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Y'aurait-il de l'amiante dans les gravats qui ont été déversés à Papeari ?


"Il y a 10 à 20 tonnes de gravats sur le terrain. Nous sommes révoltés", raconte Ralph Taaviri.
"Il y a 10 à 20 tonnes de gravats sur le terrain. Nous sommes révoltés", raconte Ralph Taaviri.
PAPEARI, le 25/02/2017 - Les associations de défense de l'environnement montent au créneau. Ils s'interrogent sur la provenance de plusieurs tonnes de gravats qui ont été déversés sur un terrain privé au niveau du Pk 52,9 à Papeari. Des déchets qui viendraient apparemment de l'école d'Apatea de Papara. Malgré les opérations de désamiantage qui y ont été réalisées, les défenseurs de l'environnement restent sceptiques. Ils soupçonnent que ces déchets pourraient venir également de l'hôpital de Mamao. Ils interpelleront le président du Pays dès lundi.

D'où viennent les gravats qui ont été déversés sur un terrain se trouvant à proximité d'une embouchure à Papeari ? C'est la question que les défenseurs de l'environnement se posent aujourd'hui.

À l'entrée du site, une chaîne est installée avec un panneau autorisant une opération d'extraction. "Il n'y a pas écrit réception de déchets, ce n'est pas un dépotoir", clame Denis Helme, président du syndicat "Te Arutaimareva".

Sur place, ces membres du milieu associatif ont découvert des documents. "Il y a plusieurs arrêtés qui émanent de l'hôpital Mamao. Donc, ça confirme que les déchets viennent de là-bas", poursuit Denis Helme.

Il est important tout de même de rappeler qu'une opération de désamiantage a été réalisée à l'ancien hôpital Mamao. "Mais on ne sait toujours pas ce qu'ils ont fait de cette amiante. Normalement, il devrait être expédié en Nouvelle-Zélande. Mais connaissant les cocos qu'il y a à l’Équipement et autres, on s'est posé des questions. Maintenant, on voit que ce terrain n'est pas du tout adapté à recevoir ces déchets", explique le président de Te Arutaimareva.

"Les camions viennent le soir décharger leurs déchets. Aujourd'hui, on voit ces gros gravats et on se demande d'où ils viennent ? Sur Papeete, les gros chantiers en démolition sont Jean Prince, l'hôpital Mamao et Vaiami. On veut comprendre d'où ils viennent c'est tout, et s'il n'y a pas d'amiante là-dedans ?", s'interroge Ralph Taaviri, trésorier de l'association "Mata ara No Vai arii".

"On demande à contrôler s'il y a de l'amiante dedans. Si c'est le cas et que ça se déverse dans le lagon de Papeari, nous allons manifester", rajoute Ralph Taaviri.

DES DÉCHETS QUI VIENDRAIENT DE PAPARA

Interrogé par téléphone, le maire délégué de Papeari, Alain Sangue est tout aussi inquiet : "j'ai contacté l'entrepreneur qui est en charge de l'extraction, et il a eu toutes les autorisations nécessaires avec l’Équipement qui est en charge du contrôle et de la surveillance des extractions. Il m'a confirmé que les gravats viennent de l'ancienne école de Papara".

Pour le premier magistrat de la commune associée de Papeari, l'action des associations est justifiée. "Si ces gravats contiennent bien de l'amiante, je soutiendrais nos associations."

Et si ces gravats venaient effectivement de Papara, ils seraient propres à 100 %. "Il n'y a pas du tout d'amiante. La CPS et l'inspection du travail sont venus voir dès la fin des travaux, et ils ont réceptionné la partie médicale. Nous, nous avons réceptionné la partie désamiantée à 100 %. Donc, il n'y a aucun risque. Il y a les papiers qui font foi pour ça", prévient Bernard Roure, conseiller municipal de Papara, en charge de l'environnement.

"Nous avons, en notre possession, les mises en route des produits amiantés. Ce sont des feuilles de cheminement vers la Nouvelle-Zélande. Cela s'est fait vers décembre et la première semaine de janvier. Si ces associations ne veulent pas croire, eh bien, qu'elles fassent appel à des experts et qu'elles préviennent les autorités comme le ministère de la santé, pour effectuer des prélèvements. Elles verront que ces gravats n'ont plus rien à voir avec l'amiante", poursuit-il.

