PARIS, 10 décembre 2011 (AFP) - La création dans un laboratoire néerlandais d'un virus mutant de la grippe aviaire potentiellement ravageur, a provoqué l'émoi de gouvernements occidentaux et ressuscité, par médias interposés, le fantasme d'une pandémie incontrôlable comme celle décrite dans le film "Contagion".
Un laboratoire néerlandais dirigé par le Pr Ron Fouchier, au centre médical Erasmus de Rotterdam, a annoncé en septembre avoir créé un virus mutant de la grippe aviaire H5N1 potentiellement capable, pour la première fois, de se transmettre facilement entre humains.
Chez l'homme, le H5N1 est mortel à 60% mais il ne s'est jamais transmis par voie aérienne; c'est pourquoi, il n'a fait à ce jour qu'un peu moins de 350 morts.
Il est en revanche vivace chez les palmipèdes et se transmet facilement à la volaille d'élevage, à son tour susceptible d'infecter des personnes à son contact.
"Nous avons découvert" que la transmission du virus entre humains "est effectivement possible et peut se faire plus facilement que ce que nous pensions", a annoncé le Pr Fouchier.
"En laboratoire, il a été possible de changer le H5N1 en virus (...) qui peut facilement se répandre dans l'air," a expliqué le chercheur néerlandais dans un communiqué.
Cette annonce, lors d'un rendez-vous de spécialistes, en septembre à Malte, serait passée inaperçue si les Etats-Unis n'avaioent émis des doutes sur l'opportunité de publier de tels résultats dans Science, revue de référence du pays.
"autoclave"
Un comité consultatif américain a gelé la parution de l'article, le temps d'évaluer s'il pourrait "être utilisé de façon malveillante pour créer une menace biologique".
"A côté, l'anthrax ne fait pas peur du tout" s'inquiétait en novembre le journal britannique Daily Mail.
En attendant, le centre Erasmus a lui aussi bloqué toute communication: "nous attendons la décision américaine (...) pour le moment il est impossible de parler à nos chercheurs".
Vendredi à Paris, la question du "supervirus H5N1" a été discutée lors d'une réunion de ministres occidentaux de la Santé, après une série d'articles alarmistes sur le sujet depuis fin novembre.
"C'est une question dont nous avons beaucoup parlé", a indiqué le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, à l'issue d'une rencontre de l'Initiative mondiale sur la sécurité sanitaire (GHSI), groupe d'échanges d'informations sur les menaces sanitaires qui réunit pays du G7, Mexique, Commission européenne et Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Les ministres se sont interrogés avec la directrice générale de l'OMS, Margaret Chan, sur le bien-fondé de ce type de recherche et la manière d'en communiquer les résultats.
"Cette recherche est tout à fait légitime, c'est important de savoir si ce virus a la capacité de devenir contagieux chez le mammifère ou pas, c'est même fondamental", tranche Jean-Claude Manuguerra de l'Institut pasteur.
Le hic est que pour répondre à cette question "il a fallu générer un virus potentiellement plus dangereux que ce qui existait avant", explique-t-il à l'AFP.
Une façon de clore le débat serait de passer le virus à l'autoclave pour le détruire.
Quant à la possibilité pour des bioterroristes de reproduire en laboratoire le virus tueur en se basant sur la communication du Pr Fouchier, M. Manuguerra observe: "ce sont des technologies extrêmement compliquées. Les laboratoires qui sont capables de le faire se comptent sur les doigts de deux voire quatre mains dans le monde".
De plus, ajoute-t-il, une fois lâché dans la nature, il n'est pas certain que ce virus garderait sa dangerosité car "passant à l'homme il muterait à toute vitesse".
ot/pjl/ed
Un laboratoire néerlandais dirigé par le Pr Ron Fouchier, au centre médical Erasmus de Rotterdam, a annoncé en septembre avoir créé un virus mutant de la grippe aviaire H5N1 potentiellement capable, pour la première fois, de se transmettre facilement entre humains.
Chez l'homme, le H5N1 est mortel à 60% mais il ne s'est jamais transmis par voie aérienne; c'est pourquoi, il n'a fait à ce jour qu'un peu moins de 350 morts.
Il est en revanche vivace chez les palmipèdes et se transmet facilement à la volaille d'élevage, à son tour susceptible d'infecter des personnes à son contact.
"Nous avons découvert" que la transmission du virus entre humains "est effectivement possible et peut se faire plus facilement que ce que nous pensions", a annoncé le Pr Fouchier.
"En laboratoire, il a été possible de changer le H5N1 en virus (...) qui peut facilement se répandre dans l'air," a expliqué le chercheur néerlandais dans un communiqué.
Cette annonce, lors d'un rendez-vous de spécialistes, en septembre à Malte, serait passée inaperçue si les Etats-Unis n'avaioent émis des doutes sur l'opportunité de publier de tels résultats dans Science, revue de référence du pays.
"autoclave"
Un comité consultatif américain a gelé la parution de l'article, le temps d'évaluer s'il pourrait "être utilisé de façon malveillante pour créer une menace biologique".
"A côté, l'anthrax ne fait pas peur du tout" s'inquiétait en novembre le journal britannique Daily Mail.
En attendant, le centre Erasmus a lui aussi bloqué toute communication: "nous attendons la décision américaine (...) pour le moment il est impossible de parler à nos chercheurs".
Vendredi à Paris, la question du "supervirus H5N1" a été discutée lors d'une réunion de ministres occidentaux de la Santé, après une série d'articles alarmistes sur le sujet depuis fin novembre.
"C'est une question dont nous avons beaucoup parlé", a indiqué le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, à l'issue d'une rencontre de l'Initiative mondiale sur la sécurité sanitaire (GHSI), groupe d'échanges d'informations sur les menaces sanitaires qui réunit pays du G7, Mexique, Commission européenne et Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Les ministres se sont interrogés avec la directrice générale de l'OMS, Margaret Chan, sur le bien-fondé de ce type de recherche et la manière d'en communiquer les résultats.
"Cette recherche est tout à fait légitime, c'est important de savoir si ce virus a la capacité de devenir contagieux chez le mammifère ou pas, c'est même fondamental", tranche Jean-Claude Manuguerra de l'Institut pasteur.
Le hic est que pour répondre à cette question "il a fallu générer un virus potentiellement plus dangereux que ce qui existait avant", explique-t-il à l'AFP.
Une façon de clore le débat serait de passer le virus à l'autoclave pour le détruire.
Quant à la possibilité pour des bioterroristes de reproduire en laboratoire le virus tueur en se basant sur la communication du Pr Fouchier, M. Manuguerra observe: "ce sont des technologies extrêmement compliquées. Les laboratoires qui sont capables de le faire se comptent sur les doigts de deux voire quatre mains dans le monde".
De plus, ajoute-t-il, une fois lâché dans la nature, il n'est pas certain que ce virus garderait sa dangerosité car "passant à l'homme il muterait à toute vitesse".
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