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Whale Watching : Monopole et restrictions pour les prestataires en 2025


L'arrêté pris par le gouvernement en avril dernier fait, à partir de l'année prochaine, du whale watching une activité purement commerciale. Crédit photo : Thibault Segalard.
L'arrêté pris par le gouvernement en avril dernier fait, à partir de l'année prochaine, du whale watching une activité purement commerciale. Crédit photo : Thibault Segalard.
Tahiti, le 18 juin 2024 - Le Pays a modifié, en avril dernier, le code de l'environnement concernant l'approche et l'observation des baleines pour la saison 2025. Ces modifications interdisent aux plaisanciers de s'approcher à moins de 300 mètres des cétacés, conférant ainsi le monopole du whale watching aux prestataires agréés. Des mesures de restriction concernant le nombre de navires par société et le nombre de personnes à l'eau ont également été inscrites dans ce nouvel arrêté.

Tahiti Infos s'est intéressé aux modifications effectuées par le Pays sur l'arrêté qui fixe les règles d'observation et d'approche des baleines. Le gouvernement a acté, fin avril dernier, en conseil des ministres, des changements importants pour la saison 2025 (20 juillet au 20 novembre 2025), puisque dès l'année prochaine, les prestataires touristiques agréés auront le monopole du whale watching. Le Pays a en effet décidé d'interdire aux plaisanciers l'approche à moins de 300 mètres des cétacés, en soumettant l'observation des baleines à “autorisation” uniquement destinée aux “personnes physiques ou morales qui se proposent d'en exercer professionnellement l'activité”. À noter que le whale watching n'est autorisé que sur Bora Bora, Huahine, Moorea, Raiatea, Rurutu, Taha’a, Tahiti, Tetiaroa et Tubuai. Cette curieuse décision fait désormais de l'observation des baleines une activité purement commerciale.
 
Cependant, cette modification s'accompagne aussi de quelques nouvelles restrictions pour les prestataires. Le Pays a effectivement établi une plage horaire d'approche de 7 h 30 à 17 h 30 et a limité le nombre de bateaux à un navire par île et par groupe d'entreprise. Les prestataires ne pourront donc plus prendre la mer avec plusieurs bateaux, d'autant que le gouvernement a également restreint le nombre d'embarcations par baleine observée à trois navires maximum. Une mesure curieuse, car aucune limite de temps d'observation par bateau n'a été fixée dans ce nouveau règlement, ce qui laisse présager une guerre de la part des prestataires pour se placer le plus rapidement dans la zone d'approche des cétacés. Enfin, seulement sept personnes par navire, dont l'encadrant, seront autorisées à se mettre à l'eau.
 
Pas de “quiétude” pour les baleines
 
Si ces limitations sont un premier pas vers un whale watching plus responsable, Mata Tohora, l'association de protection des mammifères marins, regrette que ses recommandations n'aient pas été écoutées. “Premièrement, concernant l'interdiction de l'approche aux plaisanciers, nous préconisons plus la gestion, notamment en intégrant des modules d'observation des baleines dans les codes de permis bateau”, explique à Tahiti Infos, Agnès Benet, la présidente de l'association. La biologiste marine regrette également le fait que des temps de quiétude n'ont pas été fixés. “Il aurait fallu mettre des plages horaires, l'après-midi, pour donner du repos aux baleines. Cela a été déformé par les professionnels du secteur qui ont dit que les baleines n'avaient pas besoin de quiétude. Mais ils confondent quiétude et sommeil. Effectivement, les baleines n'ont pas d'heures fixes de sommeil, mais il est important de les laisser souffler. Je ne sais plus si c'est aux Fidji ou aux Samoa où ils interdisent le whale watching le dimanche pour laisser ce temps de repos aux baleines.”
 
À noter que ce nouvel arrêté pourrait être modifié d'ici le début de la saison 2025. Pour mémoire, l'observation des baleines a un impact significatif sur le comportement des cétacés. Les pressions anthropiques (causées par l'homme) sont la troisième cause de stress chez les baleines. En Polynésie, les associations de protection de la faune marine confirment d'ailleurs une modification des comportements, avec des fuites plus fréquentes vers le large, où les baleineaux sont à la merci de prédateurs comme les orques. Pourtant, ces dix dernières années, le nombre de bateaux de prestataires a augmenté de 256%. Ce qui laisse à réfléchir quant à une refonte du code de l'environnement sur ce sujet, au risque de voir le sanctuaire qu'est la Polynésie pour les baleines s'effriter.
 

Rédigé par Thibault Segalard le Mardi 18 Juin 2024 à 15:28 | Lu 2467 fois