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Walter Teinauri, l'afisien de Tubuai


Walter Teinauri est non seulement responsable de l'aérodrome de Tubuai, mais il est aussi sapeur-pompier et afisien.
Walter Teinauri est non seulement responsable de l'aérodrome de Tubuai, mais il est aussi sapeur-pompier et afisien.
TUBUAI, le 09/01/2016 - Depuis 2011, Walter Teinauri occupe les fonctions d'afis à l'aérodrome de Tubuai. Un métier peu connu mais avec de grosses responsabilités sur les épaules. Si à Tahiti, les pilotes d'avion sont dirigés et contrôlés par les aiguilleurs du ciel. Dans plusieurs îles polynésiennes, on retrouve des afis, des agents du Pays qui communiquent avec les pilotes pour que leurs appareils puissent se poser en toute sécurité. À Tubuai, deux sapeurs-pompiers de l'aérodrome occupent ces fonctions. Rencontre avec l'un d'eux.

Peu connu par la majorité des Polynésiens, le métier d'afis est pratiqué dans 43 îles desservies par Air Tahiti. Dirigés par le Pays au travers de la Direction de l'Aviation civile (DAC), les afisiens ont pour mission de transmettre aux pilotes les informations nécessaires avant l'atterrissage des aéronefs.

À Tubuai, deux sapeurs-pompiers de l'aérodrome occupent le poste d'afis. L'un d'eux se nomme Walter Teinauri, qui est aussi le responsable de l'aérodrome de l'île. Une semaine sur deux, ce père de famille revêt sa casquette d'afisien. "Chaque pilote communique avec Tahiti, mais quand il arrive dans le circuit de l'aérodrome, c'est-à-dire en-dessous du niveau de vol 45, il n'est plus en espace contrôlé", explique Walter Teinauri. "Donc, on communique avec le pilote et on lui transmet les paramètres météo et le temps présent. On relaye les services d'alerte. On appelle cela le service d'information et d'alerte. Pourquoi alerte ? Parce que si jamais il y a des pertes de contact radio, nous mettons en place les phases d'alerte."

Être afisien n'est pas évident puisque comme Walter le dit, "nous avons de grosses responsabilités sur les épaules." Et sa formation, il l'a acquise sur le tas. "Il faut bien connaitre les termes météorologiques et plus particulièrement la phrasiologie. Par exemple, pour le premier contact : le pilote me demande l'estimée de posée et ses paramètres météo sur l'aérodrome, tels que la piste en service qui est choisie selon la direction du vent. L'avion doit toujours se poser avec un vent de face. Après, il faut regarder la force du vent, la visibilité, la nébulosité c'est-à-dire les nuages, la pompée et le QNH", précise le responsable de l'aérodrome.

Donner les informations au pilote reste la seule mission d'un afis.

AFISIEN ET AIGUILLEUR DU CIEL, DEUX MÉTIERS DIFFÉRENTS

Avant de devenir afisien, Walter était un simple sapeur-pompier. Il a intégré la caserne de l'aérodrome en 2003. Huit ans plus tard, il entend parler du recrutement d'un afisien sur l'île. Une chance qu'il saisira : "j'ai été formé pendant un mois, ensuite j'ai passé l'examen. Pour réussir il faut que tu aies 14/20 sinon tu es recalé", dit-il.

Aujourd'hui, Walter accomplit brillamment ses fonctions. Mais attention, le métier d'afisien n'a rien à voir avec celui d'un aiguilleur du ciel. "Les aiguilleurs ce sont les contrôleurs, il y a quand même pas mal de différence entre nous. Eux, ils font des contrôles avec l'avion. Ils ont le droit de dire au pilote de prendre telle ou telle trajectoire, tandis que nous, nous n'avons pas ce droit. Nous transmettons uniquement les informations, le pilote reste maitre de son appareil. Nous n'avons pas le droit de lui imposer quoi que ce soit", détaille-t-il.

"Après le décollage de l'avion on attend une demi-heure pour un vol qui rentre sur Tahiti. Dans notre jargon, on dit le point de non-retour, c'est au cas où il y a un souci et qu'il fait demi-tour. On est obligé d'être là. Par contre, si l'avion part sur Rurutu, on est obligé d'attendre que l'avion se pose. Si jamais, il n'arrive pas à se poser sur Rurutu à cause du mauvais temps, le pilote peut décider de revenir sur Tubuai", poursuit-il.

PAS FACILE D'ACCOMPLIR SA MISSION DANS LES ÎLES

En Polynésie, pour relier les archipels à Tahiti, on utilise soit l'avion ou le bateau. En cas d'évasan, des avions spéciaux sont affrétés pour récupérer les malades. Et quand les afisiens ne sont pas de service, la mission est un peu plus compliquée. "Je ne suis pas obligé d'être là, parce qu'il n'y a pas d'astreinte évasan jusqu'à ce jour. Mais, ici à Tubuai, le service des plans de vol essaye de me joindre, puisque c'est à eux de nous informer. Des fois, nous ne sommes pas toujours à côté de notre téléphone. Mais ici, ils appellent la police municipale ou la gendarmerie. Dès qu'ils nous ont, on ne peut pas refuser, nous sommes obligés de prendre l'astreinte", assure Walter.

Autre difficulté pour les sapeurs-pompiers de l'aérodrome : les interventions hors zone aéroportuaire.

En effet, à Tubuai, seuls deux sapeurs-pompiers volontaires sont en fonction sur l'île. Dès lors où un grand incendie survient, l'équipe de l'aérodrome vient leur prêter mains fortes, ce qui peut retarder l'atterrissage ou le décollage des avions, comme ce fut le cas le 30 décembre dernier. "Il y avait un vol qui devait arriver de Raivavae. Donc, j'ai dû prévenir tous les services concernés que notre équipe était en intervention sur l'île, à la demande des gendarmes. Je leur ai donné le niveau de sécurité présent à ce moment-là. Dans notre jargon, on appelle cela le niveau 1, c'est-à-dire qu'il n'y a qu'un extincteur en cas d'incident. Le pilote a donc été informé, et il a décidé de rester sur Raivavae jusqu'à ce que le véhicule rejoigne la plateforme aéroportuaire."

D'ailleurs, pour éviter que ce genre de situation ne se réitère, la mairie de Tubuai lancera prochainement, "un appel à candidatures pour le recrutement de douze jeunes sapeurs-pompiers prévu pour le mois de mars", informe le maire de Tubuai, Fernand Tahiata.

Une bonne nouvelle pour les sapeurs-pompiers de l'aérodrome, puisqu'ils n'auront plus besoin de quitter leur poste. En tous les cas, en toutes circonstances, Walter Teinauri est présent dans sa tour pour assurer au mieux sa mission. Un métier qu'il affectionne, et voici son message aux jeunes : "Il faut juste être courageux. Il faut aller à l'école parce que je pense qu'aujourd'hui, on demande un certain niveau d'études pour ce poste-là. Je pense que dès qu'il y aura une occasion qui se présentera, il ne faudra pas hésiter. Il faut passer les examens, il ne faut pas attendre, parce que le travail ne va pas tomber du ciel."

En Polynésie française, 43 aérodromes sont gérés par le Pays et quatre sont sous la houlette de l’État (Tahiti, Raiatea, Bora Bora et Rangiroa).

Sur Tubuai, on compte quatre jours de vols par semaine, en dehors des vacances scolaires.
Sur Tubuai, on compte quatre jours de vols par semaine, en dehors des vacances scolaires.

le Lundi 9 Janvier 2017 à 16:15 | Lu 7343 fois