Stepanakert, Azerbaïdjan | AFP | jeudi 01/10/2020 - Arméniens et Azerbaïdjanais restaient sourds jeudi à de nouveaux appels au cessez-le-feu et "intensifiaient" même leurs combats au Nagorny Karabakh, où des combattants "jihadistes" auraient été déployés selon Emmanuel Macron, laissant craindre une nouvelle escalade du conflit.
Le chef d'Etat français a assuré, en arrivant à un sommet européen à Bruxelles, disposer d'informations "de manière certaine" sur le déploiement de "combattants syriens de groupes jihadistes" ayant transité par la Turquie, plus fidèle alliée de l'Azerbaïdjan, pour rejoindre ce territoire séparatiste soutenu par Erevan.
La Russie avait fait état d'informations similaires la veille.
"C'est un fait très grave, nouveau, qui change aussi la donne", a ajouté Emmanuel Macron, dont le pays fait partie avec la Russie et les Etats-Unis du "groupe de Minsk" chargé d'une médiation dans ce conflit.
Les trois présidents des pays du Groupe de Minsk ont d'ailleurs demandé jeudi, dans un communiqué commun, "la cessation immédiate des hostilités", un appel qui risque de ne pas être entendu, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev comme le Premier ministre arménien Nikol Pachinian ayant promis mercredi de continuer le combat.
Sur le terrain, la petite ville de Martouni, située à environ 25 kilomètres du front en territoire séparatiste, a été touchée jeudi par des tirs de roquettes d'une violence encore jamais vue depuis la reprise du conflit, selon ses habitants forcés de se réfugier dans leur cave.
"J'ai construit cette maison avec mes propres mains. Je n'irai plus nulle part, c'est tout", a pourtant assuré à l'AFP Artak Aloïan, un travailleur du BTP de 54 ans ayant trouvé refuge avec une voisine âgé. "Je mourrai ici avec le dernier combat", a-t-il ajouté.
Le Nagorny Karabakh, en majorité peuplé d'Arméniens, a fait sécession de l'Azerbaïdjan, entraînant une guerre au début des années 1990 qui avait fait 30.000 morts. Le front est quasi-gelé depuis malgré des heurts réguliers, notamment en 2016.
Au cinquième jour des affrontements, aucun camp ne semblait avoir gagné un avantage décisif sur l'autre mais "les combats se sont intensifiés dans la matinée", a assuré le porte-parole du ministère arménien de la Défense, Artstroun Hovhannissian, affirmant que l'ennemi a subi "des pertes énormes".
Les forces azerbaïdjanaises ont émis des revendications similaires et assuré que les combattants séparatistes ont dû "se retirer de positions qu'ils tenaient sur toute la ligne de front".
"Tirs d'artillerie dévastateurs"
Depuis le début des hostilités dimanche, seuls des bilans partiels sont communiqués faisant état au total de 131 morts. L'Arménie a annoncé que 104 soldats et 8 civils ont été tués. Bakou se refuse de son côté à communiquer des bilans militaires mais a annoncé la mort de 19 civils.
Selon le porte-parole arménien, environ 350 soldats azerbaïdjanais ont été tués jeudi, et plusieurs avions et hélicoptères abattus.
La veille, l'Arménie avait fait état déjà de près de 800 soldats azerbaïdjanais tués, et Bakou de près de 1.900 militaires arméniens morts.
Le ministère de la Défense azerbaïdjanais a démenti avoir perdu des avions et hélicoptères.
Un journaliste et un photographe qui couvraient pour Le Monde le conflit ont été blessés à Martouni, selon la rédaction du quotidien français. Deux journalistes arméniens ont aussi été blessés, selon les autorités locales.
Les journalistes (dont une équipe de l'AFP, qui n'a pas été blessée) accompagnaient les autorités locales pour interviewer la population et constater les dégâts quand la ville a été bombardée.
Emmanuel Macron, Vladimir Poutine et Donald Trump ont encore appelé jeudi "les dirigeants de l'Arménie et de l’Azerbaïdjan à s'engager sans délai à reprendre les négociations".
A l'inverse, le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays est le principal allié de l'Azerbaïdjan, a estimé dans un discours au Parlement qu'un cessez-le-feu ne pouvait passer que par un retrait des forces arméniennes de l'enclave séparatiste.
Les accusations d'Emmanuel Macron risquent d'envenimer encore un peu plus les relations entre Paris et Ankara, qui se sont considérablement détériorées ces dernières semaines sur fond de bras de fer, notamment autour du conflit gréco-turc en Méditerranée.
Risque d'internationalisation
La Russie, puissance régionale qui entretient des relations cordiales avec les deux républiques ex-soviétiques, s'est montrée inquiète du rôle de la Turquie, concurrent géopolitique mais avec qui elle a des relations pragmatiques.
L'ingérence militaire d'Ankara n'est pas établie, seule l'Arménie l'affirmant jusqu'ici, accusant la Turquie d'avoir déployé ses avions F-16, de fournir des pilotes de drones et des spécialistes militaires.
