Paris, France | AFP | jeudi 07/01/2016 - Trois pommes par jour pour seul repas, poisson ou poulet une fois par semaine: Victoire Maçon Dauxerre a sombré dans l'anorexie quand elle était top model, calvaire dont elle témoigne dans un livre qui paraît au moment où la France a décidé d'interdire les mannequins trop maigres.
"On ne peut pas imposer un corps malade en idéal de beauté, c'est criminel", juge la jeune femme de 23 ans, cinq ans après une carrière météorique de huit mois, au cours de laquelle elle a défilé à New York, Milan, Paris, pour des grands noms dont Alexander McQueen, Céline, Miu Miu.
A l'époque, elle était descendue à 47 kg pour 1,78 m. Aujourd'hui, elle se félicite de la législation adoptée en décembre soumettant l'activité de mannequin à un certificat médical qui prend notamment en compte l'indice de masse corporelle (IMC), même si elle trouve que le texte a "dix ans de retard".
Une telle mesure l'aurait empêchée de travailler: "un médecin aurait vu que j'avais le pouls super faible, je perdais mes cheveux, j'avais de l'ostéoporose, je n'avais plus mes règles. Quand on a le teint terreux, limite vert, on voit tout de suite qu'il y a un problème".
C'est à 18 ans que Victoire Maçon Dauxerre se fait repérer alors qu'elle fait du shopping avec sa mère dans le Marais à Paris. Fille d'un ingénieur et d'une artiste, elle prépare son bac et rêve de faire Sciences Po. Mais elle se laisse convaincre par l'aventure du mannequinat et entre à l'agence Elite.
"Personne ne m'a dit: tu dois perdre du poids. Mais on m'a dit: en septembre, tu fais les Fashion Weeks, la taille du vêtement sera du 32-34, tu dois entrer dedans. C'est à ce moment-là que j'aurais dû partir", regrette cette longue jeune femme châtain aux yeux bleus, qui porte désormais du 38.
-'Une omerta'-
Elle s'affame alors pour arriver à la taille requise, et perd une dizaine de kg en deux mois pendant l'été, en se nourrissant de trois pommes par jour et de boissons gazeuses, dont les bulles "calent".
"Plus je maigrissais, plus je me trouvais grosse", explique cette "bonne élève", qui reconnaît qu'il y a "sans doute un terrain pathologique à l'anorexie". "Mais voir des images toute la journée qui vous confirment que la beauté c'est la maigreur, ça ne fait qu'inciter à cela".
Dans son livre paru mercredi, "Jamais assez maigre. Journal d'un top model" (Les Arènes), elle raconte avoir vu dans les coulisses des défilés des mannequins grignoter devant les caméras, avant d'aller se faire vomir aux toilettes une fois les journalistes partis. Avoir participé à des séances photo où seuls les photographes avaient à manger. Etre tombée d'inanition et de fatigue dans la rue en pleine Fashion Week de New York.
"Les filles qui bossent aujourd'hui diront probablement que je mens parce que si elles veulent continuer, elles ne peuvent rien dire, il y a une véritable omerta dans le milieu", dénonce cette jeune femme volontaire, qui se destine désormais au métier de comédienne.
"Les mannequins ne sont rien, ce sont juste des cintres. Dans les années 1980, les top models étaient des personnalités. Aujourd'hui il faut s'effacer derrière le vêtement", dit-elle. Elle "en veut aux maisons de couture": "les créateurs ne veulent que des corps androgynes, on ne veut pas célébrer le corps de la femme".
"Karl Lagerfeld dit que personne ne veut voir des grosses défiler. Mais entre ce qu'on voit maintenant et des grosses, il y a quand même de la marge!", s'insurge-t-elle, en colère contre ce "diktat de la maigreur".
Quand, à bout, elle décide finalement d'arrêter le mannequinat, "personne n'a compris". Elle tombe dans la boulimie, fait une tentative de suicide. "Tout le monde me disait +tu as la vie rêvée+ mais moi je n'ai jamais été aussi malheureuse", raconte Victoire Maçon Dauxerre, qui dit avoir reçu depuis l'annonce de son livre plein de témoignages et messages de soutien.
