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Wellington, vainqueur de Waterloo mais politicien décrié


Londres, Royaume-Uni | AFP | vendredi 12/06/2015 - Les Britanniques vouent aujourd'hui un culte au duc de Wellington, mais celui qui défit Napoléon à Waterloo fut aussi un Premier ministre et parlementaire impopulaire, contraint de parer sa résidence de volets de fer pour se protéger d'émeutiers hostiles.

Cette part méconnue de la vie d'Arthur Wellesley (1769 - 1852), premier duc de Wellington, peut être découverte, comme les récits de sa gloire, à travers les multiples expositions et commémorations organisées au Royaume-Uni à l'occasion du bicentenaire de Waterloo.

Wellington devint Premier ministre en 1828, treize ans après sa victoire contre les Français. Résolument conservateur, il s'attira les foudres de l'opinion en s'opposant à une réforme visant à moderniser la monarchie parlementaire.

Vilipendé jusque dans les rangs tories, l'illustre vainqueur de Napoléon Bonaparte devint un sujet de railleries, comme le montre une série de caricatures récemment exposées à la National Portrait Gallery de Londres.

Dans l'une d'elles, datant de 1830, le dessinateur John Phillips dépeint Wellington en triste sire, à genoux, balayé par un "John Bull" (représentation de l'anglais moyen) aux larges épaules et s'écriant: "Il est temps de faire le ménage!".

Outré, le duc se contente de répondre en rappelant son plus célèbre fait d'armes: "Diantre, c'est ainsi que vous traitez votre idole de Waterloo?".

- Le 'duc de fer' -

Par crainte de la rue, Wellington fit même protéger sa maison londonienne avec des plaques de fer, et d'aucuns attribuent à cet épisode, plus qu'à ses exploits sur les champs de bataille, son surnom: le "duc de fer" ("The Iron Duke").

Militaire brillant et intrépide, stratège méthodique et organisé, Wellington était en revanche un "bien piètre" politicien, contrairement à Bonaparte, qui portait avec génie les deux casquettes, souligne l'historien Andrew Roberts.

"Napoléon était un homme d'Etat (...) qui a laissé un corpus législatif et des réformes dont beaucoup sont toujours d'actualité. On ne pas peut en dire autant du duc de Wellington", ajoute-t-il.

Cette tranche d'impopularité ne saurait toutefois gâter l'admiration des Britanniques envers cet homme hors du commun qui ne dormit que neuf heures sur les 90 de la campagne de Waterloo.

"Pour beaucoup, Wellington est comme un label, et de nombreux lieux portent son nom", monuments, statues, mais aussi pubs et hôtels, explique Sir Evelyn John Webb-Carter, président de l'organisation Waterloo 200, engagée dans l'organisation des commémorations.

Paradoxalement, précise-t-il, la plupart des Britanniques "ignorent tout" de la vie de cet homme dont on peut découvrir l'intimité en visitant son ancienne demeure londonienne, "Apsley House".

Le duc acquit en 1817 cet hôtel particulier de style géorgien, situé au "N. 1, Londres", face à Hyde Park. "Après Waterloo, il avait besoin d'une résidence à Londres pour répondre aux sollicitations mondaines", explique Josephine Oxley, conservatrice à l'Office du patrimoine anglais.

- Hanté par Napoléon -

A partir de 1820 et jusqu'à sa mort en 1852, le duc y organise chaque 18 juin, la date anniversaire de Waterloo, un grand banquet où il convie "des militaires, surtout ceux ayant combattu à Waterloo (...) mais aussi des membres de la famille royale, des princes étrangers et des ambassadeurs".

De fait, la maison tout entière semble occupée par le souvenir de cette bataille et de son illustre adversaire. Wellington avait ainsi fait installer dans la cage d'escalier une colossale statue en marbre de l'empereur, de 3,45 m de hauteur, une manière de rappeler à ses invités l'envergure de sa victoire.

Si Wellington offrit au Royaume-Uni l'un de ses plus beaux succès militaires, son héritage comporte également une facette insolite: les "Wellies", ces fameuses bottes noires qui portent son nom.

"Wellington avait demandé à son maître-chausseur, Hoby, de modifier les bottes Hessian", alors en vogue dans l'armée de sa Majesté, mais que le duc, très soucieux de l'équipement de ses hommes, jugeait peu pratiques, raconte Cameron Kippen, historien de la chaussure.

"Les Wellies apparaissent pour la première fois en 1817 et deviennent rapidement populaires auprès des soldats, qui apprécient leur résistance dans les combats et leur confort pour les soirées", ajoute-t-il.

Prestige de Wellington oblige, le tout-Londres se met bientôt à porter ces bottes qui sont toujours aujourd'hui une référence. Une autre manière pour le duc de rester dans l'Histoire, après av

Rédigé par () le Vendredi 12 Juin 2015 à 02:27 | Lu 862 fois