Une intervention directe turque constituerait un tournant majeur et une internationalisation du conflit, un éventuel scénario catastrophe, dans une région où de nombreuses puissances sont en concurrence.
Le chef d'Etat français a assuré, en arrivant à un sommet européen à Bruxelles, disposer d'informations "de manière certaine" sur le déploiement de "combattants syriens de groupes jihadistes" ayant transité par la Turquie, plus fidèle alliée de l'Azerbaïdjan, pour rejoindre ce territoire séparatiste soutenu par Erevan.
La Russie avait fait état d'informations similaires la veille.
"C'est un fait très grave, nouveau, qui change aussi la donne", a ajouté Emmanuel Macron, dont le pays fait partie avec la Russie et les Etats-Unis du "groupe de Minsk" chargé d'une médiation dans ce conflit.
Les trois présidents des pays du Groupe de Minsk ont d'ailleurs demandé jeudi, dans un communiqué commun, "la cessation immédiate des hostilités", un appel qui risque de ne pas être entendu, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev comme le Premier ministre arménien Nikol Pachinian ayant promis mercredi de continuer le combat.
Sur le terrain, la petite ville de Martouni, située à environ 25 kilomètres du front en territoire séparatiste, a été touchée jeudi par des tirs de roquettes d'une violence encore jamais vue depuis la reprise du conflit, selon ses habitants forcés de se réfugier dans leur cave.
"J'ai construit cette maison avec mes propres mains. Je n'irai plus nulle part, c'est tout", a pourtant assuré à l'AFP Artak Aloïan, un travailleur du BTP de 54 ans ayant trouvé refuge avec une voisine âgé. "Je mourrai ici avec le dernier combat", a-t-il ajouté.
Le Nagorny Karabakh, en majorité peuplé d'Arméniens, a fait sécession de l'Azerbaïdjan, entraînant une guerre au début des années 1990 qui avait fait 30.000 morts. Le front est quasi-gelé depuis malgré des heurts réguliers, notamment en 2016.
Au cinquième jour des affrontements, aucun camp ne semblait avoir gagné un avantage décisif sur l'autre mais "les combats se sont intensifiés dans la matinée", a assuré le porte-parole du ministère arménien de la Défense, Artstroun Hovhannissian, affirmant que l'ennemi a subi "des pertes énormes".
Les forces azerbaïdjanaises ont émis des revendications similaires et assuré que les combattants séparatistes ont dû "se retirer de positions qu'ils tenaient sur toute la ligne de front".
"Tirs d'artillerie dévastateurs"
Depuis le début des hostilités dimanche, seuls des bilans partiels sont communiqués faisant état au total de 131 morts. L'Arménie a annoncé que 104 soldats et 8 civils ont été tués. Bakou se refuse de son côté à communiquer des bilans militaires mais a annoncé la mort de 19 civils.
Selon le porte-parole arménien, environ 350 soldats azerbaïdjanais ont été tués jeudi, et plusieurs avions et hélicoptères abattus.
La veille, l'Arménie avait fait état déjà de près de 800 soldats azerbaïdjanais tués, et Bakou de près de 1.900 militaires arméniens morts.
Le ministère de la Défense azerbaïdjanais a démenti avoir perdu des avions et hélicoptères.
Un journaliste et un photographe qui couvraient pour Le Monde le conflit ont été blessés à Martouni, selon la rédaction du quotidien français. Deux journalistes arméniens ont aussi été blessés, selon les autorités locales.
Les journalistes (dont une équipe de l'AFP, qui n'a pas été blessée) accompagnaient les autorités locales pour interviewer la population et constater les dégâts quand la ville a été bombardée.
Emmanuel Macron, Vladimir Poutine et Donald Trump ont encore appelé jeudi "les dirigeants de l'Arménie et de l’Azerbaïdjan à s'engager sans délai à reprendre les négociations".
A l'inverse, le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays est le principal allié de l'Azerbaïdjan, a estimé dans un discours au Parlement qu'un cessez-le-feu ne pouvait passer que par un retrait des forces arméniennes de l'enclave séparatiste.
Les accusations d'Emmanuel Macron risquent d'envenimer encore un peu plus les relations entre Paris et Ankara, qui se sont considérablement détériorées ces dernières semaines sur fond de bras de fer, notamment autour du conflit gréco-turc en Méditerranée.
Risque d'internationalisation
La Russie, puissance régionale qui entretient des relations cordiales avec les deux républiques ex-soviétiques, s'est montrée inquiète du rôle de la Turquie, concurrent géopolitique mais avec qui elle a des relations pragmatiques.
L'ingérence militaire d'Ankara n'est pas établie, seule l'Arménie l'affirmant jusqu'ici, accusant la Turquie d'avoir déployé ses avions F-16, de fournir des pilotes de drones et des spécialistes militaires.
Une intervention directe turque constituerait un tournant majeur et une internationalisation du conflit, un éventuel scénario catastrophe, dans une région où de nombreuses puissances sont en concurrence.