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Variant Delta : “Nette reprise de l'épidémie” au fenua


Tahiti, le 19 juillet 2021 – Avec 91 cas actifs lundi –contre 12 le lundi d'avant– dont 42 nouveaux cas en 72 heures, les autorités sanitaires craignent une “reprise épidémique nette”. Face au variant Delta réputé plus contagieux et plus virulent, les Polynésiens sont appelés à poursuivre la vaccination et à maintenir les gestes barrières.  
 
“42 nouveaux cas en 72 heures” peut-on lire dans le dernier carré épidémiologique, soit un total de 91 cas actifs contre seulement 12 la semaine dernière. Des chiffres très certainement sous-estimés alors que l'ILM, déjà fortement mobilisé à l'aéroport, n'a pas forcément eu le temps de traiter tous les échantillons récoltés ce week-end. Pas de doute pour les autorités sanitaires qui y voient le signal d'une “reprise épidémique nette” et “forte”. Après notamment le cluster de l'hospitel, on s'attend ainsi à une flambée de cas dans les prochains jours, à la faveur notamment de regroupements familiaux, où le Delta se répand très facilement et très rapidement.

Autre signe de déploiement du variant : un frémissement du côté des hôpitaux. Soit cinq hospitalisations, dont deux en réanimation et une à Moorea, contre zéro voilà une semaine. Dans ce contexte, les autorités sanitaires surveillent de près les capacités des structures de santé, annonçant déjà de nouvelles restrictions sanitaires, dont le renforcement des contrôles pour les transferts inter-îles, comme l'a indiqué le ministre de la Santé, Jacques Raynal. Restrictions qui dépendront du projet de loi national sur l'obligation vaccinale des soignants et l'extension du pass sanitaire aux cafés, restaurants et commerces début août.

“Applicabilité décalée” aux outre-mer

Sous la pression d'une reprise épidémique dans l'hexagone, le texte a été adopté lundi par le Conseil des ministres avant son passage au Parlement. Il devrait préciser dans les prochains jours le champ d'intervention des représentants de l'État dans les territoires ultramarins. Comme le veut le circuit législatif habituel, dès que le haussaire, Dominique Sorain, aura pris connaissance du texte, il pourra mettre en œuvre les restrictions, en concertation toujours avec les autorités du Pays. Du côté du haut-commissariat justement, on évoque seulement à ce stade une “applicabilité décalée aux collectivités d'outre-mer” pour le pass sanitaire.

Remanié par le Conseil des ministres, le projet de loi intègre cependant quelques réserves du Conseil d'État, comme la nécessité de présenter le pass sanitaire dans les très grands centres commerciaux, de 20 000 mètres carrés ou plus. Les magistrats ont effectivement retoqué cette disposition jugeant qu'il s'agit “d'une atteinte disproportionnée aux libertés”, dans la mesure où celle-ci est “susceptible de concerner tout particulièrement l'acquisition de biens de première nécessité, notamment alimentaires”. Autre élément jugé disproportionné dans la première version du gouvernement central : la contravention pour les restaurateurs et patrons d'établissements recevant du public en cas de manquement à l'obligation de contrôle du pass sanitaire. Celle-ci a été ramenée à 1 000 euros, au lieu de 9 000 euros.

Si en Polynésie les acteurs économiques n'ont pas été approchés pour les modalités de mise en œuvre du pass sanitaire au fenua, “son utilité est évidente” estime le président du Medef, Frédéric Dock. Posant cependant “la question de son contrôle systématique”, le responsable suggère plutôt “d'alléger les flux en responsabilisant les individus”.
 

Rédigé par Esther Cunéo le Lundi 19 Juillet 2021 à 19:37 | Lu 5561 fois