Des propos qui ne rassurent pas les défenseurs de l'environnement. "Qu'on nous montre les documents concernant le transport des déchets amiantés sur la Nouvelle-Zélande", rétorque Denis Helme. "Apparemment, même Michel Van Bastolaer, l'entrepreneur qui a réceptionné les gravats à Papeari, n'est pas au courant de tout ça. Il a dit clairement qu'il ne sait pas si ces produits contenaient de l'amiante. Même le propriétaire qui reçoit ces déchets n'est pas au courant que ces gravats proviennent de l'école d'Apatea et qu'elle était pleine d'amiante."

"Qu'on nous dise que l'école d'Apatea ait été désamiantée ainsi que l'hôpital, ok. Mais le fait que les déchets aient été mélangés, on se pose des questions. On constate que les tris ne sont pas faits", rajoute Denis Helme.

Ce lundi matin, un courrier sera transmis au président du Pays et à l'Inspection du travail afin qu'une enquête soit mise en place. "On laissera trois jours au président pour nous répondre. La CPS est aussi concernée dans cette affaire parce que normalement, elle doit suivre tous les dépôts, c'est une obligation. Tous les déchets qui partent de l'hôpital doivent être suivis", conclut le président de Te Aritaimareva.

Papi John
Habitant de Mataiea

"Nous aimerions savoir s'il n'y a pas d'amiante dedans"


"Je ne sais pas d'où viennent ces déchets. Cela fait deux semaines que l'on voit des camions venir décharger cela ici. Nous aimerions savoir s'il n'y a pas d'amiante dedans, surtout qu'ici il y a des familles qui vivent ici."

Fred, 40 ans
Habitant de Papeari

"Si jamais, il y a vraiment de l'amiante, on portera plainte"


"Je vis en bord de mer et je ne sais pas du tout d'où viennent ces gravats. On se pose des questions et on entend dire qu'il pourrait y avoir de l'amiante. J'aimerai bien comprendre, parce qu'on ne nous dit rien, ça fait deux semaines que ça dure. Et si jamais, il y a vraiment de l'amiante, on portera plainte, c'est certain. Pourquoi ils emmènent chez nous ? Il n'y a pas d'autre endroit pour stocker cela ?"

Ralph Taaviri
Trésorier de l'association "Mata ara No Vai arii"


"Nous sommes révoltés"

"Il y a 10 à 20 tonnes de gravats sur le terrain de soi-disant Charles Brown, mais en fin de compte, c'est Hotu Fenua qui est propriétaire. C'est sûr que nous sommes révoltés puisque nous apprenons cela comme ça, de bouche à oreille."

Denis Helme
Président du syndicat Te Arutaimareva


"On se pose vraiment des questions sur le désamiantage des bâtiments sur Tahiti"

"Vu l'immensité des déchets et des blocs en béton, et des documents que l'on a trouvé. Ces déchets proviennent bien de l'hôpital. On voit que les déchets ne sont pas triés et que tout a été mélangé. Qui nous dit qu'il n'y a pas d'amiante à l'intérieur ? Il est clair que si le territoire est prêt à faire venir des déchets médicaux, il ne respecte pas le code du travail, et il met en danger les employés, autant de cette entreprise, que les propriétaires et le voisinage.
Je vais transmettre un courrier dès lundi matin au président pour que l'on ait une réponse. On va leur demandé la cartographie des dépôts d'amiante sur Tahiti. Vu ce qu'il se passe, on ne peut plus leur faire confiance. On se pose vraiment des questions sur le désamiantage des bâtiments sur Tahiti.
"

Lundi matin, un courrier sera transmis au président du Pays et à l'Inspection du travail afin qu'une enquête soit mise en place.
Lundi matin, un courrier sera transmis au président du Pays et à l'Inspection du travail afin qu'une enquête soit mise en place.

le Samedi 25 Février 2017 à 16:29 | Lu 6231 fois