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Wellington et Suva envisagent la normalisation de leurs relations


Murray McCully, ministre néo-zélandais des affaires étrangères et son homologue fidjien, Ratu Inoke Kubuabola, lors d’une escale à Suva vendredi 20 juillet 2012 (Source photo : ministère fidjien de l’information)
Murray McCully, ministre néo-zélandais des affaires étrangères et son homologue fidjien, Ratu Inoke Kubuabola, lors d’une escale à Suva vendredi 20 juillet 2012 (Source photo : ministère fidjien de l’information)
SUVA, lundi 23 juillet 2012 (Flash d’Océanie) – Les chefs de la diplomatie des gouvernements fidjien et néo-zélandais se sont une nouvelle fois rencontrés en fin de semaine dernière, avec en ligne de mire un processus progressif de normalisation, plus de cinq ans après le putsch du 5 décembre 2006, qui a porté au pouvoir le gouvernement du Contre-amiral Franck Bainimarama.
Murray McCully, ministre néo-zélandais des affaires étrangères, a ainsi rencontré vendredi 20 juillet 2012son homologue fidjien, Ratu Inoke Kubuabola, lors d’une escale à Suva en guise de lever de rideau à une tournée océanienne qui devrait par ailleurs l’emmener, cette semaine, à Tonga, Niue, puis la Nouvelle-Calédonie.
Dans un communiqué, ce week-end, le gouvernement fidjien a évoqué la rencontre avec M. McCully essentiellement consacré à « reconstruire » les relations diplomatiques entre les deux pays et qui, selon le chef de la diplomatie fidjienne, « figurera dans les livres d’histoire ».
Les deux responsables auraient évoqué, lors de leur rencontre qualifiée par Suva de « positive », la perspective de « relations cordiales » et de la nécessité pour les pays voisins de « travailler dans un esprit de coopération mutuelle dans des domaines d’intérêt commun ».
Cette rencontre a mis en lumière la volonté de la part de la Nouvelle-Zélande d’aider Fidji dans le cadre de ses réformes constitutionnelles », souligne un communiqué de Suva.
Cette aide devrait se matérialiser, selon les mêmes sources, par une aide néo-zélandaise de quelque 500.000 dollars (néo-zélandais, soit près de 330.000 euros) ciblant les travaux actuels d’une Commission Constitutionnelle formée en début d’année en vue d’élaborer une nouvelle Constitution pour l’archipel (après l’abrogation de la précédente Constitution, en avril 2009).
« En tant que pays assurant la Présidence actuelle du Forum des Îles du Pacifique (FIP), la Nouvelle-Zélande voudrait rendre compte de manière positive auprès des dirigeants (du FIP), lors de leur prochain sommet aux îles Cook (fin août 2012) des progrès réalisés à Fidji », croit comprendre le communiqué gouvernemental fidjien.
Fidji a été suspendu de son statut de membre plein du FIP en mai 2009, pour cause de non retour rapide à la démocratie.
La posture du FIP, considérée comme résultant de celle de ses deux plus influents membres, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, a aussi entraîné en septembre 2009, une autre suspension : celle du Commonwealth, pour les mêmes raisons.
Depuis fin 2010, toutefois, M. McCully repris à intervalles réguliers un dialogue direct avec son homologue fidjien, dans le cadre d’une nouvelle politique d’ « engagement » avec le régime de Suva.
Depuis cette suspension du FIP, estime M. Kubuabola, la politique fidjienne, en matière diplomatique, de « Regard vers le Nord » (qui se traduit par un développement des relations avec les pays d’Asie, Chine en tête et tout récemment Corée du Sud), ainsi que son adhésion en 2011 au mouvement des pays non –alignés, « a permis à Fidji d’établir des relations avec des pays qui comprennent la situation politique et économique de Fidji », souligne M. Kubuabola.
À l’issue de cette rencontre (de vendredi 20 juillet 2012), j’ai bon espoir que les relations entre Fidji et la Nouvelle-Zélande sont sur le chemin de la normalisation », estime le chef de la diplomatie fidjienne.
Lors de son passage à Suva, M. McCully a aussi rencontré le Secrétaire Général du FIP, Tuiloma Neoroni Slade, avant de quitter l’archipel en début de week-end.

Quasi-simultanément, en fin de semaine dernière, le gouvernement fidjien annonçait un adoucissement notable des règles en matière de tenues de réunions publiques et politiques, en supprimant la nécessité de demander une autorisation préalable à la police pour des réunions de plus de trois personnes, sauf pour certains cas particuliers sur la voie publique ou dans des stades.