"On ne peut pas imposer un corps malade en idéal de beauté, c'est criminel", juge la jeune femme de 23 ans, cinq ans après une carrière météorique de huit mois, au cours de laquelle elle a défilé à New York, Milan, Paris, pour des grands noms dont Alexander McQueen, Céline, Miu Miu.
A l'époque, elle était descendue à 47 kg pour 1,78 m. Aujourd'hui, elle se félicite de la législation adoptée en décembre soumettant l'activité de mannequin à un certificat médical qui prend notamment en compte l'indice de masse corporelle (IMC), même si elle trouve que le texte a "dix ans de retard".
Une telle mesure l'aurait empêchée de travailler: "un médecin aurait vu que j'avais le pouls super faible, je perdais mes cheveux, j'avais de l'ostéoporose, je n'avais plus mes règles. Quand on a le teint terreux, limite vert, on voit tout de suite qu'il y a un problème".
C'est à 18 ans que Victoire Maçon Dauxerre se fait repérer alors qu'elle fait du shopping avec sa mère dans le Marais à Paris. Fille d'un ingénieur et d'une artiste, elle prépare son bac et rêve de faire Sciences Po. Mais elle se laisse convaincre par l'aventure du mannequinat et entre à l'agence Elite.
"Personne ne m'a dit: tu dois perdre du poids. Mais on m'a dit: en septembre, tu fais les Fashion Weeks, la taille du vêtement sera du 32-34, tu dois entrer dedans. C'est à ce moment-là que j'aurais dû partir", regrette cette longue jeune femme châtain aux yeux bleus, qui porte désormais du 38.
-'Une omerta'-
Elle s'affame alors pour arriver à la taille requise, et perd une dizaine de kg en deux mois pendant l'été, en se nourrissant de trois pommes par jour et de boissons gazeuses, dont les bulles "calent".
"Plus je maigrissais, plus je me trouvais grosse", explique cette "bonne élève", qui reconnaît qu'il y a "sans doute un terrain pathologique à l'anorexie". "Mais voir des images toute la journée qui vous confirment que la beauté c'est la maigreur, ça ne fait qu'inciter à cela".
Dans son livre paru mercredi, "Jamais assez maigre. Journal d'un top model" (Les Arènes), elle raconte avoir vu dans les coulisses des défilés des mannequins grignoter devant les caméras, avant d'aller se faire vomir aux toilettes une fois les journalistes partis. Avoir participé à des séances photo où seuls les photographes avaient à manger. Etre tombée d'inanition et de fatigue dans la rue en pleine Fashion Week de New York.
"Les filles qui bossent aujourd'hui diront probablement que je mens parce que si elles veulent continuer, elles ne peuvent rien dire, il y a une véritable omerta dans le milieu", dénonce cette jeune femme volontaire, qui se destine désormais au métier de comédienne.
"Les mannequins ne sont rien, ce sont juste des cintres. Dans les années 1980, les top models étaient des personnalités. Aujourd'hui il faut s'effacer derrière le vêtement", dit-elle. Elle "en veut aux maisons de couture": "les créateurs ne veulent que des corps androgynes, on ne veut pas célébrer le corps de la femme".
"Karl Lagerfeld dit que personne ne veut voir des grosses défiler. Mais entre ce qu'on voit maintenant et des grosses, il y a quand même de la marge!", s'insurge-t-elle, en colère contre ce "diktat de la maigreur".
Quand, à bout, elle décide finalement d'arrêter le mannequinat, "personne n'a compris". Elle tombe dans la boulimie, fait une tentative de suicide. "Tout le monde me disait +tu as la vie rêvée+ mais moi je n'ai jamais été aussi malheureuse", raconte Victoire Maçon Dauxerre, qui dit avoir reçu depuis l'annonce de son livre plein de témoignages et messages de soutien.