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Web, applis, réseaux sociaux: les bons samaritains version 2.0


Grâce à de nombreux sites et applications d'entraide, de nouveaux "bons samaritains" émergent.
Grâce à de nombreux sites et applications d'entraide, de nouveaux "bons samaritains" émergent.
Paris, France | AFP | samedi 07/11/2015 - Ils n'auraient pas forcément poussé la porte d'une association mais sont prêts à apporter une couverture à un sans-abri géolocalisé dans leur quartier ou donner un coup de main ponctuel: grâce à de nombreux sites et applications d'entraide, de nouveaux "bons samaritains" émergent.

"Venez lire avec Georgette et Anne-Marie", "Scrabble avec Ginette et Jacqueline": c'est en voyant ce type d'annonces sur le site d'entraide Welp que Justine Sebaoun, 18 ans, s'est retrouvée à papoter avec les pensionnaires d'une maison de retraite près de Meudon, en région parisienne.

Plutôt que de regarder du côté des associations, ça lui a paru "plus simple" de se tourner vers le web. "Dès qu'on a le temps, on peut y aller, c'est accessible", explique la jeune étudiante en droit.

"C'est la tendance du moment: on a envie de passer du coq à l'âne", assure Marie Treppoz, 43 ans, qui a créé Welp en mars 2014 pour "dépoussiérer le bénévolat". Aujourd'hui plus du tiers des utilisateurs ont entre 25 et 35 ans et l'objectif de cette entrepreneuse est de faire du site le "Bon coin du bénévolat", du nom de ce site de troc à succès.

Comme Welp, de nombreuses initiatives pour aider son prochain ont fleuri sur le web, telles que Staying alive, téléchargée un million de fois. Jusqu'à présent, cette application permettait de localiser le défibrillateur le plus proche. Mais dès la fin de l'année, les pompiers pourront aussi l'utiliser pour contacter des "bons samaritains" (25.000 déjà inscrits), des citoyens capables d'effectuer un massage cardiaque, avant l'arrivée des secours.

Le but? "Gagner de précieuses minutes", explique Paul Dardel, médecin et fondateur de l'application. "A Paris et en petite couronne on estime que les secours mettent entre 8 et 12 minutes à arriver, or en cas d'arrêt cardiaque, on a 4 minutes pour agir", avance-t-il.

- Des millions de smartphones, 140.000 SDF -
Venir en aide à quelqu'un en difficulté tout près de chez soi, c'est aussi ce que propose Homeless plus. Les utilisateurs de cette application lancée en juin indiquent où se trouve un sans-abri, son profil et ses besoins, pour inciter la communauté à lui apporter duvet, chaussettes ou repas chaud.

"Il y a des millions de smartphones, 140.000 SDF et pas moins de 38 kilos de nourriture comestible jetés chaque seconde à la poubelle", souligne Aïda Demdoum, sa créatrice, qui souhaiterait coopérer avec le Samu social de Paris.

Même principe pour Humans Relais qui lance des appels sur Twitter, Facebook, avant une application au printemps.

"#urgent, un papa et son fils ont faim. Qui aurait la gentillesse de leur apporter au moins un repas?" twitte son créateur Yassine Riffi, développeur web et bénévole aux Restos du coeur.

Les besoins sont immenses et les associations débordées, explique ce militant, convaincu que les citoyens doivent s'impliquer pour les aider.

"Aujourd'hui énormément de gens veulent s'engager. Il faut répondre à leurs demandes", renchérit Nathanaël Molle, cofondateur de l'association Singa, qui propose aux internautes d'accueillir chez eux des réfugiés, via le programme Comme à la maison. "On a reçu plus de 12.000 propositions de logement en un mois et demi", s'enthousiasme-t-il.

Mais tout le monde peut-il s'improviser bienfaiteur?

La présidente d'Action contre la faim, Stéphanie Rivoal, qui héberge un réfugié soudanais chez elle, via ce programme, racontait récemment avoir eu un "choc culturel" et ce, malgré son expérience et sa connaissance du Darfour.

"L'accueil n'est pas quelque chose qui s'improvise", reconnaît Nathanaël Molle, qui forme les hôtes. Pour lui, le potentiel est énorme: "ce mois-ci on a formé plus de 1.000 personnes mais avec le web on aurait pu en former 100.000", via des MOOCS (formation en ligne).

Côté humanitaire, on regarde ces initiatives avec intérêt. "C'est utile, complémentaire", estime Antoine Peigney, de la Croix-Rouge française, mais "ça reste marginal et ça ne remplacera pas ce que peut faire la Croix-Rouge, les ONG et les agences des Nations unies".

pau-caz/at/bd

le Samedi 7 Novembre 2015 à 01:18 | Lu 497 fois