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Va’a – interview avec Jean-Louis Urima, le président d'Edt Va’a : ‘il faut adapter nos règles à la demande internationale’


Va’a – interview avec Jean-Louis Urima, le président d'Edt Va’a : ‘il faut adapter nos règles à la demande internationale’
Le 19 novembre 2014. Le 12 octobre dernier, Edt Va’a remportait la Moloka’i Hoe à Hawai’i en mettant un arrêt à la série de huit victoires de Shell Va’a. Début novembre, Edt Va’a récidivait pour gagner les 3 étapes d’Hawaiki Nui en réalisant ainsi le doublé historique des deux courses majeures du calendrier annuel des courses marathon de va’a en haute mer.
 
Jean Louis Urima est le président du club Edt Va’a qui organise sa course tous les deux ans, la Tahiti Nui Va’a qui aura lieu en mai 2015. Il a donné l’image d’un dirigeant de club ayant une vision globale de la discipline à long terme. Il prend la parole régulièrement, lors des réunions de clubs précédant les grandes courses, pour demander une adaptation des règles favorisant la venue des clubs étrangers.

Edouard Fritch, Jean Louis Urima, Tutu Maamaatua, René Temeharo
Edouard Fritch, Jean Louis Urima, Tutu Maamaatua, René Temeharo
Jean-Louis Urima en entretien exclusif avec Tahiti Infos :
 
Quelle était la clé de la victoire ?
 
« Je pense que la clé a été le travail quotidien que l’on a pas lâché, c’est aussi un travail de fond de 5-6 ans que l’on a mené au sein de l’équipe pour mettre en place des valeurs qui sont importantes pour moi : la cohésion, le sens du partage, la discipline, le respect, l’humilité… Mettre de jeunes ‘coachs’, Heiarii Mama et Tehira Roopinia, m’a permis de réussir un ‘mix’ entre deux générations, celle des 20 ans et celle des 26-30 ans. Ce n’était pas évident de réussir ce ‘mix’, les mentalités sont différentes. »
 
« Il y a les nouvelles technologies, les jeunes d’aujourd’hui sont très doués mais par contre un peu moins forts psychologiquement, c’est un peu normal car ils n’ont pas eu l’éducation ‘à l’ancienne’ qui était assez dure. C’est compréhensible, c’est en faisant ce ‘mix’ là qu’on a réussi ces résultats. Les autres ont peut être pêché de ce côté là. »
 
Vous avez distancé Shell de 13 secondes seulement à Moloka’i, la grande équipe est donc toujours là ?
 
« Oui, tout à fait. J’ai dit aux garçons avant la course, ‘on ne bat pas une équipe qui a gagné huit fois Moloka‘i en arrivant comme ça’. Cela allait être dur, très dur, on a été obligés d’aller chercher cette victoire là dans les tripes. Les garçons se sont très bien comportés, ils ont su se surpasser pour gagner cette course et ils ont continué sur la lancée en gagnant Hawaiki Nui avec 3 victoires d’étape, c’est un exploit assez rare, ce qui montre bien la cohésion que nous avons dans l’équipe. »
 
« J’avais constitué une 2ème équipe pour pallier à tout problème, pour la relève aussi. Stratégiquement, c’est très intéressant de travailler avec deux équipes, on l’a vu sur la Moloka’i comme à Hawaiki Nui où on avait pris deux caps différents. Beaucoup de clubs ont été désorientés par cela et se posaient des questions sur notre stratégie, notre tactique. »
 
« On a joué aussi la carte de la prudence en mettant 10 rameurs sur l’équipe 1, en faisant des changements de 4 rameurs sur chaque étape et cela a payé. Toutes ces stratégies ont été étudiées de longue date, sur différentes courses. On est pas arrivés par hasard. Ce sont des années de travail et de remise en cause en interne, beaucoup d’analyse de course. Je regarde les points forts, les points faibles, en regardant aussi beaucoup nos adversaires, Shell, Paddling et tout le reste dont on reste méfiant. On apprend beaucoup de ses adversaires et de ses propres erreurs en les corrigeant, comme on l’a fait cette année. »
 
Tu as toujours été très impliqué sur la problématique des clubs étrangers participants, sur la nécessité de faire évoluer certaines règles notamment, maintenant que ‘tu as gagné’ penses-tu être davantage écouté ?
 
« J’espère bien. Effectivement cela a toujours été un vœu pour moi. J’ai vécu cela dans le football. On s’est retrouvé avec 10-15 clubs alors qu’on était 30. On a tué nous mêmes ce sport en Polynésie. Je ne voudrais pas voir cela dans le va’a. On peut travailler avec les clubs étrangers en ayant une ouverture d’esprit, en adaptant nos règles par rapport à leurs demandes. Beaucoup de clubs veulent venir de l’extérieur mais on reste cantonnés sur nos positions, on ne veut pas regarder vers l’avenir. Il est grand temps de se mettre autour d’une table et de s’occuper de ça. On parle d’international, alors je verrais bien une vingtaine d’équipes étrangères participantes, quand on arrivera à ce stade là, alors ce sera gagné. »
 
« On parle de Moloka’i comme d’une course prestigieuse. Cette année il y a eu 120 clubs dont 40 clubs étrangers, pour 6 seulement cette année à Hawaiki Nui, dont deux provenant de France. C’est malheureux, car il y a tant de clubs qui souhaiteraient venir mais on ‘leur en empêche’ pratiquement. C’est dommage d’en rester là car on a la plus belle course au monde. Il faut qu’on la fasse prospérer, la promouvoir dans le monde un peu partout et drainer tous ces passionnés de va’a. Il faut leur donner la chance de venir ici. Certains viennent pour la compétition, d’autres pour le dépassement de soi. Ils sont parfois plus âgés et ont les moyens de venir ici, de dépenser, de faire tourner notre tourisme, notre économie. » SB

Rédigé par SB le Mercredi 19 Novembre 2014 à 12:15 | Lu 781 fois