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Vives oppositions contre le budget 2013


Vives oppositions contre le budget 2013
PAPEETE, mardi 11 décembre 2012. Les différents groupes politiques de l’Assemblée de Polynésie française se sont exprimés ce mardi matin lors du débat général sur l’examen du budget prévisionnel du Pays pour l’année 2013. Comme prévu, le Tahoeraa Huiraatira a annoncé qu’il voterait contre et le parti orange s’est exprimé de façon très vive, par la voix d’Edouard Fritch sur ce budget qu’il qualifie sous les adjectifs suivants «insincère, incohérent, électoraliste». Et le député d’argumenter son propos «Où est la sincérité budgétaire lorsqu’on crée des dépenses supplémentaires en fonctionnement alors que l’on sait d’ores et déjà que les recettes de fonctionnement seront une nouvelle fois en baisse en 2013 et que les dépenses obligatoires continueront également d’augmenter (…) L’incohérence, elle situe notamment au niveau de vos actions dans le domaine économique. Alors que nos marges de manœuvre budgétaire sont toujours plus réduites, vous nous annoncez la création de nouvelles SEM autant inutiles que budgétivores. Ainsi en va-t-il du Tahiti Pearl Consortium pour lequel vous inscrivez 500 millions. Autant vous dire d’ores et déjà que la création de cette SEM nous paraît entachée d’illégalité (…) Tout cela est absolument incohérent. Nous ne parlons pas de l’opacité qui entoure ces projets, et plus particulièrement le projet sino-maohi (…) Enfin, votre projet de budget est emprunt de mesures électoralistes qui n’ont échappé à personne mais qui, dans la période de récession actuelle viennent un peu plus compromettre l’équilibre budgétaire».

Vives oppositions contre le budget 2013
Armelle Merceron pour le groupe Ia Ora Te Fenua n’a pas été plus tendre et a annoncé également que le groupe n’approuverait pas ce budget 2013. «Vous avez fait le choix de ne pas vous attaquer aux problèmes de fond, ni aux adaptations de dispositifs d’intervention dont le maintien en l’état est insoutenable pour les finances publiques. Exemple, la protection sociale que vous n’avez eu le courage d’engager dans une réforme en profondeur (…) Résultat : le RGS a voté un budget en déficit. Vous avez fait adopter par le CG RSPf un budget avec une impasse de financement de plus de 2,7 milliards (10,7%) des dépenses. Comme en 2012. Insincérité. Irresponsabilité». Au chapitre des incohérences, Armelle Merceron pointe du doigt l’allocation de parent isolé : «Pourquoi, dans la précipitation, privilégier une aide sociale au cas par cas dont vous n’avez pas établi clairement les critères de décision, laissant aux travailleurs sociaux la responsabilité de décider d’attribuer ou pas». Plus globalement, le groupe Ia Ora Te Fenua ne validera pas ce budget 2013 parce qu’ «Il aurait fallu trouver dans le budget 2013 les ingrédients d’un vrai taui, salutaire, dynamique et surtout porteur d’espoir et de confiance pour nos compatriotes. Or votre budget s’analyse entre, d’une part une inertie ou un manque de courage pour faire face au défis indispensables à relever pour l’avenir, et d’autre part une liste de cadeaux électoraux coûteux pour l’avenir».

Robert Tanseau.
Robert Tanseau.
Sandra Levy-Agami, représentante non inscrite, très brève dans son propos évoque la «dimension surréaliste de ce budget. Le gouvernement Temaru vend du rêve pour essayer d’acheter les électeurs». Robert Tanseau pour le groupe To Tatou Ai’a s’étonne tout d’abord de ne pas trouver trace dans ce budget primitif des premières recettes de la joint-venture avec les Chinois, et fustige lui aussi l’allocation de parent isolé pour laquelle les recettes n’ont pas été suffisamment prévues au regard des besoins «on vend de la poudre aux yeux qui risque de faire beaucoup de mécontents aux guichets (…) Quand on donne la priorité au social avec une économie catastrophique on va tout droit à la catastrophe» concluait-il ajoutant au passage un coup de griffe «quand il s’agit de ne pas voir plus loin que sa pirogue, vous êtes doué».

Victor Maamaatuaiahutapu.
Victor Maamaatuaiahutapu.
Face à ce déchaînement négatif, Victor Maamaatuaiahutapu pour le groupe UPLD a eu bien du mal à faire sa déclaration, dans le brouhaha des rangs de l’opposition, mais il a réussi en français, à aller jusqu’au bout, affirmant que l’indépendance économique de la Polynésie française n’a pas évolué en raison de l’action des gouvernements passés. Or «aujourd’hui, dans l’hémicycle le caporal chef du Tahoeraa donne des leçons. Mais que proposez-vous ? Rien du tout, à part un flot de salive incontrôlé, des promesses électorales (…) L’opposition parle d’un budget insincère alors qu’il se construit sur les ruines qu’elle nous a laissées. Il faut passer de la politique de la main tendue à celle de la main travailleuse». A l’Assemblée de la Polynésie française l’examen du budget interrompu à l’heure du déjeuner ce mardi a repris à 14h30.

Rédigé par Mireille Loubet le Mardi 11 Décembre 2012 à 15:16 | Lu 1156 fois