En milieu de semaine dernière, par ailleurs, c’est à Auckland d’un nouvel épisode dans les relations entre les deux pays se déroulait, avec une série de perquisitions menées par les services spéciaux de renseignement de la police locale, au domicile de plusieurs membres d’anciens gouvernements pré-putsch et militant au sein d’association pour le retour à la démocratie dans leur pays.
Un ancien ministre, Rajesh Singh, a reçu la visite d’une de ces équipes et a dû répondre à une série de questions touchant spécifiquement à des rencontres avec un dissident notoire du régime, le Colonel Ratu Tevita Mara.
Depuis son départ de Fidji, dans des circonstances rocambolesques, en mai 2011, à bord d’un bateau de pêche ensuite rejoint par un navire militaire tongien, cet ancien proche du Contre-amiral tente d’articuler une opposition crédible au régime actuel.
Il bénéficiait depuis de conditions bienveillantes de la part de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, où il s’est rendu à plusieurs reprises pour y tenir des réunions d’opposants au régime de Suva.
Les questions des policiers néo-zélandais auraient porté sur un éventuel complot ourdi depuis la Nouvelle-Zélande en vue d’assassiner le Premier ministre Contre-amiral Franck Bainimarama.
M. Singh a ensuite déclaré avoir nié en bloc et obtenu que l’ordinateur portable et l’appareil photo saisis lui soient restitués.
Il clame depuis son intention de porter plainte devant les services néo-zélandais du Médiateur (Ombudsman).
Depuis, le premier ministre néo-zélandais John Key a indiqué que des contacts à ce sujet avaient bien eu lieu entre son gouvernement et celui de Fidji.
Cette intervention policière sur le sol néo-zélandais a aussi été interprétée, depuis, comme un signal fort et plutôt amical envoyé de Wellington à Suva.

Mission interparlementaire conjointe ACP-UE à Suva cette semaine

Cette semaine aussi, une mission interparlementaire conjointe de l’Union Européenne et le groupe des pays ACP (Afrique, Caraïbe, Pacifique) se trouvait lundi 23 juillet 2012 à pied d’œuvre dans la capitale fidjienne.
Au cours de cette mission, du 21 au 24 juillet 2012, l’objectif est d’évaluer sur place les progrès réalisés en matière de retour à la démocratie et en vue de la tenue d’élections toujours annoncées pour le dernier trimestre 2014.
Ce groupe, côté européen, est conduit par Mme Michèle Rivasi (Vice-présidente de la délégation européenne à l'Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE députée européenne Verts, qui remplace au pied levé le Belge Louis Michel, Coprésident de la délégation européenne à l'Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE et ancien commissaire européen au Développement et à l'Aide humanitaire) et, du côté ACP, par le Kenyan Musikari Kombo, Coprésident de l'Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE.
Le coup d’État de décembre 2006 a entraîné, au plan de l’UE, des « mesures appropriées », à savoir une suspension de son aide non humanitaire à Fidji, dans le cadre du Fonds Européen de Développement (FED), pour cause de non respect des « éléments essentiels » contenus dans l’article 96 de l’Accord de Cotonou (qui lie l’UE et les ACP), notamment le principe de respect de l’état de droit, des droits de l'homme et des valeurs démocratiques.
Le gel des fonds européens, toutefois, ne concerne pas les programmes classés humanitaires.

Le gouvernement fidjien dirigé par le Contre-amiral Franck Bainimarama annonce depuis juillet 2009 des élections législatives pour le dernier trimestre 2014.
Depuis le début juillet 2012, il a par ailleurs lancé un processus de mise à jour des listes électorales, effectué par la mise en place d’un système électronique censé supprimer les erreurs, voire les fraudes.
Parallèlement, une commission consultative et des soumissions de la part du public devraient être synthétisées par un groupe d’experts, présidé par le Sud-africain Yash Ghai.
Ce groupe est chargé de rédiger une nouvelle constitution, dont le texte devrait ensuite être entériné par une assemblée constituante.
Le Premier ministre Contre-amiral Bainimarama a indiqué à plusieurs reprises que dans ce nouveau texte, toute notion « clivante », comme la notion de circonscriptions réservées à l’une ou l’autre des deux principales ethnies (les Fidjiens indigènes et les citoyens d’origine indienne, amenée à la fin du dix-neuvième siècle pour cultiver la canne à sucre), présentes dans la précédente Constitution (abrogée mi-avril 2009), ne figureraient pas dans le nouveau texte.
Selon Suva, la nouvelle Constitution devrait être finalisée courant 2013.

pad


La composition de la délégation ACP-UE telle que communiquée lundi par la délégation de l’Union Européenne pour le Pacifique

Députés du Parlement européen

• Mme Michèle Rivasi, Vice-présidente de la délégation européenne à l'Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE députée européenne Verts (France, députée Verts) en remplacement de M. Michel (Belgique), Coprésident de la délégation européenne à l'Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE et ancien commissaire européen au Développement et à l'Aide humanitaire

• M. Frank Engel (Luxembourg, EPP [European People's Party]), membre de l'Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE

Secrétariat du Parlement européen

• Donatella Pribaz (chef de l’unité ACP)

Interprètes

• Françoise Joostens (France), chef d’équipe
• Dina Evioni (Royaume-Uni)
• Peter Strauss (Royaume-Uni)

Composante ACP

Députés de l’Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE


• M. Musikari Kombo (Kenya), Coprésident de l'Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE
• M. Lenatai'i Victor Tamapua (Samoa), Vice-président de l'Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE
• M. Glen Benedict Noel (Grenades), Vice-président de l'Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE

Secrétariat du groupe ACP

• Mme Michele Dominique Raymond, Secrétaire Générale adjoint aux affaires politiques et au développement humain
• M. Lawrence Chilimboyi, expert sur les questions d’institutions parlementaires, Département des affaires politiques et du développement humain

Rédigé par () le Lundi 23 Juillet 2012 à 06:20 | Lu 385 fois