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Vers un modèle économique régénératif


Tahiti, le 5 juin 2024 - Ce mercredi, dans les locaux de l'Université de la Polynésie française, a eu lieu la deuxième session de la Convention des entreprises pour le climat Pacifique. Un rassemblement d'entrepreneurs et de leaders d'opinion engagés dans la transition écologique, invités à repenser les modèles économiques actuels afin de les rendre soutenables et “régénératifs”.
 
“Que se passerait-il si les décideurs économiques avaient et prenaient le temps de comprendre notre dette écologique aussi bien qu'ils maîtrisent leur compte d'exploitation ? Et que se passerait-il si l'on donnait la priorité à l'invention d'un futur désirable et soutenable pour la prochaine décennie plus qu'à la recherche d'une rentabilité maximale pour le prochain trimestre ?” Ce sont les questions que pose concrètement l'association Convention des entreprises pour le climat (CEC) dans le cadre de son action auprès des différents décideurs économiques afin de leur faire franchir le pas vers de profondes transformations systémiques. En somme, le but est de réconcilier l'économie et le vivant.
 
“La réduction des impacts négatifs ne suffit plus aujourd'hui dans la lutte contre le changement climatique, qu'on se le dise”, explique Romain Cristofini, conférencier sur le thème des modèles économiques régénératifs. “Nous avons franchi six des neuf limites planétaires, ce qui nous oblige aujourd'hui à générer de l'impact positif : un impact régénératif !” Et les pratiques régénératives ne manquent pas : agroécologie, permaculture, reforestation, hydrologie générative etc. Le but ? Mettre la vie et le vivant au centre de chaque action et décision afin de recréer les conditions permettant au vivant d'exprimer son potentiel de création continue. “Nous voulons passer d'une économie extractive, qui consiste à extraire, transformer, jeter, polluer et recommencer, à une économie régénérative qui vise à régénérer les écosystèmes sur des formes nouvelles et élargies de coopérations entre des acteurs d'un même territoire”, assure l'association CEC.
 
Difficile à mettre en place
 
Si sur le principe, aucun problème ne se pose, dans les faits, le projet est plus compliqué à mettre en place. En effet, en face, les entrepreneurs peinent à appréhender la rentabilité d'un tel effort socio-écologique : “Y a-t-il des exemples concrets pour inciter nos entreprises à se transformer de la sorte, à pouvoir générer de l'argent et produire dans cette logique régénérative ? Parce que jusqu'à présent, nos entreprises sont jugées uniquement sur leur bilan comptable”, a soulevé l’un des entrepreneurs présents lors de la conférence.
 
Et si quelques exemples ont été donnés afin de répondre à cette interrogation, le doute subsiste : “C'est très théorique, surtout pour ceux dont l'activité n'a rien à voir avec les formes les plus évidentes du développement durable. Je crois qu'il faut se lancer et voir ce que ça donne pour avoir une vraie idée du concept”, explique un autre entrepreneur. En tout cas, les convives auront deux jours intenses, animés de conférences et d'ateliers divers, pour se familiariser avec le concept.

Rédigé par Wendy Cowan le Mercredi 5 Juin 2024 à 17:56 | Lu 1469 fois