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Vaea Dang : "Il y en a qui font du shopping, moi je fais les poubelles"


Vaea Dang.
Vaea Dang.
Papeete, le 22 juillet 2019-Concrètement design est une entreprise fondée par Vaea Dang qui s’est lancée dans l’upcycling. Depuis un an, l’histoire de cette entreprise s’écrit au fil du temps et des rencontres.

"J’ai travaillé 18 ans dans l’administration", raconte Vaea Dang. "Je crois fort au service public, mais je me suis rendu compte que je n’étais pas fonctionnaire dans mon mode de pensée. J’ai besoin d’avancer vite."

Vaea Dang avait aussi besoin d’avancer hors-cadre, d’écrire elle-même sa vie, de donner du sens à son quotidien. "Avant, dans l’administration, un problème se présentait, on l’identifiait, on trouvait une solution, mais on ne pouvait la mettre en œuvre sans le bon formulaire."

"J’AI DEMISSIONNE"

"Au début, tu es jeune et plein d’illusion, tu penses que tu vas pouvoir changer les choses, mais finalement, la machine a plus d’inertie que ce que tu peux avoir d’énergie pour la faire avancer. J’ai démissionné."

Vaea Dang a eu besoin de concret, de "faire des choses binaires. Par exemple, si tu fais une erreur dans la construction d’une chaise, tu t’en rends compte rapidement. Ça marche ou ça ne marche pas, il n’y a pas d’autres choix".

Elle s’est mise à fabriquer des objets. Elle a commencé par réaliser une étagère avec des tuyaux galva. "Parce que, quand tu surfes sur Pinterest, il y en a partout."

Elle a fini l’étagère, s’est aperçue que son opération avait été finalement plus coûteuse que prévue et s’est mise à faire tourner sur une table la bombe de peinture vide qui lui restait entre les mains. "Pendant deux heures, j’ai joué avec."


"UN PIED DE NEZ A LA SOCIÉTÉ DE CONSOMMATION"

Au bout du compte, une idée a germé : "j’ai voulu faire une lampe à partir de cette bombe". Et c’est ainsi qu’est né le concept de Concrètement Design. Vaea Dang a monté une entreprise d’upcycling faisant au passage "un pied de nez à la société de consommation".

L’upcycling, ou surcycling, consiste à récupérer des matériaux et produits qui ne servent plus pour les valoriser. "Ce qui est différent du recyclage", insiste Vaea Dang. Le recyclage étant un procédé de traitement qui remet un objet en circulation de production. "Il y en a qui font du shopping, moi je fais les poubelles, c’est incroyable ce qu’on y trouve."

Aujourd’hui, Vaea Dang a toujours des problèmes, mais elle passe à la résolution sans attendre. "Je ne me dis jamais, c’est impossible." Lorsqu’elle a une idée, elle agit même si elle n’a pas l’expérience ou la maitrise du matériau ou de l’outil.

Lorsqu’elle a fabriqué sa première lampe à partir d’une bombe de peinture, elle a contacté les artistes de streetart du territoire. "Chronos a été emballé, il m’a donné tout ce qu’il avait de vide, il a été très réceptif et ça m’a encouragé dans ma démarche".

Elle est passée ensuite à la fabrication de lampes grand modèle avec des pots de peinture plus volumineux. Elle a ausi le projet de fabriquer une table à partir d’un cadre de vélo. Elle progresse en fonction de ce qu’elle trouve et des idées qui poussent. Surtout elle travaille à son rythme.


RESPECT ET SOLIDARITE

Elle prône le slow design. "Un produit a besoin de temps pour voir le jour, cela permet une meilleure utilisation des ressources humaines et énergétiques." Vaea Dang s’inscrit dans une démarche de respect de l’environnement.

En parallèle, dans l’atelier qu’elle s’est aménagé au fond de la vallée de Hamuta, elle a lancé des stages d’upcycling pour les enfants (à partir de 10 ans). Elle en a fait trois avant de faire une pause. Elle était tellement absorbée par ses propres créations qu’elle n’était pas à 100% avec son public. Ce qui ne la satisfaisait pas. "Mais j’y reviendrai", assure-t-elle.

Elle a également installé une grande table, son "truck", au centre de l’atelier. "C’est un endroit à disposition pour qui en a besoin, les patentés qui ont besoin pour quelques heures d’une connexion internet." Pour en profiter, il n’y a ni réservation possible, ni engagement. Le tarif est attractif.

Avec Concrètement Design, elle imagine par ailleurs des projets solidaires. "J’aimerais créer des objets à partir de boîtes de conserve alimentaires. " Elle envisage d’acheter lesdites boîtes, de donner leur contenu à des associations et de les récupérer une fois vides pour les valoriser.

Elle devrait aussi, sous peu, se lancer dans la fabrication d’objets à partir d’une voile de bateau. Elle reversera une partie des bénéfices des ventes à la Saga. Vaea Dang a trouvé un autre chemin pour rendre service au public.



Christiane Restilli : de la pub à la fabrication de petit mobilier

Elle avait une agence de pub, mais l’a mise de côté pour donner du sens à sa vie. "La création dans le milieu de la publicité est de plus en plus morne, les clients de plus en plus frileux, j’étais suis de plus en plus déçue." Pour répondre à son besoin de créativité elle s’est mise à fabriquer du petit mobilier coloré à partir de caisses. Elle partage une partie de l’espace de l’atelier Concrètement Design.

Rédigé par Delphine Barrais le Lundi 22 Juillet 2019 à 17:23 | Lu 11849 fois