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Violences dans la métropole de Lyon: pointée du doigt, la police reçoit des renforts


Lyon, France | AFP | dimanche 07/03/2021 - La métropole lyonnaise a été agitée ces trois dernières nuits par des troubles urbains qui rappellent de mauvais souvenirs, sur fonds d'accusations contre les forces de l'ordre qui viennent de recevoir des renforts de Paris pour prévenir une éventuelle escalade.

"On peut penser qu'il y a une forme de surenchère, le terreau est présent dans notre zone, mais on n'espère pas de nouveaux troubles dans d'autres quartiers ce soir", confie une source syndicale policière à l'AFP.

La Duchère à Lyon jeudi soir, Rillieux-la-Pape vendredi, puis Bron samedi : la métropole lyonnaise subit des débordements urbains à répétition marqués par des échauffourées entre jeunes et forces de l'ordre et de nombreux incendies de véhicules, ravivant les sombres souvenirs de 2005 et 2015, lorsque les banlieues lyonnaises s'étaient embrasées à tour de rôle.

A Bron samedi soir, un équipage de police secours qui sortait d'un foyer pour mineurs a été pris à partie. "Ils étaient à 30 contre trois. Ils ont dû abandonner leur véhicule pour se réfugier dans le foyer" et leur fourgon a été dégradé, a rapporté une source policière.

Dans une vidéo relayée par le syndicat de commissaires SICP, on peut voir une quinzaine de jeunes enfoncer portes, capot et pare-brise du véhicule à coups de pied. Une enquête a été confiée à la sûreté départementale.

De l'avis du maire LR de Bron Jérémie Bréaud, qui fait l'objet d'une protection suite à des menaces répétées, c'est l'action de la police contre le trafic de drogue qui a provoqué ces violences. Mais une source policière confie à l'AFP que les forces de l'ordre sont aussi montrées du doigt suite à l'accident d'un mineur survenu pendant les heurts.

Les pompiers sont intervenus après que ce dernier "eut fait une chute dans les escaliers d’un hall d’immeuble", a indiqué la préfecture, sans toutefois pouvoir apporter d'éléments sur la gravité des blessures du jeune homme. 

A la Duchère, c'est un autre accident, de scooter cette fois, qui a mis le feu aux poudres jeudi. La veille, un adolescent de 13 ans, qui roulait sans casque, a été gravement touché après avoir perdu le contrôle de son véhicule. 

Selon la presse locale, des jeunes du quartier assurent que le scooter était poursuivi par une voiture de police banalisée, ce que la préfecture a formellement démenti. Une enquête a été confiée à l'IGPN sur les circonstances de l'accident.

"Les collègues sont intervenus uniquement pour secourir ce jeune", se défend une source syndicale policière. "Il y a une minorité qui, aujourd'hui, quoi qu'on puisse faire, fait tout de suite l'amalgame et nous pointe du doigt".

Encore un maire menacé

A Rillieux-la-Pape, ville classée en janvier parmi les quartiers de "reconquête républicaine" (QRR) par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, 13 véhicules ont été incendiés vendredi soir. Selon le maire LR de Rillieux Alexandre Vincendet, "certains se sont servis de ce qui s'est passé (la veille) à la Duchère pour laisser libre cours à leur violence".

M. Darmanin a annoncé un bilan total de 21 interpellations, dont une majorité concernant des mineurs, après ces trois nuits de troubles. 

Neuf suspects, dont huit mineurs, se trouvaient encore en garde à vue dimanche. Trois jeunes, dont un majeur, arrêtés à La Duchère attendaient de leur côté d'être présentés à la justice, selon le parquet.

Réclamé depuis de nombreux mois par les élus de la métropole, un renfort de 200 policiers et gendarmes se trouvait au complet à Lyon depuis samedi. "On espère que ça va dissuader de nouveaux troubles", confie une source policière.

Signe que le climat lyonnais se tend, le maire LR du 2e arrondissement Pierre Oliver a rapporté au Progrès avoir été "insulté et menacé" samedi par une trentaine de jeunes qu'il a surpris en plein tournage de clip de rap sauvage dans un parking en sous-sol de la gare Perrache.

Face aux violences et incivilités lyonnaises, la présidente du rassemblement national Marine Le Pen a fustigé sur Twitter la "faiblesse et le laxisme" du gouvernement.

En déplacement à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) dimanche, M. Darmanin a lui estimé que "s'il y a des violences urbaines, s'il y a des voitures qui peuvent brûler, des policiers qui sont pris à partie, des élus menacés, c'est parce que avec les polices municipales, mais avec la police nationale en premier lieu, on intervient, on démantèle chaque jour de points de deal". 

"Plus il y aura harcèlement de ces points de deal, plus il y a manifestement réaction des dealers, mais à la fin ce sera toujours la police qui va gagner", a-t-il assuré.

le Dimanche 7 Mars 2021 à 12:17 | Lu 161 fois