5 900 ha de forêt de pins des caraîbes (Pinus caribaea).
Les hectares de bois plantés, arrivés à maturité depuis plus de 5 ans déjà, permettraient de couvrir entre 35% et 40% de la demande actuelle de bois sur le marché local et ainsi permettrait de suppléer en grande partie aux importations.

La filière commence tout juste à se structurer. A ce jour, seules 4 sociétés privées se sont développées dans des activités d’exploitation du bois local ( abattage et scierie de 1ère ou de 2ème transformation) et une seule propose un produit fini en bois de pin des caraîbes : la tuile de bois (bardeau).

Cette société a commencé à étoffer sa gamme de produits en diversifiant les transformations possibles du pin. Elle produit déjà des planches de bois, des parquets, des palettes etc…

La tuile de bois séduit de nombreux entrepreneurs ou architectes notamment dans les projets hôteliers, pour plusieurs raisons :
• sa durabilité : la couverture dure jusqu’à 30 ans contre 3 à 5 ans pour le pandanus ( raufara ou rau’oro) et 10 ans pour le Palmex (sorte de pandanus artificiel en plastique).
• ses propriétés : La tuile a des propriétés para-cycloniques et de résistance au feu
• son coût d’investissement: les prix moyens constatéssont pour la tuile de bois posée de 8500F/m²; le pandanus de 7000F/m² et le Palmex de 8500F/m².
• sa nature : En bois, la tuile s’intégre parfaitement dans le paysage polynésien.

Le Ministère de l’agriculture de l’élevage et des forêt est favorable au développement de cette filière Bois en Polynésie française et se doit de soutenir toute initiative qui va dans ce sens, afin d’augmenter la capacité de création d’emplois dans ce secteur bien supérieure à la centaine d’emplois identifiée à ce jour.

Toutefois, la position du Ministère de l’agriculture en faveur de la tuile de bois est totalement complémentaire à sa volonté d’oeuvrer pour la promotion et le soutien de la filière rau’oro.

La filière « pandanus : Rauoro »

Le pandanus fait partie intégrante de notre patrimoine culturel et de notre identité polynésienne. Les investisseurs hôteliers locaux et étrangers, les principaux acheteurs, l’ont compris et le respectent. Ils ne souhaitent pas non plus que la tuile de bois remplace le pandanus.

Cependant, cette filière connaît des difficultés liées principalement à la dégénéréscence des arbres et de leur faible productivité. Ces deux aspects ont un impact fort sur la qualité du produit dont la durée de tenue est estimée à 3 ans et non plus 8 ans.

La filière a eu a souffrir également dans les années 2008 d’une baisse de chiffre d’affaire à cause de la concurrence des produits importés tel que le Palmex. En 2011, le CA a à nouveau atteind celui des années 2000 soit près de 168 millions.



La filière du Rau’oro concerne très principalement les îles de Bora Bora, Moorea et Maiao et fait vivre une centaine de famille et près de cent personnes (collecteurs-cueilleurs, connfectionneurs de paquet, intermédiaires, négociants, coopératives).
La production annuelle de 82 350 paquets soit 82 000 m² de couverture permet pour l’instant de répondre à une demande qui reste stable.


Le Ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la forêt cherche actuellement toutes les solutions pour lutter le plus efficacement contre ces problématiques.

Dans une période de crise économique sévère pour notre secteur touristique, il ne semble pas pertinent d’imposer aux hôteliers pour les structures collectives (réception, restaurant etc…) des investissements lourds à renouveler tous les 3 ans, sans compter les coûts logistiques ou de manque à gagner surtout lorsqu’il s’agit de fermer pour rénover la toiture. Il en va tout autrement des bungalows pour lesquels la couverture en pandanus représente un attrait touristique indéniable.

Les investisseurs tendent de plus en plus à pallier la difficulté en ayant recours au Palmex, afin de garder la rentabilité de leur investissement sur du long terme.

Le ministère de l’agriculture ne souhaite pas voir disparaître la filière pandanus et estime urgent de réagir, en étroite collaboration avec les acheteurs d’une part, mais également avec les producteurs avec qui le ministère de l’agriculture souhaite étudier les dispositions à mettre en place afin que les services tehniques puissent apporter les conseils tendant à améliorer la qualité et la durée de vie du pandanus.

Une réunion de concertation avec les grands groupes hôteliers de la place a permis de constater que ces derniers désiraient maintenir l’utilisation du pandanus sur les fare (bungalow et pilotis) pour continuer d’offrir aux clients et touristes l’image authentique de la Polynésie. Par contre, ils souhaitent utiliser un autre type de couverture sur les batiments collectifs (salles de restauration, cuisines..).

Le Ministre de l’agriculture refuse de soutenir les produits importés et propose d’opter pour l’alternative locale de la tuile de bois, produite, à qualité et coût égaux, pour une durée de vie de 30 ans. Elle constitue la solution et la réponse la plus adapatée aux besoins des hôteliers.
L’enjeu est de soutenir une filière bois en plein essor et de sauver et redynamiser une filière pandanus dont la ressource s’amenuise en les associant l’une à l’autre dans les projets hôteliers, mais aussi dans les constructions de bâtiments administratifs (écoles, mairies, etc…). L’installation d’une synergie plus qu’une concurrence paraît la meilleure voie pour l’utilisation de ces deux matériaux locaux.

Sur un plan plus technique, le Ministère va lancer un programme :

 de sylviculture des plantations et/ou peuplements naturels: sélection des arbres à multiplier, régénération naturelle ou plantation.
 de recherche et mise en oeuvre de solutions permettant d’allonger la durée de vie des toitures en pandanus et leur résistance en cas de cyclone ou d’incendie (traitements insecticides et fongicides par trempage ou pulvérisation, traitement d’ignifugation retardant l’inflammation et limitant la post-combustion)
 d’actions techniques pour redynamiser la filière pandanus et améliorer la qualité de la production : composées entre autre de la vulgarisation de meilleures itinéaires techniques


Il serait judicieux de mettre en place une circulaire du Pays qui pourrait favoriser les couvertures en pandanus et/ou en tuiles de bois sur les bâtiments administratifs ou de la collectivité.

Une loi de pays pourrait également rendre obligatoire un quota d’utilisation de pandanus et de tuiles de bois lors de constructions de ce type, dans la limite du respect du style architectural des projets en question.



Oscar, Manutahi TEMARU